Les chroniques spirites

L'ombre de Brocéliande

Ma grand mère paternelle , étant originaire de Bretagne, mon père fut contraint d'entreprendre un périple au cœur de la région légendaire de Brocéliande afin de régler les détails de succession d'un bien dont il était cohéritier . Il fut décidé que ma mère et moi même âgé de 2 ans et demi serions également du voyage .

Après de longues heures de trajet nous arrivâmes enfin à l'hôtel pittoresque où nous devions séjourner .C'était un ancien manoir familial entouré d'un parc arboré assez lugubre. Il était déjà tard, et notre petite famille s'installa dans la chambre au décor désuet du deuxième étage.A peine couché,tout le monde s'endormit d'un sommeil de plomb.

La nuit était déjà bien installée , quand une sensation étrange m'éveilla. A travers la fenêtre, la lune gibbeuse éclairait l'alcôve de mon lit de ses rayons blafards.J'entendis comme un bruit sourd contre la fenêtre. Je regardais les arbres sombres qui ondulaient sous le souffle du vent quand soudain venant de nulle part une ombre mystérieuse s'élança de la cime d'un chêne centenaire.Elle tournoya sur elle-même,puis s'avança en silence .La forme étrange semblait m'observer à travers la vitre.Elle disparut d'un coup puis soudain réapparut aussi bizarrement. Je n'osais pas bouger d'un millimètre et je retenais mon souffle car je ne savais que penser. J'étais à la fois fascinée et intriguée par cette chose mystérieuse qui semblait vivante .Et en même temps j'avais l'impression que cette ombre m'appelait .C'était un appel silencieux, d'âme à âme et je ne pouvais y résister.

Sans faire de bruit , je me glissais hors de la chaleur du lit ,car elle m'intimait l'ordre de me rapprocher de la fenêtre. Je ressentais une force invisible me tirer fermement pour que j'avance plus rapidement. Frissonnante, pieds nus sur le sol frais, j'allais à sa rencontre .

Le nez collé à la vitre que j'embuais par mon souffle, je la vis danser à lueur de la lune au pied du chêne géant qui avait été le théâtre de son apparition . Je distinguais une silhouette enfantine, la fillette fantomatique me fit signe afin de m'inviter à la rejoindre dans son jeu nocturne. Je m'apprêtais à le faire mais l'instinct maternel avait réveillé ma mère qui se leva et me recoucha en me réprimandant. Il n'était pas l'heure de faire la pantomime et je devais dormir .Elle m'interdit de prêter attention à cette entité.

L'ombre continua encore son manège pour essayer de m'attirer de nouveau à elle mais je me cachais sous la couverture et l'ignorais.

Le lendemain j'insistais néanmoins pour aller voir le lieu où j'avais vu ma petite danseuse vaporeuse. Au pied de l'arbre se trouvait un cairn ainsi qu'une pierre tombale en partie recouverte par la végétation avec pour seule inscription encore lisible « De Profundis ».Cependant l'herbe autour de cette étrange sépulture était aplatie ...