Chapitre 11

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« Je ne le ferai pas, je ne peux pas faire ça » avait dit Alice. Emma s'était contentée d'opiner, choquée de se rendre compte qu'en fait le Jeu pouvait les atteindre. Qu'Il les connaissait.

Alice ne fit rien pendant une journée, et tout se passa bien. Pas de nouvelles des corbeaux. Pas plus de regards appuyés que d'habitude.

Une journée normale en somme.

Quand il ne resta plus que dix heures à Alice pour accomplir son défi, elle se leva avec la boule au ventre à l'idée de devoir retourner à Hamington. Cela ne lui était pas arrivé depuis qu'elle avait rencontré ses amis, et cette appréhension l'effraya.

Pourtant, la matinée fut tout à fait banale. Les cours s'enchainèrent, toujours aussi ennuyeux.

Mais l'ambiance changea dès le début de l'après-midi. Alice avait fait promettre à Emma de ne pas parler du défi aux autres « pour ne pas les inquiéter ». Mais dès cet instant, leurs cinq amis se rendirent compte qu'elles n'avaient pas l'air dans leur assiette.

Emma avait cette capacité de partager la douleur des autres, et cela la faisait souffrir aujourd'hui. Mais heureusement, c'était sans compter sans Brooklyn, qui faisait fondre ses craintes en l'attirant des ses bras.

Alice quant à elle avait un nœud dans la gorge. Elle avait décidé de ne rien faire : bien que l'envie de prendre Le Jeu comme excuse était tentante, elle ne pouvait se le permettre. Elle refusait que sa relation avec Martin soit entachée par un stupide défi. Elle ne voulait pas qu'il la repousse. C'était surtout cela sa plus grande crainte. Alors face à ça, les corbeaux étaient tout de suite moins effrayants.

Qu'auraient-ils pu lui faire quand elle avait une bande d'amis pour la protéger ?

Mais ses certitudes s'effilochèrent lorsque, passant dans un couloir, elle entendit de nombreuses personnes lui murmurer « Plus que quatre heures Alice... ».

Ces paroles lui glacèrent le sens.

L'heure suivante, alors qu'elle était au CDI en train de regarder une vidéo sur la dissémination des graines de baobabs, un autre message s'afficha à l'écran, et une voix effrayante lui dit « Il te reste trois heures Alice Gardion. Dépêche toi d'accomplir ton défi, ou tu le regretteras ».

Alice était apeurée. Mais elle avait pris sa décision, et ce n'est pas un pirate informatique qui la lui ferait changer. Elle éteint l'ordinateur et s'en éloigna précautionneusement.

Elle ne fit pas attention au message sur sa boite vocale qui devait lui signifier que dans deux heures son temps serait écoulé.

Ni aux nombreux textos, qui firent le décompte de la dernière heure.

Alors, quand elle vit Martin quelques minutes avant la fin du temps imparti, elle fit mine de rien.

C'est lui qui l'appela. Elle alla le voir, doucement.

17h58, il restait deux minutes. Elle devait sortir de ce foutu lycée.

Mais Martin, impatient, ne lui laissa pas le temps de finir son chemin. Il l'attrapa par la taille, et mis son visage contre l'épaule d'une Alice plus que surprise.

Puis, il lui murmura un « Ce n'est pas pour Le Jeu », et l'embrassa avec passion.

17h59

Alice ne savait pas comment il avait appris pour le défi. Ni pourquoi il avait voulu l'aider. Ni pourquoi même il lui avait dit cette phrase avant de l'embrasser.

Car Alice oublia tout pendant quelques instants. Le Jeu, les corbeaux, les défis...

Dans les bras de Martin, rien n'avait d'importance, sice n'est lui et son parfum.     

Le JeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant