Chapitre 5

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Après ma petite sauterie de la piscine, je réintégrai ma chambre pour une douche express, la tête pleine d'interrogations et affublée d'un sérieux mal de crâne. Damarisse n'avait pas voulu m'en dire plus au sujet des gardiens et elle m'avait plantée là, en m'invitant à rejoindre les autres pour une collation. Une fois présentable, je me résignai à quitter mon antre pour aller manger un morceau. Mon dernier repas remontait au déjeuner de la veille et j'avais les crocs.

Mauvais jeu de mots...

Je m'engageai dans le couloir, toujours mécontente de ne pas avoir eu gain de cause au sujet de mes parents. Les paroles de Delwyn ne m'avaient pas rassurée et je me demandai ce qu'il avait bien pu leur dire. Il était dangereux ! J'imaginai la scène : le vampire rôdant autour d'eux comme un prédateur, ma mère terrifiée, mon père sur le qui-vive ! Il avait dû jouer avec eux comme un lion avec des souriceaux !

Une part de moi avait bien conscience que le basilic pouvait décider de se matérialiser à n'importe quel moment et que j'étais incapable de le contrôler, mais le besoin de les voir était le plus fort. Je pestai quand je m'aperçus que, perdue dans mes pensées, je m'étais trompée de chemin. J'avais encore du mal à me repérer dans cette gigantesque demeure. Ma mauvaise humeur grimpa en flèche. Avisant un domestique, je l'apostrophai poliment. Il proposa obligeamment de m'accompagner.

Quelques minutes plus tard, je pénétrai avec une certaine appréhension dans la petite salle à manger du premier étage. Soudain intimidée, je me demandai si j'allais être bien accueillie. Après tout, si une humaine n'était pas légitime en tant que gardienne, il était naturel que je m'interroge !

Le domestique m'avait expliqué que cet endroit était destiné aux déjeuners plus intimes et aux collations express des gardiens, les sentinelles possédant d'autres lieux de rencontres. Visiblement, même si nous faisions partie du groupe, nous en étions l'élite et nous avions des zones VIP réservées !

Je regardai autour de moi, confuse. La pièce était décorée dans un esprit très XIXe, avec des murs bleu pâle, ornés de moulures dorées qui envahissaient le plafond. Le sol de marbre blanc était rehaussé d'arabesques gracieuses. Un superbe lustre de cristal l'éclairait et deux canapés plus modernes entouraient une cheminée en marbre noir richement sculptée. Une jolie table guéridon, en acajou, trônait au centre. Le lieu était pratiquement désert à l'exception d'un grand baraqué qui me disait vaguement quelque chose et de deux autres personnes qui m'étaient inconnues.

Une jeune femme à la beauté asiatique et aux cheveux sombres parsemés de mèches violines était en pleine conversation avec un homme très mince. Leur discussion s'arrêta net à mon entrée et tous les regards convergèrent vers moi.

Super ! Je suis l'attraction du petit-déjeuner !

Tant que tu n'es pas au menu ! ironisa la voix dans ma tête.

Je restai immobile, la tête haute, avec mon expression « Cause toujours, je m'en cogne total » épinglée sur le visage. J'arborai un air d'ennui profond qui faisait immanquablement son petit effet alors même que j'aurais voulu disparaître sous terre ! J'avais toujours dû longer les murs dans ce genre d'endroit, me fondre dans le décor, et maintenant j'allais y petit-déjeuner avec la crème de la garde !

La femme se leva avec grâce et s'approcha d'une démarche souple. Elle était vraiment superbe, mais il se dégageait d'elle un je-ne-sais-quoi de froid et de dérangeant. Elle était vêtue d'une magnifique robe en mousseline rose poudré dont les volants dansaient à chaque pas.

Drôle de tenue pour une guerrière !

Elle s'immobilisa à un mètre de moi et me dévisagea, dans l'expectative. Je décelai une lueur de défi dans ses beaux yeux dorés et une détermination sans faille dans son maintien rigide. J'admirai son port de reine et le contraste saisissant entre ses iris ambrés et ses traits typés.

Les gardiens d'Apophis Tome 1: Renaissance (Edité)Where stories live. Discover now