Chapitre IV : L'arbre blanc (partie 1)

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IV

L'ARBRE BLANC

Les cheveux grisonnant soigneusement coiffés en arrière, une barbichette lui arrivant au niveau du nombril, un homme vêtu d'un drôle d'uniforme blanc était penché sur mon bras. Les sourcils froncés par la concentration, il passait doucement sa main au-dessus d'une coupure assez profonde. Un fragment de la vitre que j'avais traversé, quelques heures plus tôt s'était planté dans ma peau.

Un mal de crâne vertigineux et la bouche pâteuse, j'avais l'impression d'avoir reçu un énorme coup sur la tête qui m'avait plongé dans un long sommeil. Les paupières lourdes, je luttais contre une forte envie de dormir. Mes souvenirs étaient un peu flous. Je me souvenais du baiser fougueux qu'Ike et moi nous avions échangés. Au souvenir de ses lèvres embrassant fiévreusement les miennes, une intense chaleur m'envahit. Puis la seule chose dont je me souvenais ensuite, c'était le visage mouillé de larmes de Rubi, sa rage. Un cri, moi volant à travers la pièce et le bruit de verre se brisant.

Une femme, les cheveux tirés en un chignon parfait, me souriait gentiment, d'un air confiant. Surement pour me rassurer. Elle contourna mon lit et s'adressa à Ike, qui hocha la tête en signe d'affirmation. Le teint livide, Ike posa un regard inquiet sur moi. Apparemment, Rubi n'était plus là. Malgré mon état quelque peu second, je la maudis et me promis de me venger dès que j'irai mieux. Ike se pencha vers moi, prit ma main valide dans la sienne et me chuchota :

- Si tu te sens un peu...bizarre, ne t'inquiètes pas c'est l'effet de l'antidote qu'on ta donnée.

Je voulu resserrer mes doigts sur ses mains, mais je n'y parvins pas. Mon corps ne voulait plus m'obéir. Sentant la panique m'étouffer, je constatai que je ne pouvais pas non plus prononcer le moindre mot, mes lèvres aussi semblaient figées. Un bourdonnement insupportable résonnait dans mes oreilles. Un râle s'éleva dans ma gorge tandis que je forçai sur mon corps pour bouger.

- Calme-toi, Kaya. Respire, dit Ike en caressant doucement mon front.

La poitrine se soulevant au rythme de ma respiration saccadée, je concentrai sur ce que Ike me disait. S'il était là, tout allait bien.

- Rubi t'a empoisonné, m'expliqua-t-il avec douceur. En te poussant à travers la fenêtre, elle a enfoncé ses ongles dans ta peau jusqu'au contact de ta chair et y a déversée son poison qui a paralysé ton corps. C'est une des spécialités des Nahuay, le poison.

J'écarquillai les yeux, folle de rage. « Sale garce ! Je jure que je me vengerai dès que je me serais rétabli !» pensai-je en tremblant de colère sur le matelas.

Ike esquissa un sourire, visiblement rassuré.

- J'étais sûr que tu réagirais comme ça, dit-il. Tes cheveux sont incroyables, ils ont repoussé à une vitesse hallucinante.

Je fronçai les sourcils. « Comment ça ?» pensai-je.

- Tu avais un éclat de verre planté à l'arrière de ta tête, expliqua-t-il en grimaçant. Pour un être humain c'est très grave comme blessure. Les soigneurs de l'hôpital ont appelé en urgence le spécialiste soigneur Alec qui a pu t'opérer très vite. Et pour ce faire, il a dû te raser le crâne.

Je devais être belle à voir.

Il sourit.

- Et en moins d'une heure, ils sont revenus à leur longueur habituelle. Ce serait apparemment dû à un surplus d'énergie qui coule dans tes veines. Tu vois ? Encore une preuve que tu es atlazasienne.

Je l'observai stupéfaite. Je savais bien-sûr que mes cheveux poussaient extrêmement vite. J'avais déjà essayé de les avoir court, mais dès que je les coupais même très court, en un an, ils me retombaient au-dessus des fesses. Mais jamais de toute ma vie, en moins d'une heure ils avaient repoussés. C'était impossible.

ATLAZAS - A la Découverte d'un Nouveau Monde T.1Where stories live. Discover now