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Ces trois dernières semaines, je fus dans un état second, une sorte de... Comment expliquer ça?


Je ne m'étais jamais senti aussi mal. Même lorsque mes parents disaient se foutre éperdument de moi et de mes soeurs alors que je n'étais qu'un gamin et qu'elles avaient à peine trois ans, même lorsque j'ai commencé à me perdre dans mes objectifs et mes envies; jamais je ne m'étais senti mal. Ou du moins, pas avec une telle violence.

Pour la première fois depuis ce qui me paraissait l'éternité, mise à part Namie, mon employée,  personne ne m'avait vu depuis cette nuit — et ça me convenait incroyablement bien. Je ne voulais voir personne. 

Elle m'apportait trois repas par jour, que je mangeais ou vomissais — selon mon état de sobriété — elle frappait à la porte et j'attendais d'entendre ses pas dans l'escalier pour les prendre. Les seules fois où elle m'a croisé fut les fois où je n'avais plus d'alcool et où j'étais obligé de descendre chercher des bouteilles dans la cuisine. Je la voyais alors, me lançant des petits regards nerveux derrière un ordinateur posé sur ses genoux. Puis je remontais et je me remettais à boire.

Ce mode de vie me convenait très bien, mais ce n'était pas vraiment l'avis de cette sorcière qui me servait de secrétaire. Un midi, comme d'habitude, elle frappa à ma porte. Je tendis l'oreille, m'attendant à ce qu'elle s'éloigne comme toujours. Mais elle resta sur le pallier. Je l'entendis toussoter avant de demander: 



- Est-ce que je peux rentrer? 

- Nan, répondis-je de ma voix brisée.


 Elle poussa la porte. La jeune femme eut un court moment de stupéfaction devant le bordel ambiant, détaillant bouteilles au sol, livres délaissés à des endroits improbables, rideaux tachés et fermés; pour finir par moi, point central de ce décor répugnant, un débris décoiffé, mal habillé et puant l'alcool à des kilomètres à la ronde. Elle prit une grande inspiration (qui lui tira une grimace, faute à l'odeur de renfermé):


 - Un de vos client a appelé. Il souhaite savoir si... 

- Dis-lui d'aller se faire foutre. 

Silence. Elle replaça une mèche de ses longs cheveux bruns derrière son oreille.

- Je pense qu'il serait plus... 

- T'inquiète pas pour ta paye. J'ai de l'argent, bien assez pour moi, pour toi, et pour les trois générations futures de gosses que j'aurais jamais. 

 - Je sais. Je sais. 


Elle me foudroya du regard.

- Orihara-san, vous comptez faire quelque chose de votre journée? 

- Boire un coup. Me rendormir. 

D'un ton franchement agacé, elle dit: 

- Il n'y a plus d'alcool. Et ne comptez pas sur moi pour aller vous en acheter. 


Elle claqua la porte.

Je savais que j'aurai dû être plus sympa avec elle. Après tout, le jour où j'avais "discuté" avec Anri et où j'avais "aidé" Shizuo, lorsqu'elle m'avait retrouvé dans la rue, à même le sol, elle m'a plus ou moins sauvé la vie. Je n'ai que de très vagues souvenirs de ce qui s'est passé, mais je me souviens qu'elle m'a retrouvé secoué de sanglots hystériques alors que mes mains étaient entrain de devenir bleuâtres à cause de la température. En gros, pas dans la position qui me mettait le plus à mon avantage. Elle m'a ensuite ramené chez moi, suite à quoi je n'avais jamais reposé un pied dehors. 

PossessionWhere stories live. Discover now