Prologue

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- ...paresseuse, criss, ton père pis moé on fait TOUTE pour toé, pis tu restes amanché là comme rien pentoute, à r'garder ton écran... 

Abigail restait là, les yeux dans le vide, à tâcher d'éviter de regarder sa belle-mère et son horrible bouche qui mâchait depuis le matin le même chewing-comme qui était maintenant une chose quasi-décomposée. Cette chose  grumeleuse et à peine identifiable avait changée de couleur pour un horrible gris au contact des dix cigarettes qu'elle avait fumé plus tôt lui donnant envie de vomir. 

À un certain moment elle arrêta de gesticuler, et la regarda, comme si elle attendait une réponse, les mains sur ses hanches squelettiques. 

-Je vais acheter du lait, répondit tout simplement la jeune fille. 

Elle se leva et sorti du minuscule appartement, laissant sa belle-mère et l'animateur hurler dans le vide.  

Quelques temps plus tard, elle poussa la porte du dépanneur, qui s'ouvrit dans un tintement métallique. Baillant d'ennui, elle passa plus de vingt minutes à observer les contenant de carton. Un raclement de gorge guttural la sortit finalement de ses pensées.

- Désirez-vous quelque chose, mademoiselle? demanda dans un accent asiatique le commerçant.

La jeune fille le regarda fixement un long moment avant d'ouvrir la bouche.

- Une nouvelle belle-mère... ça serait apprécié. 

Le commerçant déglutit mal à l'aise mais retourna à ses comptes en voyant qu'elle n'attendait pas de réponse. 

Elle soupira et attrapa un litre de lait, le même qu'ils prenaient toujours. Elle paya en petite monnaie vérifiant si le montant était exact plus de cinq fois. Puis, malgré tous ses efforts, elle sortit du dépanneur, se retrouvant dans le passage achalandé de la galerie marchande. 

Ça s'est passé vite. À peine avait-elle fait quelques pas à l'extérieur du petit magasin, une grosse masse la bouscula brusquement. Un cri retentissait au loin derrière, et semblait s'approcher. Abigail, perturbée par l'homme -car c'était un homme- qui l'avait accroché si violemment sans même s'être excusé, s'était arrêté et observait la scène. L'homme se tenait devant elle, le visage semblant déformé par l'adrénaline. Il était frêle, et regardait anxieusement au loin, comme s'il craignait qu'un loup lui saute dessus. Abigail se retourna rapidement, et perçu alors un autre homme courir en sa direction en criant avec hystérie, se rapprochant dangereusement vite d'elle. En une fraction de seconde, elle tomba sur le sol, comme poussée par quelque chose.

-Tiens, Joe, lui dit une voix grave et tremblante. 

Tous les passants la dévisageait. L'homme en face d'elle s'était évaporé, et elle s'était retrouvé immobilisée par terre, un sac noir lui écrasant la poitrine. Puis, une grosse main moite lui saisit le poignet avec animosité, la remettant sur ses deux pieds. 

Joe? C'était qui ça, "Joe"? Et surtout, pourquoi un inconnu s'en prenait ainsi à elle? Plus tard, elle comprit. On l'avait utilisé pour couvrir un vol. L'homme avait réussit à faire croire au commerçant victime du vol qu'elle était témoin, et ça avait fonctionné. Même le  latino du dépanneur avait prétendu ne jamais avoir croisé Abigail, ce qui était faux, évidemment. Abigail, ou "Joe", était maintenant accusée de vol. 

-Monsieur, sans vouloir vous offenser, ça fait aucun sens! J'ai quand même pas tant l'air d'un gars que ça... Le voleur ne me connaissait clairement pas! Il m'a utilisé. Franchement, vous êtes pas si cave que ça. 

-Écoutez, mademoiselle. 

Il avait fait attention de mettre 


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