CHAPITRE 2 : UNE AIDE INATTENDUE?

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Je n'ai pas le cœur à retourner dans le bâtiment pour finir ma journée. Je n'aurais pas la force de supporter leurs visages déformés par le rire. Alors que je me dirige vers le chemin, une main m'agrippe le bras. Je me retourne, énervée, et vois le visage d'Anna. Elle a dû sentir mon agressivité lorsque je me suis retournée d'un mouvement aussi rapide.

Nous sommes face à face et elle n'ose pas prendre la parole. Je suis dans tous mes états, partagée entre la colère contre Anna qui n'a pas réagi à ce que les autres m'ont fait, mais j'ai aussi un irrépressible besoin d'être consolée.

« -Iris je... » Finit-elle par lâcher

Elle semble désolée et désemparée devant moi qui je l'imagine ne ressemble plus à grand-chose. Je passe ma main sur mon visage et m'aperçois que mon mascara a coulé. Elle ne dit rien d'autre. Je vois qu'elle réfléchit mais aucun son ne sort de sa bouche. C'est moi qui brise le silence et qui suis emportée par un élan de colère.

« -Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu ne devrais pas être avec tous tes amis qui prennent plaisir à rire de moi? » Lancé-je avec un regard mauvais.

« -Je voulais voir comment tu allais... Je ne veux pas qu'ils te fassent du mal...

-Tu devrais y aller avant d'être en retard » Dis-je d'un ton sec.

L'air désolée, elle part sans dire un mot. Elle a été surprise de mon ton qui d'habitude est gentil et timide.

Lorsque j'ouvre la porte d'entrée de chez moi, un long soupir de soulagement m'échappe, me voilà à l'abri de toutes ces moqueries. Ma mère, qui est en congé ce jour-là est surprise de me voir. En voyant mon air dépité je lui explique tout et je m'effondre en larmes lorsqu'elle me prend dans ses bras. Elle m'autorise à rester à la maison aujourd'hui mais m'explique doucement que je devrais faire face demain pour retourner au lycée.

Dans l'après-midi, elle part faire des courses. Seule à la maison, j'en profite pour me mettre devant une bonne série sous une couverture avec un paquet de bonbons. Rien de tel pour se réchauffer le cœur. A cet instant, je parviens à oublier un peu à m'apaiser de ma matinée bouleversante.

Je me suis réveillée en fin d'après-midi, couverte de sueur par un cauchemar, mon esprit avait recrée la scène de ce matin. Haletante, j'ai repris mon souffle, saccadé par le stress.

J'ai laissé mon téléphone sur mon bureau éteint pour ne plus avoir à lire ces atrocités sur moi en rentrant et ce n'est que ce soir que je décide de le rallumer.

5 messages d'Anna et un appel en absence, et... 200 notifications sur Facebook ! Intriguée, j'allume l'application qui a du mal à charger toutes ces notifications. En dessous de la vidéo, il y a des messages moqueurs mais aussi des messages de soutien à mon égard. Je ne peux m'empêcher de retenir un sourire. Il reste donc des personnes assez intelligentes pour ne pas rire d'une scène de harcèlement dans un métro. Tout à coup, mon portable vibre et je vois une bulle de conversation s'afficher en haut de mon écran. C'est un garçon qui s'appelle Mathieu et je me rappelle de son commentaire de soutien sous la vidéo. Sur sa photo de profil, je vois un jeune homme souriant, qui a l'air heureux. Il a des cheveux bruns et des yeux couleur noisette. Il porte une chemise bleue et se trouve une plage, c'est certainement une photo de vacances. En tout cas, il semble être épris de bonheur, c'est la chose la plus frappante lorsqu'on le regarde.

Mathieu : Salut. Désolé pour ce qui t'es arrivé. J'ai signalé la vidéo, elle devrait être supprimée ;)

Je commence à taper sur mon clavier tactile pour répondre mais je vois qu'il ajoute plusieurs autres personnes à la conversation.

Il ajoute une certaine Mélodie, une Clélia, et un Romain. Je vois que plusieurs d'entre eux sont en train d'écrire et je n'ose rien dire, étonnée par cette conversation. « -Pourquoi est-ce qu'ils viennent me parler alors que je ne les connais pas ? » Dis-je tout haut.

Clélia : Merci Mat'. Salut Iris, on a vu ce qu'ils t'ont fait. Il n'y a rien de drôle dans cette vidéo.

Romain : Oui, c'est clair, ils veulent juste t'intimider.

Mélodie : Ne les laisse pas te rabaisser plus bas que terre, ils ne sont pas intéressants.

Romain : Si nous te parlons, c'est qu'il y a une bonne raison. J'imagine que tout ça te paraît un peu bizarre mais lis jusqu'au bout. Nous sommes un groupe de jeunes qui s'est formé au fil du temps. Nous avons tous les quatre été harcelés, montrés du doigt et moqués, que ce soit au lycée ou au collège. Nous étions comme toi, incapables de réagir et de dire stop.

« Non mais pour qui il se prend celui-là ? Quel culot quand même ! Il ne me connaît pas et il me caractérise directement dans la case des pauvres victimes ? » Me dis-je

J'écris une réponse piquante quand un nouveau message s'affiche.

Clélia : Un jour, je me suis défendue, lassée d'essuyer mes larmes chaque soir et de me renfermer sur moi-même. Je n'étais bien que lorsque ma porte d'entrée se refermait. J'étais soumise on bon vouloir des autres qui avaient cette faculté de rire de moi sans cesse. Et le pire, c'est que je ne disais rien, je subissais...

Mathieu : Iris écoute, je crois que ce serait plus simple si nous pouvions nous rencontrer, et ne pas parler sur une conversation virtuelle. Je pense que tu ne comprends pas tout et nous aimerions vraiment t'aider à te sortir de cette situation insupportable...

Je me décide enfin à leur répondre, un peu chamboulée.

Iris Salti : On ne se connaît pas. Vous sortez de nulle part en me parlant de moi comme si vous pensiez me connaître. Mais c'est faux ! Vous ne me connaissez pas, laissez moi tranquille et je ne veux pas de vos conseils !

Je ne veux pas que des étrangers viennent me parler comme cela. Cela ne pourrait qu'aggraver la situation, s'il est possible de l'aggraver plus....

Je me suis mise au lit, pensive, et perturbée par ces messages. Je reste éveillée de longues minutes durant, et je ne m'endors que bien plus tard dans la nuit, à l'heure où tout le monde est dans les bras de Morphée.

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⏰ Last updated: Apr 24, 2016 ⏰

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