8. Long couloir

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Je me reveille en sursaut dans mon lit. Une odeur de bacon mélangé à du café se répend dans ma chambre. Maman est en train de préparer le petit déjeuner. C'est une matinée claire et agréable. Les rayons du soleil passent aux travers des stores de ma chambre ce qui créer une ambiance tamisée plutôt sympa. Je soulève la couette pour me découvrir en pyjama. Je me sens engourdie au niveau de la tête, j'ai l'impression de me réveiller d'un mauvais rêve.

Est-ce que j'ai rêvé tout ça ? Est-ce que Novi n'est que le simple fruit de mon imagination ? Un être crée pour combler mon sentiment de solitude ?

Je ne sais pas. Je ne sais plus.

Je décide de me lever de mon lit. J'entends la radio en sourdine, Maman écoute Nostalgie FM. Cette radio porte bien son nom : Chaque musique qui passe me rappelle une époque révolue : celle de l'insouciance et du bonheur. Papa aimait encore Maman et Maman aimait Papa. Je ne préfère pas me souvenir de ça, c'est trop douloureux.

Je sors de ma chambre pour me diriger dans la cuisine. Je m'assoies sur un des tabourets et observe ma mère en train de déhancher et chantonner au rythme de la musique. Elle poursuit tout de même sa préparation, ce qui est très amusant. Elle est de dos. Cependant lorsqu'elle me voit, elle sursaute avant de reprendre son souffle.

"Tu m'as fait peur, Margot ! Se plaint-elle.

- Ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vue aussi... Détendue ? Ricanais-je.

- Ça c'est parce que mon petit monstre n'était pas encore debout. Dit-elle en me lançant un clin d'oeil."

Elle pose la poêle sur la table et me sert un oeuf au bacon dans mon assiette. Elle me demande si je veux du café et j'acquiese. Nous déjeunons dans une ambiance apaisée et - pour la première fois depuis l'annonce de ma maladie - décontractée.

Cependant, ce répit est de courte durée puisque ma mère m'annonce entre deux bouchés que nous allons aller à l'hôpital ce matin.

"Chérie, ne fait pas la tête ! Il faut que tu comprennes que tout ça est pour ton bien.

- Je sais, maman. C'est juste que j'en ai marre de ne pas pouvoir être une fille de 17 ans normal." Lâchais-je sèchement.

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Nous arrivons à l'hôpital où Laurine nous attend devant l'ascenseur, à l'opposé de l'accueil. Elle sourit tendrement en me voyant approcher. Elle a toujours cet air d'innocence au coin de la bouche, c'est étrange. Au final je me demande si ce n'est pas la seule qui ne me prend pas pour une tarée.

"Bonjour Margot. Bonjour madame Steven. Se lance-t-elle, joyeusement.

- 'Lut." Répondais-je sans grande passion.

Ma mère me lança le "regard-qui-tue" et Laurine nous invita à entrer dans l'ascenseur. Elle brise le silence dès que les portes sont closes.

"Margot, aujourd'hui tu verras un autre docteur. Notre séance ensemble est reporté à la semaine prochaine. J'espère que ça ne te dérange pas trop.

- Non puisque apparemment "c'est pour mon bien". Lâchais-je en détournant les yeux.

- Exactement. Dit moi, Margot... Est-ce que tout va bien ?

- Absolument bien."

Je ne pouvais que mentir. Ma mère était juste à côté à écouter en silence notre discution. Laurine me sortit de mes pensées en quelques mots :

"Je pensais à t'inscrire à un groupe, Margot.

- Un groupe ?

- Oui. Un groupe de soutien. Tu pourrais parler de tes angoisses, de tes tracas et de ta vie à des gens qui peuvent te comprendre, qui vivent la même chose que toi et qui ne te jugeront pas. Me dit-elle, un sourire aux lèvres.

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