Distraction

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-Vous pouvez prendre ce tabouret.

Je lui tends le siège, en évitant de croiser son regard.

-Merci, dit-il en l'attrapant.

Je suis incapable de lui fournir une réponse. Aucun mot ne s'évapore de mes lèvres car il me rend timide. Je ne le suis habituellement pas.

Je commence à fouiller dans les tiroirs de la cuisine pour trouver le matériel nécessaire.

-Tu n'as pas à te sentir si mal, me rassure Adam.

-Je ne voulais vraiment pas vous arroser avec du vin, je m'excuse.

-Tu n'es pas obligé de me vouvoyer. Nous sommes de la même famille maintenant.

Je me crispe, gênée par cette phrase. "Nous sommes de la même famille". Avec plus de volonté, j'accentue ma recherche parmi les tiroirs. Il ne doit pas s'apercevoir du malaise qui me ronge.
Un long silence s'installe dans la cuisine. Un silence étouffant. Je lance alors un sujet de conversation:

-Vous faites quoi dans la vie?

Ma voix reprend son timbre habituel. Elle est plus forte, plus assurée.

-Enfin, je veux dire, tu fais quoi dans la vie? Comme métier?

J'ouvre le dernier tiroir, et je trouve le savon. Ma mère loue cet objet magique à chaque repas de famille et fait l'admiration de ses copines et voisines femmes au foyer. Ce savon permet de nettoyer toutes les tâches, "Même celles invisibles!" dixit Anne Higan.

Je me retourne et lit un sourire en coin sur les lèvres d'Adam. Il est encore plus séduisant avec ce fichu sourire.

-Ça m'étonne que Jace ne te l'ai déjà pas dit, s'amuse-t-il.

-Elle m'a raconté tellement de chose sur ton compte. Je ne me souviens plus de rien.

Je prends une chaise et me positionne en face de lui. 

-Je suis sûr que si, me répond-il.

-Et moi je suis sûre que non. 

J'arrive à lui répondre vivement, c'est un bon début. Je commence doucement à me réveiller.

-Je suis architecte. J'ai un cabinet avec Gabriel, mon associé.

Sa voix est grave et particulièrement envoûtante. Pour me canaliser, je tends ma main vers son torse. Sans réfléchir, je prends les devants. J'écrase la pierre sur sa chemise au lieu de simplement la lui donner pour qu'il se débrouille seul.

-Hum, tu peux y aller plus doucement?

Mes doigts blanchissent à cause de la force de mon geste. Stressée, j'adoucis mon mouvement.

-Je ne sais pas, tu soutiens quand même Liverpool, je le taquine.

Adam rigole franchement. Je sens son corps, et plus particulièrement ses abdominaux bouger sous mes doigts.

-Je ne pensais pas que tu allais attaquer de si tôt, rit-il. Jace m'avait pourtant prévenu.

-Elle a bien fait. Je ne fais pas de cadeau au personne qui ne soutienne pas les Red Devils.

-Le vin sur ma chemise était donc prévu?

-En partie. J'élimine mes ennemis un à un.

Il rit une nouvelle fois et mon cœur se réchauffe. 

-Liverpool a un très bon jeu, se défend-il.

-Pas aussi bon que Manchester.

-Manchester a perdu le dernier match...

Il Était TempsWhere stories live. Discover now