premier

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Bon, je vous l'accorde, c'est pas forcément le plus facile, mais c'est le tout premier et il me tient à cœur.

C'est parti !

~

Le vent me fouette le visage.

Je suis grande.

Mes cheveux virevoltent dans le souffle de la vitesse.

Je suis au-dessus de la réalité.

Mes pieds en suspens, je cours sur le froid.

Mes jambes répètent le même mouvement, inlassablement.

J'aimerais fermer mes lourdes paupières mais si je m'y perds, je tombe.

Le blanc qui s'étend autour de moi ne cesse de me rappeler ce que je suis. Libre.

Je tourne en rond mais j'ai l'impression de parcourir le monde. De le repeindre. D'y ajouter une touche à moi, de le sculpter à ma manière. D'y laisser ma trace.

Je suis grande.

Soudain, le manège s'arrête. Brutalement. On dit souvent que les meilleures choses ont une fin.

Les portes se ferment dans mon dos.

Retour abrupt à la réalité.

La plante de mes pieds qui s'écrase au sol me fait mal.

Je reprends possession de mes sens, le bruit m'arrive aux oreilles avec violence. Un enfant qui pleure, un couple qui s'engueule, des couverts qui tombent, la voix hérissante d'une pseudo-chanteuse à la radio. Ce bourdonnement incessant me fait regretter amèrement le chant du blanc.

Je perds de la hauteur. Je me sens si petite tout à coup et tout me semble si haut. Si grand. Si inaccessible.

Moi qui voulais refaire le monde, le sculpter à ma sauce et le repeindre d'amour, je ne suis dorénavant plus qu'un grain de sable sur la plage. Une goutte d'eau dans la mer. Un cri dans le vide.

Le blanc apaisant qui m'entourait se peint de noir. Le monde n'est plus qu'obscurité. Il n'est plus qu'absence de lumière, de ce blanc qui me manque déjà.

~

À vous de deviner

À vousWhere stories live. Discover now