Chapitre 2

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Qu'importe, ça me changerait. Ce devait être une infirmière qui aurait dû s'en charger, mais ce qui est fait n'est plus à faire, alors allons-y.

Je lus les informations mentionnées sur la fiche et commençai à préparer le nécessaire. Il arrivait que malgré toute leur bonne volonté, des donneurs ne supportent pas la vue de leur propre sang, j'espérais qu'elle ne fut pas de ceux-là sinon j'allais une fois de plus laisser un souvenir impérissable sur mon passage. Voilà pour ma postérité me diriez-vous. Il y a mieux tout de même.

J'approchai et lui posai les questions d'usage qui même si ce n'était pas le but devaient ressembler à un mini interrogatoire.

– Vous n'êtes pas venue à jeun ? Sinon tout à l'air correct sur votre dossier. Votre poignet, fis-je, la main vers elle afin de prendre son pouls. Levez votre manche, je dois vérifier votre tension.

J'arrivai avec l'instrument de torture puis le plaçai autour de son bras tout en gardant un œil sur le tensiomètre. De tous les appareils médicaux, c'était encore celui que je redoutais le plus lorsque j'étais gamin. Et je remarquais bien souvent à la mine des patients sur lesquels je devais l'utiliser, cette même grimace d'impatience que je devais avoir, à souhaiter que cela cesse au plus vite. Oui, nous, médecins, sommes de grands sadiques, vous ne saviez pas ?

– C'est bon ici aussi. Rien d'anormal ces derniers temps ? Contact avec un virus ou autres joyeusetés ? demandai-je tout en préparant les tubes d'échantillons, mais également la seringue.

Elle m'assura que non, tout en tirant ses les manches déjà trop longues de son gilet et scrutant la salle d'examen d'un air inquiet.

– Tout va bien ? On peut y aller ?

Après avoir désinfecté localement, je repérai l'endroit où devrait se situer la veine, tapotai comme il était coutume de faire afin qu'elle s'exhibe et vint à piquer.

En général, lorsqu'un patient était anxieux, il tentait de faire la conversation pour passer outre. Cela ne manqua pas cette fois non plus.

– Je viens régulièrement ici.

– C'est bien.

– Mais... je me demandais. Est-ce vrai ce que l'on raconte ?

J'ôtai le premier tube et le remplaçai par un second. Prenant tout de même garde à ne pas être brusque et sans pour autant m'attarder plus que nécessaire.

– Ce que l'on raconte sur quoi ? demandai-je en soufflant par le nez puisqu'elle ne se décidait pas à continuer par elle-même.

– Vous savez... le sang... On dit qu'il est distribué à des... Que le gouvernement est au courant.

Je la fixai droit dans les yeux au risque de lui faire regretter sa question. Elle venait effectivement de toucher à un sujet sensible dont les rumeurs étaient devenues une réalité. Les journaux télévisés et autres réseaux de communication se chargeant d'en faire la une avec une telle légèreté que cela me donnait la nausée. Comme s'il s'agissait de la couleur du string porté par Lady Boobs à son dernier concert ou des amourettes d'une starlette quelconque.

– Je vous assure que si j'apprenais que la moindre goutte est distribuée à ces monstres, je le ficherais moi-même dans les chiottes. Ça vous convient comme ça ?

Elle esquissa un léger sourire bien que surprise par mes mots. Cela faisait souvent cet effet-là. Ce médecin ! Quel grossier personnage tout de même ! Oui, mais il a sauvé quelques fesses cette semaine, alors on lui pardonne.

Je terminai donc, appliquai le petit pansement de circonstance dans le creux de son bras et lui proposai de s'allonger quelques minutes avant de repartir.

– Vous pensez que c'est vrai tout cela ? Qu'ils existent réellement ?

– Dans ce cas, cela signifierait que Londres se transforme peu à peu en une zone de chasse à l'homme non ? Alors si vous pensez que c'est vrai, si j'étais vous, sincèrement, je me tirerais loin d'ici.

Au fond, c'était encore la meilleure solution face à ce fléau. Car oui, c'était la réalité. Il y avait bien des vampires à Londres.

Docteur GrayWhere stories live. Discover now