Chapitre 9

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Thomas n'avait pas vraiment l'air spécialement surpris. Son visage ne se crispait pas, ses yeux ne s'humidifiaient pas non plus... Il était mon opposé. Je tremblais, je suais toutes les gouttes de mon corps, je paniquais intérieurement. Il prit ma main et la pressa.

"- Je suis au courant, disait-il seulement.

- Tu...tu savais qu'on faisait partie du W.C.K.D?, demandais-je choquée.

- Oui. Je t'avais dit que j'avais fait beaucoup de rêves à ton sujet, mais aussi au sujet de cette organisation. Étant donné que tout le monde portait ces pulls gris avec leurs initiales dessus, j'ai déduis que nous appartenions au WICKED. Le seul truc, c'est qu'on était toujours derrière des moniteurs, donc on était plus que des cochons prêts pour l'abattoir. Quand je me suis souvenu qu'un des docs m'avait demandé d'appuyer sur un bouton, juste avant que les griffeurs arrivent, j'avais enfin compris que j'étais un des créateurs, m'annonçait-il sans état d'âme.

- Tu m'avais vu?, l'interrogeais-je finalement.

- Oui. En fait c'était depuis que tu t'étais pointé que je me vois dans la blouse blanche.", termina-t-il.

Bizarrement je ne savais pas quoi dire. La sensation que me procurait cette "découverte", m'étais bien trop familière. J'avais peur. J'avais encore l'impression d'être crispée, j'avais encore l'impression de craquer, j'avais l'impression que toutes mes angoisses et douleurs ressortaient à la surface. Je n'avais pas le droit d'être lâche. Pas ici. Pas maintenant. Jamais.
Nous fixâmes le sol durant quelques secondes, puis, Thomas lut l'heure qu'indiquait sa montre digitale.
Étonnant qu'une montre digitale fonctionne dans ce trou, alors que nous possédions ni batteries ni électricité. Il se leva brusquement me forçant à le suivre. Son allure fut rapide, bien plus rapide qu'au début. J'observais alors les nombres sur ma montre. 13h. Nous avions encore trois heures avant la fermeture des portes. Thomas tourna plusieurs fois dans différents couloirs, ce qui eut le don de me donner le tournis. Chaque mur ressemblait au précédent, du lierre, des pierres, de l'humidité. Rien de fascinant. Pourtant, tout semblait intriguant. Après de longues minutes, il se mit à marcher. J'autorisais à mes mains, crispées autour de mon arc, de glisser le long des pierres. La roche était froide. Presque gelée. Personne n'émit un son. À quoi bon? Il plaqua sa main contre les murs afin de m'empêcher d'avancer. Ma surprise fut brève après avoir suivi le regard du coureur. Une pancarte métallique, plus griffée que les murs, où mon nom fendit le matériau. Je sortis de ma transe et m'approcha lentement du panneau. Je réussis à coincer mes ongles entre la pierre et le métal afin de soulever ce dernier. La plaque était gluante, et Thomas fit une grimace en me voyant remuer l'objet. Sur le derrière, je pus distinguer un nombre, le nombre 2. Thomas et moi échangeâmes un regard incompréhensible. Il était l'heure de rentrer. Il rangea la plaque dans son sac à dos en prenant garde à sortir son couteau. Quelques minutes avant la fermeture des portes, un cri strident résonna. Je dus me boucher les oreilles si je ne voulais pas ressentir la souffrance que mes tympans éprouvaient, une fois livrés à ces hurlements. Thomas non plus ne supportait pas ce son. Je fermai les yeux en espérant que ce moment pénible s'arrête. Ses yeux bruns me scrutaient avec attention tandis que je repensais au rêve que j'avais fait à son sujet, dans une autre vie j'avais pu ressentir quelque chose pour lui. Mais ici...je ne savais pas vraiment où j'en étais. Mes yeux terminèrent l'échange d'énergie, et fuyaient ses beaux iris. Puis, mes yeux s'élargirent, ce n'était ni l'expression de la surprise ni celle de la joie qui se dessinait sur mon visage, c'était celle de l'angoisse. Un horrible monstre descendit du lierre. C'était une bête poilue, gluante, comme la plaque, et ses yeux de vipères étaient incrustés dans son corps. Plus horrible encore, ses pattes n'étaient en fait des piqûres larges comme un pied avec un pointe plus fine. Il en possédait six. De sa bouche coulait un liquide rougeâtre. Était-ce du sang? Je décochais immédiatement une première flèche, en m'appliquant à viser le plus précisément possible. J'avais l'impression d'avoir toujours fait cela. Une prochaine flèche vola sur sa masse gluante. Thomas, qui s'occupait d'un autre griffeur, planta sa lame dans un œil. La bête hurla de plus belle, ce qui me valut un coup dans le ventre. Thomas finit par séparer un pique du corps de la bête. Je réussis à mon tour à immobiliser le monstre en le plaquant au mur grâce à mes flèches. Seulement, les flèches ne tiendraient pas longtemps et le griffeur réussirait à ce défaire de son piège. Le coureur trancha alors la bête en deux, ce qui fit apparaître un gluant vert-bordeaux. Il restait dix minutes avant la fermeture des portes. Thomas me prit la main et nous coururent le plus vite possible dans les couloirs, laissant derrière nous les cadavres. Je jetais un dernier regard à la scène avant de tourner à une nouvelle intersection. Les portes commencèrent à se fermer et à émettre des sons sourds, ce qui nous fit sprinter pendant quelques secondes. Les murs se touchèrent presque lorsque Thomas me poussa de l'autre côté. Je me relevai en espérant que mon ami ait passé lui aussi la porte. Il n'était pas allongé devant la porte et je commençais à paniquer. Lorsque je me retournai, une main se posa sur mon épaule. Thomas, saint et sauf, malgré quelques égratignures sur sa peau poussiéreuse. Il avait dû se propulser plus loin que moi. Je souriais de bonheur et l'enlaçais le plus fort possible. Il avait risqué sa vie pour moi. Devant nous se tenaient les blocards avec leurs torches enflammées.

"- Alors, princesse, ça c'est bien passé pour ta première fois?, me demanda l'asiatique d'un ton moqueur, Vous êtes rentrés tard, il s'est passé quelque chose?

- Non, non, t'inquiète Minho. On a juste butté deux griffeurs à quelques minutes de la fermeture des portes. mais sinon ça va., rigola le brun.

- Vous avez quoi? Non mais tu te rends compte du bordel qu'elle fout ici? Je suis sûr qu'on devra payer cher, très cher pour vos actes., cria Gally.

- Venez nous expliquer", proposa Newt alors, calmement, en nous invitant dans la salle du conseil.

Thomas entreprit de tout raconter aux blocards, en laissant de côté le fait que nous faisons partie de W.C.K.D. et notre contact physique. Tout le monde l'écoutait attentivement, ils avaient tous l'air sous hypnose. Lorsqu'il parla de la plaque, tous les regards furent braqués sur moi. Le coureur sortit l'objet métallisé et passa son doigts sur le liquide. Ses traits se tirèrent en inquiétude profonde, et je me souvins que ce visage n'apparaissait seulement lorsqu'il s'agissait de ses amis. A la fin de son récit, le maton des coureurs ainsi que Alby, jugèrent bon de me renvoyer dans le labyrinthe. Ils voulaient faire de moi une coureuse.

La première épreuve: le Labyrinthe [En pause]Where stories live. Discover now