Partie 17 - Julian

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Quelques mois plus tard, lors d'une conférence à l'université de Columbia, Valentin eut des échanges animés avec plusieurs étudiants mais, l'un deux retint particulièrement son attention. C'était un beau jeune homme brun aux grands yeux bleus et à l'intelligence aussi aiguisée que sa langue. Ce dernier l'avait attendu après l'évènement. L'écrivain l'invita dans un café proche de l'université pour continuer la conversation entamée dans le couloir.

Là, le jeune homme confirma qu'il était très brillant et qu'il était aussi très cultivé. Il se nommait Julian. Il s'affichait poète et apprenti saltimbanque car, suivant des cours de comédie en parallèle de l'université. Valentin imagina que, comme lui, il avait dû baigner dès sa plus tendre enfance dans un milieu artistiques et intellectuel pour disposer d'une telle érudition et d'un tel esprit critique. L'étudiant connaissait notamment par cœur de nombreux passages de son premier roman.

Autant intrigué qu'attiré par ce très beau garçon, Valentin l'invita peu après à diner. L'étudiant accepta en lui adressant un regard plein de sous-entendus. Les deux hommes purent ainsi continuer leur conversation débridée dans un petit restaurant où l'écrivain avait ses habitudes. Là, le jeune homme lui avoua qu'il n'était autre que le fils du peintre Thomas Pickett et de la poétesse lesbienne Léda.

Ainsi, il avait eu des nouvelles de son ancien complice de débauche. Le peintre avait rompu depuis cinq ans avec Miles. Après une période difficile, l'artiste vivait une nouvelle histoire avec un restaurateur du Village.

Le diner fut très animé entre les nombreuses anecdotes et mots d'esprits de l'un et de l'autre. Cependant, alors que Valentin, totalement sous le charme, avait déroulé toutes ses tactiques habituelles pour amener le beau gosse jusqu'à son lit, ce dernier s'était dérobé sous prétexte d'un autre rendez-vous.

Cette situation avait laissé le romancier déçu et frustré. Il commençait à douter de son pouvoir de séduction. C'était sans doute cette barbe de gourou qui le vieillissait. Il décida de la couper pour gagner dix ans mais, se ravisa aussitôt sous prétexte de sombrer à son tour sous les dictats de la jeunesse. De retour chez lui, il avait contacté Zach via Skype. Il lui conta par le menu sa rencontre du jour.

- Il a tout pour me faire morfler mais, je ne sais pas si j'ai autant envie de souffrir que ça.

- Tu sais que la souffrance peut être constructive. Souviens-toi que William n'avait jamais été aussi bon que lorsqu'il avait souffert de t'avoir aimé sans retour.

- Oui, c'est bien ce qui me fait peur. J'ai l'impression qu'il va jouer avec moi comme je l'avais fait avec Will. Je connais déjà par cœur toutes ses ficelles. Et, cependant, même avec toute cette expérience, j'ai envie de me laisser embarquer pour des tas de raisons.

- Eh bien vas-y.

- Ce soir, je me fais l'impression d'être un de ces vieux vampires millénaires qui veut aspirer l'esprit de l'époque d'un nouveau-né au monde la nuit.

Le jeune vampire ne mit pas beaucoup de temps avant de reprendre contact avec son ainé. Cette fois Valentin l'avait invité chez lui espérant secrètement que dans l'intimité du lieu, le jeune homme tomberait plus facilement à sa merci.

Julian était arrivé tardivement après son cours de théâtre. L'antre de Valentin à Greenwich Village était un lieu chaleureux débordant de livres et d'œuvres d'art. L'étudiant s'y sentit de suite à l'aise. Il s'affala de tout son long sur le canapé en cuir vieilli du salon puis, attrapa la bière que lui tendait l'écrivain. Ce dernier ne cachait pas sa joie de revoir le beau gosse même s'il en avait volontairement rabattu sur les tentatives de séduction. Le jeune homme fut un peu décontenancé par cette attitude inattendue mais, il n'en fit rien paraître.

L'encre d'une vie (BXB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant