Chapitre 20

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Extrait du livre "La Princesse de Troie":

Priam, roi de Troie, a cinquante garçons et, dirons nous, une vingtaine de filles. Les comptes ne sont jamais très sûrs car peu d'entre eux ont été reconnu, étant de liaisons illégitimes. Leur nombre peut vous étonnez, mais en Grèce Antique, il était courant que les Hommes prennent plusieurs femmes. Et puis on possédait peu de moyens de contraception, à cette époque.

Il y a sûrement quelque petites infidélités dans le tas. Je pense que c'est une sorte de vengeance de la part de mon père, pour ne pas avoir pu vivre sa vie avec la femme qu'il aimait. Moi aussi je suis illégitime, mais mon père m'a fait l'honneur de me reconnaître. Parce que je suis l'enfant né de son amour interdit. Ma mère et lui ont été frère et soeur de lait, car elle était la fille de sa nourrice. Ils ont grandi ensemble, se sont aimés. Mais elle était roturière et lui prince de Troie, dont le mariage était arrangé depuis ses six ans.

Hécube, la reine, me voue une haine toute particulière. Elle aurait aimé que je subisse le même sort que ma mère. La lapidation. Sauf que je n'étais pas coupable d'adultère moi, petit nourrisson que j'étais. Mon père m'a sauvé de ses griffes et m'a éloigné du palais durant mon enfance, en espérant apaiser les tensions. Il m'a fait passer pour un garçon, pour être sûr que personne ne me retrouve.

C'est comme cela que je me suis retrouvée en pension dans une école de garçons, à apprendre l'art du combat, la philosophie, les arts et la politique. D'un côté, c'était plutôt une bonne chose, j'ai pu recevoir une éducation, ce qui était interdit aux filles. Mais en réalité, ce n'était vraiment pas simple.

Les garçons sont d'un naturel impudique. Il était courant que, pour s'amuser et embêter l'autre, les jeunes garçons se visitaient durant leurs bains. Je devais faire particulièrement attention quand je me lavais. Je choisissais des horaires où les termes étaient vides, séchais les cours si besoin se faisait. Les jeunes garçons de mon dortoir se moquaient de ma pudeur. Il était facile de s'en prendre à moi. J'étais bien plus frêle, à cause de ma constitution de fille. On se moquait de mes cheveux gras, de mon odeur, car je rechignais à prendre des bains, de peur de me mettre à découvert. Je devins vite le souffre douleur du groupe.

Je broyais du noir, je n'étais nul part à la place. On me détestait dans ma propre ville, au palais, et là-bas à l'internat. Qu'est-ce-qui clochait avec moi ?

J'avais terriblement besoin de soutient et de réconfort. En fait, j'avais besoin d'une mère. Et elle m'avait été enlevée dès ma naissance.

Avec le recul d'aujourd'hui, je pense que la plupart des brutes de l'internat n'avaient pas reçu l'attention de leurs parents. Sinon pourquoi resteraient-ils dix ans dans cette institution scolaire, sans rentrer chez eux de la semaine ? C'était une manière pour les parents de se débarrasser d'eux. Certains n'en n'avaient tout simplement pas, d'ailleurs.

Pourtant, ce n'étaient pas tous des bougres, loin de moi cette idée.

Je me souviens encore, lors d'une récréation, la chasse à Ménélan avait été lancée (Ménélan c'était mon nom d'emprunt). Après une longue course poursuite, les garçons de mon âge m'avaient attrapé et se demandaient ce qu'ils allaient me faire subir cette fois-ci. Quelqu'un a proposé de me dénuder. Comme ils me savaient pudique, cela leur paraissait une excellente torture. Évidemment, je me suis débattue comme un beau diable. Personne ne devait apprendre que j'étais une fille. C'est alors qu'Aslan est intervenu pour me libérer. Il n'avait jamais pris part au groupe de mes tortionnaires, m'adressant de-ci de-là quelques signes d'encouragement. Mais c'était une première, que quelqu'un me défende ouvertement.

Arcalon, une légende est née [Pause]Where stories live. Discover now