Forêt (Terminé)

18

– 20h51 – Jane? Qu'est-ce que tu avais aujourd'hui? Tu t'es sauvé de nous toute la journée...:(

Je sursaute. Je m'étais endormie. Je frotte mes yeux et prend mon cellulaire. Je lis le message de Tommy trois fois. Je ne sais pas quoi répondre, je ne sais plus quoi faire. Je m'étire et baille. La fatigue de ne pas avoir dormi la nuit dernière me rattrapait.

– 21h02 – Tu dors peut-être alors bonne nuit et à demain. J'espère...xx

Je lis ce message et ferme mon cellulaire. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai l'impression que je veux me venger. Je ne le ferai pas, par contre. Je sais que je pourrais le perdre. Au lieu de ça, je pourrais peut-être faire comprendre à Azel qu'elle a Sam et qu'il faudrait peut-être démontrer son affection pour lui. Je crois qu'elle se trompe de personne, en ce moment.

Je repose ma tête sur mon oreiller et je m'endors la tête pleines de questions.

Pdv Tommy

Quand je suis parti de chez Jane, j'étais encore fâché. Elle m'avait dit d'accepter de voir ma mère. Même si elle ne savait rien, elle aurait pu m'écouter. Je lui avais dit qu'elle m'avait abandonné pour la drogue, mais elle n'avait pas l'air de comprendre. J'ai finalement laissé tombé parce que je ne voulais pas me chicaner avec elle à cause de mes parents.

Arrivé chez moi, j'étais prêt a aller me reposer mais Azel venait de m'envoyer un message. Elle voulait qu'on se voit et qu'on aille au parc ou en tout cas, peu importe. J'avais accepté parce que je savais qu'elle, elle allait comprendre.

Quand je suis arrivé à l'endroit où nous nous étions donné rendez-vous, elle m'a tout de suite demandé ce qui n'allait pas. Je lui ai raconté et elle m'a compris, comme je le pensais. Elle m'a ensuite rassuré pour ce qui était de Jane. Elle m'a dit qu'il fallait mieux lui expliquer. Et aussi peut-être lui dire pourquoi j'étais parti de chez elle aussi tôt.

J'ai cherché à lui parler tout la journée mais elle fuyait. Azel avait raison, elle était blessé. Elle avait l'air complètement légume, si je peux me permettre. Elle était triste, vraiment triste. Je ne pensais pas qu'elle serait aussi attristé. Au dîner, quand j'ai demandé à tout le monde s'ils avaient parlé à Jane, il y a seulement Samuel qui a dit oui. J'ai aussitôt ressenti une pointe de jalousie.

Il m'a dit qu'elle n'avait pas l'air de filer; mais je le savais déjà. Ça paraissait dans son beau petit visage. À la sortie de l'école, je l'ai attendue, mais elle n'est jamais sortie. Peut-être que j'étais arrivé trop tard. Elle a tendance à être rapide quand la cloche sonne. Je suis donc rentré chez moi sans l'avoir vu ni embrassé de la journée.

Je suis en ce moment étendu sur mon lit et j'attends une réponse à mon message texte. Je sais qu'elle ne dort pas et qu'elle a lu les deux. Je la connais trop. À moins que je ne la connaisse pas du tout et qu'elle ne soit pas vraiment elle en ma compagnie... Non, sûrement pas.

Peut-être que si je lui envoi un message, elle viendra me voir. Mais après tout elle m'a, elle aussi, blessé. Je vais lui écrire et on verra après.

– 21h08 – Désolé de t'écrire, encore. Je voulais seulement t'expliquer quelque chose. Ce midi, je te cherchait mais je ne t'ai jamais vu. J'avais envie de te parler. Chez toi, tout juste avant que ta mère arrive, je t'avais dit que ma mère voulais me voir et tu avais dit que c'était une bonne idée. Je t'ai expliqué que non mais tu n'as jamais compris. Ça m'a blessé. Parler de mes parents, pour moi, c'est difficile. Je ne suis jamais bavard quand vient le moment de leur parler. Bon, je ne t'écris pas seulement parce que tu m'as blessé mais aussi pour m'excuser. Je ne savais pas que j'allais te faire de la peine en partant aussi tôt. Je m'excuse, ma belle forêt. J'ai envie de te voir... Ne te sauve pas, demain.xx

J'envoi le message et j'attends. Cinq, dix, trente minutes passent mais rien, pas de messages. Je ne comprends pas, peut-être qu'elle dort vraiment, finalement. Où elle m'ignore. Je me comprends pas pourquoi. Ce n'est pas si grave que ça, si je suis parti. Mais elle est fragile, Jane.

Ce matin, je me réveille à huit heure. Je suis en pleine forme. Je saute sous la douche, déjeune, m'habille et je saute dans mon autobus. Je m'assois au banc à côté de celui de Tristan. Il me salue et nous ne parlons pas durant tout le trajet.

Enfin, nous arrivons dans l'école. À ma grande surprise, je vois Jane tout près de mon casier. Je souri automatiquement. Son beau visage et ses lèvres douces m'avaient manquées. Je l'embrasse dès que je suis assez près d'elle mais elle ne fait rien. Elle me regarde dans les yeux, je ressens aussitôt de la tristesse dans ses yeux. De la souffrance.

– Qu'est-ce que tu as?

Elle hausse les épaules. Je la prend dans mes bras et elle se laisse faire. Je ne sais pas ce qu'elle avait mais j'ai tout ressentie.

– Je m'excuse d'avoir été aussi conne, dit-elle d'une petite voix. Je ne savais pas que c'était dur de me parler de tes parents...

Je la repousse et la regarde dans les yeux. Elle a l'air sincère, beaucoup trop à mon goût. Je l'embrasse et elle ne résiste pas.

– C'est correct.

Elle sourie faiblement et nous allons voir les autres, tous assis à une table. Gabrielle donne une câlin à Jane. Elles sont intenses, mais je suis heureux qu'elles soient devenues amis. Mon amoureuse avait besoin de quelqu'un qui l'écouterait, une amie. Elle devait arrêté de s'isoler et s'ouvrir aux autres.

Pdv Jane

– Demain, qui veux sortir? Je connais un bon resto, dit Samuel enthousiaste.

Tout le monde approuve son idée, sauf Tommy qui ne fait que sourire. Je me demande ce qu'il a. Pourtant, quand il est venu me voir il y a quelques minutes, il n'était pas aussi rigide.

Quand je suis descendue de l'autobus, ce matin, je me suis rappelé du long message qu'il m'avait envoyé. Il fallait qu'on se parle. Il avait raison. Quand je l'ai vu arriver, mon coeur s'est mit à battre. Il était beau. Ses yeux verts forêt m'avaient manqués. J'ai plongé mes yeux dans les siens. Il s'est avancé pour m'embrassé mais j'avais trop le coeur lourd. Je me suis rappelé de ce que son message disait. Je me suis sentie mal, vraiment mal. Je me suis excusé. Heureusement qu'il m'a pris dans ses bras et qu'il m'a pardonné.

– Parfait! Demain, dix-sept heure, au quai, s'écria Samuel en nous regardant tous un par un dans les yeux.