PAPILLON CHINOIS: Espoirs cachés ( dispo sur amazon )

Chapitre 5

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Célina

Malgré la pluie fine qui s'abat sur moi, je marche le long de la plage déserte. La main en visière, je scrute l'horizon. Il n'y a personne à part moi et je dois dire que j'adore ça, car je m'entends respirer et penser. Même si je n'aime pas la pluie, elle ne me dérange pas. J'aime bien la sentir s'abattre sur moi et glisser sur mon visage. Ça me donne l'impression que ça me lave de tous mes péchés. En fait, ce que je déteste, ce sont les orages. Alors que je regarde l'horizon, là où le ciel et la mer se perdent et se rejoignent, j'éprouve un étrange sentiment de calme s'emparer de moi. Ça ne m'était pas arrivé depuis longtemps, trois mois exactement. J'ai vraiment l'impression d'être seule au monde et c'est grisant. Cette plage m'appartient.

Je m'assieds à même le sable mouillé, ôte mes tongs et plante mes pieds dans le sable collant, mais chaud, tout en inspirant l'air frais et l'odeur du sable mouillé. Je prends appui sur mes mains que je pose à hauteur de mes fesses et rejette légèrement la tête vers l'arrière. Je regarde droit devant moi. Je me laisse aller et profite de ce sentiment de liberté qui me gagne, alors que le vent fait danser mes cheveux. Je ferme les yeux et inspire longuement et fortement comme pour décrasser mes poumons.

Je reste ainsi sous la pluie de longues minutes jusqu'à sentir une présence à mes côtés. Je l'entends se poser. Je n'ai pas besoin d'ouvrir les yeux pour savoir de qui il s'agit. J'ai reconnu son parfum. Je fronce les sourcils d'être dérangée et ouvre les paupières. Je reprends mes esprits et plonge mon regard dans le sien. Pourquoi est-il aussi beau ? Will a une beauté naturelle indéniable et un charisme fou. Son regard est hypnotique. Pourquoi ses yeux à cet instant sont-ils aussi expressifs, eux qui sont généralement si froids, et lui confèrent cet air ténébreux qui a fait mouiller plus d'une petite culotte ? Ne pas m'attarder sur cette apparence trompeuse.

Les désillusions et les déceptions ont été bien trop brutales.

— Tu vas bien ? me demande-t-il d'une voix inquiète, accroupi, en face de moi.

Il ne me regarde pas, il me scrute et tente de me décortiquer.

Je ne me laisserai pas amadouer par ses œillades. Il n'aura droit qu'à ma froideur et à mon indifférence.

— Pourquoi ça n'irait pas ?

— Tu réalises qu'il pleut et que tu es la seule à être sous la pluie.

— C'est pour ça que tu viens me déranger. Quoi ? j'ajoute en plissant les yeux face à son regard.

— Tu vas attraper la mort.

— Pas avec une pluie aussi fine. Tout au plus un petit rhume !

Je ne peux m'empêcher d'attarder mon regard sur lui, sur ses lèvres pleines, sur ses cheveux ébouriffés. C'est plus fort que moi. Will est le genre d'homme aussi fascinant que beau, qui attire le regard et ne laisse pas insensible. Il émane de lui, virilité, force et confiance, tout ce qu'une femme aime et recherche chez un homme. Mais Will est surtout versatile, inconstant et sans cœur. Je dois prendre de la distance, oui, mettre une distance émotionnelle entre nous, si je ne veux pas de nouveau souffrir, voire souffrir davantage. Ne pas laisser sa belle gueule, ses mots mielleux, son regard ardent m'ensorceler. Non, carrément obscurcir mon jugement.

Mon regard le détaille. Il porte un tee-shirt blanc dont il a roulé les manches à hauteur de ses épaules me laissant le loisir d'admirer ses biceps, et un jean bleu qui lui serre les cuisses, et surtout, qui doit lui mouler le cul. Will est une tentation de tous les instants, irrésistible et attirant. Ses cheveux mouillés ont légèrement ondulé sur leurs pointes et lui tombent sur le visage, malgré la veste dont il s'est recouvert. De sa main, il les ramène vers l'arrière sans me quitter des yeux. Dès qu'il pose une main sur mon bras, je me mets en apnée, et la sensation de manque que je ressens en moi depuis trois mois disparaît. Il suffirait d'un rien pour que ses lèvres se posent sur les miennes. Sa proximité me trouble. Son contact fait clignoter toutes les lumières dans ma tête. WARNING...