Chapitre 8

772 70 10
                                    

Je sonnai à la porte, anxieuse, me demandant encore ce que je faisais là.

Tu essayes de leur prouver que tu es quelqu'un de normal... Que tu mérites les mêmes droits que les autres.

J'entendis la porte s'ouvrir et la voix de Josh parvenir jusqu'à mes oreilles.

- Entre, Kira.

Mal à l'aise, je le suivis, désorientée par les vibrations d'une musique électro bien trop forte et une foule que je devinai trop dense.

Je ne suis pas à ma place ici.

Marchant lentement en gardant la tête basse, je me servis de ma canne blanche pour m'orienter : je ne l'utilisais presque jamais, seulement dans des endroits inconnus ou lorsqu'il y avait du monde.

J'étais une fois de plus mise à l'écart, personne ne se risquant à me parler : j'avais l'habitude bien sûr, mais c'était comme si ma cécité pouvait se transmettre par un simple toucher.

Un verre de punch dans la main, je me trouvai un coin tranquille dans ce que je pensais être une cuisine.

Pourquoi ai-je bêtement cru qu'une fête allait tout changer ?

Une main se posa sur mon épaule, me faisant sursauter.

- Alors, tu t'amuses ?

C'était la voix de Josh, différente de d'habitude : les syllabes semblaient moins articulées et son haleine empestait l'alcool.

Il a bu. Beaucoup bu.

- Non. -Répondis-je sèchement en me décalant d'un pas afin d'éviter qu'il me touche.

Où étaient les autres ?

- Tu es toujours toute seule dis donc ! Une vraie solitaire n'est-ce pas ?

- Je n'ai pas choisi d'être rejetée.

- Non ? Anna dit que tu fais semblant d'être aveugle, c'est vrai ?

- Je suis aveugle.

- C'est bien ce que pensais.

Cette conversation me mettait mal à l'aise : j'attendis désespérément que quelqu'un vienne, que Josh me laisse.

- Je vais partir. -Annonçai-je en faisant un pas vers la gauche.

- Pourquoi ? Reste encore un peu.

Je tentai de faire abstraction à la peur qui naissait au creux de mon ventre et me montrai aussi ferme que possible.

- Je dois rentrer, c'est tout.

Je le sentis se rapprocher, son odeur de bière envahissant mes sens.

- Non.

Je sentis mon sang se glacer.

- Comment ça "non" ?

- Tu ne partiras pas tout de suite.

Je le sentis me pousser contre un mur, et pus presque voir son sourire que je devinais vicieux.

Ne panique pas... Il essaye de te faire peur.

- Tu sais, tu as toujours eu quelque chose qui m'a plu, à la minute où je t'ai vue : tu es belle. Tu n'es pas comme ces autres nanas qui en ont conscience et en jouent, non. Toi, tu ne peux pas voir ton reflet dans la glace. Je me suis toujours demander à quoi tu ressemblerais sans ces couches de vêtements.
Mes yeux s'écarquillèrent sous le choc et mon souffle s'accéléra.

La Face Cachée de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant