Le passé

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Le lendemain matin, je me réveillais dans l'immense lit aux draps de soie de Bryan. Pour la première fois depuis longtemps, je souriais sans avoir à me forcer le moins du monde, j'étais tout simplement heureuse, je n'avais pas à faire semblant et cela faisait du bien, jouer la comédie commençait à devenir épuisant. Bryan souriait lui aussi, mais dans ses yeux il y avait comme une pointe de douleur, de tristesse.

« - Enfin réveillée ? Se moqua-t-il gentiment.

- Je n'ai jamais dormis dans un lit aussi confortable. Répondis-je tout en m'étirant.

- Je vois ça.... Ton portable n'a pas arrêté de sonner... Ne m'en veut pas, mais j'ai finit par regarder qui te harcelait autant et aussi, j'avoue que ça m'agaçait de l'entendre. C'était ta mère... Elle à l'air folle d'inquiétude....

- Oh oui.... Je n'avais pas prévu de passer la nuit ici avec toi, j'étais telle­ment fati­guée que je me suis endormie. Je vais lui envoyer un message avant qu'elle ne se décide à appeler le FBI. Ironisais-je. »

Ce n'était même pas la peine de mentir, elle avait déjà dû appeler chez mes amis pour savoir si j'étais avec elle, je lui marquais simplement que j'étais désolée mais que je m'étais endormie chez Bryan, qu'il ne fallait pas qu'elle s'inquiète que je rentrerais bientôt à la mai­son. Le message envoyé, je reportais toute mon attention sur Bryan, voyant que je le fixais, il me dit :

« - Avant que tu ne prennes ta décision pour m'aider dans le com­bat contre San­tana, j'aimerais que tu écoutes mon histoire et les raisons qui font que je suis du côtés du mal.

Je suis né, il y a 19 ans, mais je suis mort à l'âge de 17 ans. Lors­que l'on meurt on garde notre âge, on ne vieillit plus.

J'étais fils unique. J'habitais dans une petite ville aux Texas avec mes parents. Ma mère ne travaillait pas, elle restait à la maison pour s'occuper de moi et des tâches ménagères. Elle refusait de laisser mon éducation à une nourrice, à une étrangère. Mon père, lui, était ou­vrier dans une ferme au village voisin. On était une famille heureuse. On n'était pas riche c'est vrai mais l'on n'était pas pauvre non plus. On savait se contenter du minimum. A l'âge de 7 ans, mon père s'est fait licencier pour raison écono­mique, il n'avait aucun di­plôme, et son âge avancé n'a rien arrangé, il n'a jamais réussit à retrouver du travail, les patrons préfé­raient donner la chance à de jeunes gens tout fraîchement sortis de l'école ou à des personnes plus qualifiées et c'est compréhensi­ble. Mais cela a entraîné des disputes entre mes parents, ils es­sayaient de faire bonne figure lorsque je me trouvais dans les parages mais ils n'étaient pas très convaincants. Pour éviter ces engueulades, mon père finit par se réfugier dans l'alcool et la drogue. On croulait sous les dettes, factures impayées, crédits à la banque qu'on ne pourrait jamais rembourser et voilà qu'il en rajoutait en devant beaucoup d'argent au plus gros dealer du Texas.... Un soir, ma mère était en train de me raconter une histoire pour m'endormir, quand tout à coup on enten­dit quelqu'un défoncer la porte d'entrée et hurler sur mon père. Ma mère ayant peur pour moi, m'ordonna de me cacher sous la trappe qui se trouvait en des­sous de mon lit. Cette trappe avait été construite par mon père pour y cacher prin­cipalement les objets de valeur, mais j'étais assez petit pour tenir dedans. J'aurais aimé que ma mère vienne se cacher avec moi, mais je savais très bien qu'il n'y avait pas de place pour nous deux. Elle me regarda dans les yeux, m'embrassa sur le front et referma la trappe. J'entendis à ses pas qu'elle allait rejoindre mon père dans la cuisine, je suppose qu'elle pensait qu'elle arriverait à calmer le jeu.... Un coup de feu retentit et j'entendis ma mère hurler de tris­tesse, elle était devenue comme hys­térique, je n'avais jamais rien entendu d'aussi déchirant. Je ne savais pas quoi faire, rester dans ma cachette comme elle me l'avait dit ou sortir et aller la rejoindre. Je ne savais pas ce qu'il se pas­sait, mais j'étais terro­risé.... Un deuxième coup de feu retentit et je n'entendis plus les cris de ma mère, mais seulement la voix d'un homme dire « viens on se tire d'ici ». Je ne pouvais affirmer ce qui me tétanisait le plus, ces coup de feu ou ce silence inquiétant. Je finis par me décider à sortir de cette trappe et courut jusqu'à la cuisine. Ce que j'y vis me glaça le sang. Mes parents étaient allongés baignant dans leurs sangs avec chacun un trou dans la poitrine. On pouvait encore y voir dans les yeux de ma mère, la terreur qu'elle avait éprouvée avant que l'on lui tire dessus. Quelqu'un dans le voisinage avait dû entendre les coups de feu et avait dû prévenir la po­lice, car ils arrivè­rent sur les lieux quinze minutes plus tard, me trouvant à genoux près du corps de ma mère pleurant toutes les larmes de mon corps. J'étais trop sous le choc pour leur dire quoi que ce soit, ou pour répondre à leurs stupi­des questions. Cela ne pouvait pas être vrai.... Ce ne devait être qu'un terrible cauchemar, et je me réveillerais demain ma­tin et prendrait comme d'habitude le petit-déjeuner en compagnie de mes parents. Mais hélas, ce n'était pas un cauchemar, c'était la terrible réalité.

Un amour d'enferWhere stories live. Discover now