Aurora [Matoine]

III. Première tentative

« Je connais Aurora, mon ami est parti là-bas depuis trois ans! s'écria Alya. »

Antoine et Mathieu manquèrent de s'étouffer. Personne n'avait réussi à atteindre Aurora!
Après cette révélation, Alya avait rougi et baissé la tête.

– Vraiment? Demanda Antoine.

– Oui, c'est à cause de ça que j'ai fait trois ans de prison... murmura l'adolescente.

Mathieu ouvrit grands les yeux et désigna l'innocente fille devant lui. Elle avait fait de la prison?

– Oui, j'ai tenté de m'enfuir de Liphyx avec mon ami Epik, mais lui seul a pu passer la frontière du Centre. Les gardes m'ont attrapée, et j'ai été emprisonnée pendant trois ans pour "Tentative de fuite majeure". Et j'ai été libérée en même temps qu'Antoine.

– Tu savais pourquoi elle était en prison, toi? demanda Mathieu à son ami.

Il nia.

– Non, Alya ne me l'avait jamais dit. On était des "potes de prison", c'est tout... n'est-ce-pas Aly'?

– C'est vrai. Je ne lui avais jamais dit.

– Quel âge as-tu? demanda soudainement Mathieu à Alya.

– Tout juste 19 ans, pourquoi?

– Vous êtes sortis de prison il y a six mois. Alya a fait trois années de prison. Tu es entrée en prison à l'âge de quinze ans? constata le petit steampunk, ébahi.

– Yep'. confirma la jeune fille. A cet âge-là, on rêve de liberté... Epik avait seize ans à l'époque...

– Woah... et... et ta famille?

L'interrogée haussa les épaules mais désigna son oeil.

– En prison, j'ai commencé à devenir borgne. Les médecins m'ont enlevé ma pupille et l'ont remplacée par un rouage, au cas-où tu te demandais ce que j'avais. Mais maintenant, je vois parfaitement.

Tant de révélations d'un coup avaient achevé Mathieu.

– Et pourquoi Epik n'a pas prévenu les secours à Aurora?

– Aucune idée. Je sais juste qu'il avait des problèmes de mémoire... peut-être a-t-il oublié...?

– Mouais, là, ce ne sont plus des problèmes de mémoire, il est carrément con...

– Mathieu! s'écria Antoine.

L'interpellé marmonna des choses incompréhensibles puis se tut.

– Bon... on veut tous s'échapper d'ici, n'est-ce pas? redemanda Antoine.

Les deux acquiescèrent. Le trio passa alors le reste de la journée à monter des plans, à imaginer diverses techniques pour fuir Liphyx. Ils en avaient même oublié le plan du dirigeable qu'avait tracé Antoine, que tous trois avaient jugé "irréalisable". La solution de s'enfuir par les airs était la seule qui était valable, mais plusieurs facteurs les empêchaient de construire une machine dans l'immédiat: tout d'abord, le vent puissant qui passait dans le détroit de Liphyx, un vent froid, imprécis et dangereux, que les Liphyxiens nommaient "le Lyph". Ensuite, la protection du Centre. Les gardes descendaient tout ce qui volait au-dessus de leurs têtes et qui n'appartenaient pas au Dictateur.
C'était pour cela que les avions étaient une solution peu envisageable et que les deltaplanes n'étaient pas sûrs non plus.