Hargon, la vallée maudite

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Voilà une toute nouvelle histoire que je vous partage. Une histoire que j'avais déjà écrit il y a longtemps et que je remets au bout du jour, avec d'énormes modifications. Ceci est un prologue, ce qui explique pourquoi il est court.

En vous souhaitant
bonne lecture!








         Hargon, aussi appelé la vallée maudite à cause de ses attaques successives de dragons. Ces créatures étant représentées comme des démons par les prophètes et des anges par les plus croyants, touchés par l'espoir.

      Dans ce village mortel et redouté, vivait un peuple démuni, dépassé par les événements. Ne bénéficiant pas de guerriers compétents, ils étaient voués à se battre et y laisser la vie chaque fois qu'un dragon envahissait leurs terres.

      Ce soir là, les hommes se battaient tandis que les femmes restaient cachées, protégeant leurs enfants et leurs vivres. Pendant qu'Edouard, un brave paysan combattait, son arbalète à la main, sa femme Alienor accouchait dans une chaumière éloignée.

        Elle hurlait, se tordait de douleur et suppliait le seigneur d'épargner son tendre époux. Cet enfant serait le fruit de leur amour mais sans Edouard, cet amour paraîtrait inexistant. L'enfant naîtrait alors sans père, serait élevé par une mère détruite par le chagrin et vivrait dans le malheur et la solitude. Cela n'était pas envisageable.

        Elle se cambra à nouveau, s'accrochant aux draps et serrant les dents pour éviter de pousser un énième hurlement.

— Edouard ! s'exclama-t-elle. Je veux Edouard !

       Bénédicte, la soeur de Edouard ne savait quoi faire. Dehors, le vacarme ne cessait pas, les hommes se faisaient abattre, brûler par des flammes cruelles et dévorer par une créature terrifiante. Ce n'était pas le bon moment pour donner naissance.

—  Il livre bataille, annonça-t-elle d'une petite voix.

—  Non ! Je t'en prie, je veux mon époux ! 

       Bénédicte tenta de la calmer, posant un tissu humide sur son front. La pauvre transpirait à grosses gouttes, haletait à n'en plus pouvoir respirer et souffrait à en mourir.

—  Je t'en conjure, pars le chercher, supplia Alienor dans un soupir.

       Bénédicte se résigna à sortir de la chaumière. Elle courut entre les maisons, oubliant les cris plaintifs des victimes ou bien l'odeur des flammes dévorant leurs corps. Elle se focalisait sur son frère, Edouard, qui se sacrifiait une nouvelle fois pour la cause de ce village maudit. Un jour, il finirait détruit, il deviendrait poussière, rien qu'un tas de cendres.  

       Elle le reconnut lorsqu'elle le vit de dos, son arbalète à la main, scrutant le ciel à la recherche de la bête. Elle se précipita vers lui, saisit son bras et le tira aussi fort que possible.

  —  Alienor est sur le point d'accoucher, je t'en conjure, mon frère, viens avec moi ! cria-t-elle à travers le raffut.

       Edouard retira son bras brusquement et se tourna vers elle, le visage couvert de suie et une partie de ses vêtements en lambeaux.

— Non ! Je dois sauver Hargon !

—  Nous partirons dès l'aube, cette vallée est maudite !

— Je sacrifierai ma vie pour que mon enfant bénéficie de la sienne.

        Bénédicte ne sut quoi répondre. La créature les survola, poussant son cri strident et pétrifiant, elle cracha ses flammes sur une maison voisine, ses habitants hurlèrent et seul l'un des enfants put prendre la fuite.

— Vas ! reprit Edouard tout en armant son arbalète, et dis à Alienor que je l'aime.

        Elle sut que ce serait les dernières paroles de son frère. Alors, elle se contenta de faire volte-face et reprendre sa course effrénée jusqu'à la chaumière. Elle pleura à chaudes larmes mais les essuya avant de rejoindre Alienor.

        Elle reprit aussitôt son travail, tentant de la faire accoucher et ignorant ses questions à propos de son époux. Il fallait que l'enfant naisse, pour Edouard et sa vie sacrifiée.

        Alors Alienor s'égosilla à nouveau, poussant aussi fort que possible, ne supportant plus la douleur et la fatigue.

       Lorsque enfin, elle fut soulagée, elle laissa retomber sa tête sur l'oreiller et prit le temps de respirer convenablement. Mais son coeur se remit à battre à tout rompre quand elle n'entendit aucuns pleurs. Elle se redressa à l'aide de ses coudes pour voir son enfant mais Bénédicte le tenait dans ses bras, l'emmitouflant dans des couvertures et le secouant doucement, paraissant effrayée.

—  Pourquoi ne pleure-t-il pas ? demanda la jeune femme. Pourquoi mon enfant ne pleure pas ? 

      Bénédicte ne répondit pas à sa question, elle continuait de le secouer, le bercer et murmurer quelques mots à son oreille comme s'il l'entendait.

—  Où est Edouard ? pleura Alienor en laissant retomber sa tête en arrière.

       Son époux, sur le champ de bataille, tentait de protéger son village. Maudit ou pas, il l'aimait. Il donnerait sa vie, pour que son enfant puisse grandir à Hargon.

       Lorsqu'il fut face à la bête blessée et sur le point de mourir, Edouard pointa son arbalète sur elle, prêt à laisser partir le carreau, souhaitant viser l'un de ses yeux de démon. Le dragon ne pouvait plus voler, il gémissait, menaçait mais n'avait plus la force de combattre. Ils avaient gagné.

      Edouard croisa ses yeux à la couleur du feu, il vit dans le regard de la bête, une peine immense. C'est pour cela qu'il ne tira pas. Cette action fut une erreur puisque le dragon ouvrit grand la gueule, ainsi, il cracha ses flammes meurtrières sur Edouard qui ne put que se laisser tomber à genoux et hurler à plein poumon pour ainsi rendre son dernier souffle.

      Au même moment, dans la chaumière, l'enfant gigota, ouvrit ses yeux à la couleur atypique et pleura sans s'arrêter, criant encore et encore.

C'était donner sa vie, pour son fils.

L'Élu aux yeux dorés...

J'espère que ce prologue vous a plu. N'hésitez pas à faire partager votre avis.
Merci d'avoir lu !

Léa.

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Le Maître des DragonsWhere stories live. Discover now