Chapitre 5

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Mon grand-père regardait dans le vague. Il devait prendre son temps afin de m'expliquer les choses correctement. Il me tendait la main pour que je lui donne le livre. Il passait sa main sur la couverture comme pour le caresser avant de l'ouvrir.

- Comme tu as pu le comprendre c'est l'arbre généalogique de notre famille. Je te demanderais de ne pas m'interrompre s'il te plait.

- D'accord mais est-ce que je peux poser des questions ?

- Pas pour l'instant. Dès que j'aurais terminé tu pourras me poser les questions que tu veux.

Il respirait profondément et me regardait.

- Ma petite fille tu es une descendante directe du plus grand enchanteur de tous les temps, Merlin. Tout ce que tu as lu est exacte et encore tu n'as que de petites annotations à côté de chaque nom, pour les détails tu trouveras tout ce que tu veux dans cette pièce. La vie de tous tes ancêtres sont écrits dans ces livres. Mais nous y reviendrons plus tard. Tu es la dernière enchanteresse de tous les temps. D'après les constellations, la date et l'heure de ta naissance tu as reçu les dons de Merlin. Tu es précieuse et dangereuse en même temps. Beaucoup de personnes convoitent ton pouvoir c'est pourquoi le jour de ta naissance j'ai fait en sorte de bloquer tes dons. Ta mère m'avait supplié de le faire, elle voulait que tu aies une vie normale. Seulement le sort que j'ai jeté s'arrêtera le jour de tes 20 ans.

- Je t'ai entendu parler de mes 18 ans.

- Tu m'avais promis de ne pas m'interrompre jeune fille !

- Excuse-moi !

- Oui à tes 18 ans tu recevras une partie de tes pouvoirs mais pas en totalité. Juste un aperçu afin de pouvoir t'adapter à ta nouvelle vie. Tes parents savaient tout et nous avions décidé de ne plus nous revoir afin que nos ennemies ne puissent pas te retrouver. Vous m'avez beaucoup manqué mais j'ai fait ce que je devais faire. Seulement je ne suis plus aussi sûr que l'incendie de ta maison soit un accident. J'ai des doutes, comme la police d'ailleurs, mais nous ne nous dirigeons pas dans les mêmes directions. Je te jure je trouverais ce qui s'est passé. J'aimais ma fille plus que tu ne peux l'imaginer et je n'aurais jamais voulu lui faire du mal. La seule chose que je ne comprends pas c'est qu'on t'a retrouvé à l'extérieur de la maison. On voulait vous tuer tous les trois mais quelqu'un t'a sauvé et ce n'est pas un des nôtres, je l'aurais su immédiatement.

- Je n'y comprends rien ! Ton histoire ! Comment veux-tu que j'y crois ?

J'allais me lever lorsque j'ai vu le livre que tenait mon grand-père venir à moi tout seul. Il se baladait dans les airs pour atterrir juste entre mes mains.

- Et là tu y crois ?

Pendant tout ce temps j'avais gardé la bouche grande ouverte. J'étais stupéfaite, comment était-ce possible ?

- Tu fais beaucoup de choses comme celle-là ? demandais-je tremblante.

- Oui beaucoup, me disait-il d'un air espiègle.

- Et tu dis que je vais être capable de faire tout ça ! ajoutais-je mon regard toujours posé sur le livre.

- Oui et même plus ! June tu vas devenir la plus grande enchanteresse que le monde attend depuis des siècles.

- Vous vous trompez, toi et tes éventuels amis, je suis une jeune fille comme les autres, c'est impossible. Tout ça est impossible, il doit bien y avoir un truc. Et si par malheur tout était réel il y a quelque chose qui me perturbe.

- Dis-moi !

- Pourquoi serais-je dangereuse ?

- Tu es dangereuse à cause de tes pouvoirs. Je te raconterais ce qui est arrivée à Mildred.

- Mildred ?

- Une sorcière.

- Tu parles d'enchanteresse et ensuite de sorcières. Y'a-t-il une différence ?

- Il n'y a pas beaucoup de différences. Une sorcière peu faire le bien comme le mal, une enchanteresse ne fait que le bien. Elles ont à peu près les mêmes pouvoirs.

- Mais si je suis une enchanteresse je ne ferai que le bien !

- Tout dépendra de ta force et ton ambition. Malheureusement nous ne pouvons pas encore savoir si tes capacités te feront perdre la tête. Il te faudra être forte pour ne pas devenir assoiffer de pouvoirs. Je serais là pour t'aider.

- Est-ce mal d'être une sorcière ?

- Non mais tu peux te perdre. Faire le bien comme le mal est difficile à gérer et au fil du temps on ne sait plus trop la différence.

- J'ai du mal à tout comprendre. Et surtout j'ai l'impression d'être en plein délire.

- Je sais. Nous allons y aller par étape. Tout d'abord tu liras tous les écrits concernant tes ancêtres. Ensuite je t'apprendrais à déchiffrer les constellations et pour finir tu devras savoir les bases pour reconnaitre les plantes dont tu auras besoin pour certains sorts ou certains remèdes. Mais je veux aussi que tu vives normalement comme toutes les jeunes filles de ton âge. Tu dois aller au lycée, te faire des amis et t'amuser. Maintenant si nous allions manger ?

Je remettais le livre à sa place et je rejoignais mon grand-père à la cuisine. Pendant que je mettais la table il réchauffait le repas dont je n'avais pas touché au diner. Nous passions la soirée silencieusement, chacun préoccupé par notre conversation. Je n'avais pas trop d'appétit, c'était sans doute compréhensible. Je m'imaginais fuir cette maison de fou, pourtant j'y étais incapable. En peu de jours je m'étais attachée à ce grand-père fantasque sorti de nulle part. Surtout mon sang bouillonnait et mon esprit me suppliait d'en apprendre plus sur ce que je venais de découvrir sur ma famille. J'allais me coucher tôt car je commençais mon travail à la bibliothèque le lendemain matin.

Dans la nuit je me réveillais en sursaut. J'avais l'impression que l'on me surveillait. Je me levais, ma fenêtre était fermée et le verrou était en place. Ma porte était également fermée, j'avais dû rêver.

Nous étions jeudi et je reprenais les cours dans cinq jours. Travailler à la bibliothèque était agréable, j'aimais ce calme. Mes amis de Minneapolis ne comprenaient pas ce que je pouvais trouver de bien dans un tel endroit. Et puis ils disaient que ça ne me ressemblait pas, j'étais de nature joyeuse et j'aimais que l'on me remarque. Ici je ne ressentais pas la même chose, j'aimais être dans la bibliothèque mais pour d'autres raisons. Ici il y avait une atmosphère qui me troublait, qui m'envoutait, un peu comme dans le salon de mon grand-père. Melle Pedington était très gentille. Elle m'avait expliqué ce que j'avais à faire, ce qui me paraissait facile à première vue. Je commençais à ranger une pile de livres qu'on venait de rendre. Je connaissais bien les lieux enfin elles avaient toutes la même organisation et c'était plus facile pour moi. Ensuite je passais de l'autre côté du comptoir pour apprendre à remplir les nouvelles fiches et apprendre à entrer et sortir les livres sur l'ordinateur. J'étais d'ailleurs très surprise de trouver une organisation aussi moderne dans cette ville.

Le samedi qui suivi, Melle Pedington me laissait pour la première fois seule à la bibliothèque. Il y avait beaucoup de monde surtout des enfants avec leurs mamans. J'avais beaucoup de mal à les regarder, l'absence de mes parents étaient encore trop présent. Depuis que je travaillais ici, je voyais tous les jours cet étrange garçon, il s'installait à une table et lisait de vieux ouvrages. Nous avions apparemment une passion commune. Il ne s'approchait jamais du comptoir et n'emportait aucun ouvrage. Mais, ce jour, je le regardais faire la queue pour emprunter un bouquin. Lorsque c'était son tour il me donnait sa carte de membre ainsi que ce qu'il voulait emprunter. C'était un vieux livre de légendes, j'étais étonné qu'un garçon comme lui puisse s'intéresser à des choses comme ça ! Il me fixait toujours sans dire un mot, alors en lui redonnant sa carte je le toisais moi aussi du regard, je ne voulais pas lui faire voir que j'étais une faible fille. Il partait, comme la première fois, en riant, comme si il était content de l'effet qu'il pouvait me faire. J'avais raison dès notre première rencontre il était trop arrogant à mon goût.

Mais je le trouvais cependant très beau et très mystérieux.

L'incroyable destin de June St JohnWhere stories live. Discover now