Sur le métal sombre, le crâne de verre est posé: c'est une vasque pleine de noir liquide.
L'air ombrageux est saturé d'un violet lourd, et cette épaisseur sucrée envahie ta perception; ses particules volatiles et capiteuses sont celles d'un poison. Les volutes forment des moires, à tes yeux alourdies; leurs masques changeant t'oppressent, et tes paupières cendrées s'abaissent, rejetant la confusion. Tes cils qui battent l'air cassent l'éclat persistant de tes iris ambrés, et les débris éclatant se dispersent dans une lenteur imposante.
Puis la fumée en suspension accélère ses rotations autour; le monde tangue d'un coup, tout bascule: le crâne est brisé.
Tu as la sensation de ta joue contre la plaque de froid. Nouvelle vision. Le crâne est toujours à l'endroit. Mais il flotte; dans sa transparence, un trou béant qu'il semble vouloir boucher en plaquant, à l'endroit de sa zygomatique manquante, toute sa masse: le long du mur métallique, son sang noir coule en une grande lampée, immobile: tu te dis qu'un certain magnétisme le retient, que c'est cela qui te cloue toi aussi, alors que tu devrais glisser contre la table; jusqu'à ce que ton vertige nauséeux te rappelle aux lois de l'apesanteur.
-Opium et absinthe? Ce sera littéraire, qu'elle disait.
