❝dare❞

08: "première nuit"

«Je vous félicite, vous avez tous réussis à survivre. Par contre, ce ne sera pas aussi facile pour tous les défis.»

Pour Alan et Rachel qui avaient eu beaucoup de misère à atteindre le but, l'entente du mot facile, sur lequel il avait insisté, les mirent mal-à-l'aise.

«Vous pourrez vous reposez avant le prochain défi. Vous avez douze heures pour faire ce que vous avez à faire. La toilette est dans la porte qui apparaîtra dans quelques instants.»

— C'était pas trop tôt, lâcha Maggie en roulant des yeux et croisant des bras. Et puis, ils espèrent qu'on dorment sur le plancher ?!

— Je l'ignore, mais je crois qu'il est plus sage de dormir et de faire nos besoins avant la deuxième épreuve.

Un grincement suivit sa dernière réplique. Six têtes se retournèrent vers la source de ce bruit étranger. Ils aperçurent alors une porte qui n'était pas là auparavant. Ariana se précipita vers celle-ci.

— Je suis la première ! s'écria-t-elle en s'enfermant dans la petite pièce.

— Je suis la deuxième, ajouta Maggie.

— Je suis après, si personne ne veut y aller, dit Rachel.

Jules retint un petit rire.

— Ce sont des filles, fallait s'y attendre, rigola-t-il. Mais, euh, je vais y aller après Rachel.

Alan et Nick restèrent silencieux. Le sportif se débarrassa de son sweatshirt noir et le jeta en boule par terre.

— Je sais pas pour vous, mais moi il y a une grosse journée qui m'attend demain et je dois me reposer. Bonne nuit.

***

Vers 3 heures du matin, Ariana s'était réveillée et était allée vers les murs en bois pour essayer d'en évaluer l'épaisseur. Quelques minutes plus tard, une main se posa sur son épaule, ce qui la fit sursauter de surprise. Elle lâcha un petit cri qui fut accompagné d'un «chut» de la part de son partenaire.

C'étais Jules. Elle le détailla lentement; elle n'avait jamais vraiment pris le temps de le regarder, et ce n'était pas le bon moment pour, car il faisait noir, mais elle ne pouvait détacher son regard du sien. Il avait les yeux bruns foncés, virant presqu'au noir. Des cils longs, et des sourcils assez épais qui s'agençaient parfaitement avec ses cheveux noirs, mi-longs. Il avait aussi la peau un peu foncé. Sans être trop foncé, il était d'une beau brun pâle.

Après l'avoir observé pendant quelques secondes, elle lui tourna le dos et continua ses recherches. Elle essaya à plusieurs reprises de lancer un caillou trouvé par terre par dessus le mur, mais celui-ci faisant presque 6 mètre, ses petits bras n'étaient pas en mesure de lancer aussi loin.

Elle demanda de l'aide au beau basané.

— Je comprend pas, tu veux faire quoi au juste ?

— Je veux trouver l'épaisseur de ce mur, Jules.

— Et tu comptes t'y prendre en lançant des cailloux, comme ça, de l'autre côté ?

— Oui.

— Ça fonctionnera pas Ariana. Tu t'y prends de la mauvaise façon.

Son commentaire affecta peu la jeune femme car elle décida qu'il n'était pas nécéssaire de porter attention à des insultes.

— Je vais t'aider, soupira-t-il.

Elle fut d'abord surprise par ce changement immédiat d'humeur mais elle ne fit aucun commentaires et sourit dans le noir. Elle commençait à apprécier ce garçon.

Il était certes plus sympathique que Nick, qu'elle avait pu rencontrer plus tôt dans la journée et Jules était aussi plus beau que lui; ça aidait.

Il empoigna une petite roche et la balança de toute ses forces vers le haut. Elle se cogna contre le mus et retomba vers eux. Quand elle heurta le sol, elle se fracassa en deux morceaux. Il essaya de nouveau, et atteint le haut complètement, où la roche se posa.

— En quoi ça doit te servir ?

Elle haussa les épaules.

— En fait, j'en sais rien. Tout ce que je sais c'est que je veux sortir d'ici, et que je dois trouver tous les moyens de le faire. J'ai déjà vérifié plusieurs fois. Il n'y a aucune faille qui nous laisserait l'opportunité de faire quelque chose. Et même s'il en avait une, que pourrions-nous faire ? On a aucuns moyens de communication, aucuns vêtements, aucune nourriture, pourquoi nous donneraient-ils des outils ? Ils ne veulent tout de même pas qu'on réussisse à sortir, ils veulent qu'on meurt. C'est ça qu'ils veulent Jules. On est... on est des porcs sur le chemin de l'abattoir.

Le jeune garçon resta silencieux un moment. Évidemment qu'il savait ce qu'elle venait de dire, mais cest comme si son cerveau ne voulait pas l'admettre. Il allait survivre, il le sentait.

Ils furent bientôt rejoints par Maggie, qui venait d'être réveillée par les bruits de cailloux. Il faut dire qu'elle avait le sommeil léger, et qu'elle se réveillait facilement. De toute façon, elle était souvent somnambule sans s'en rendre compte.

— Vous savez quoi ?, déclara-t-elle en arrivant vers eux. Ma famille me manque.

— Ma famille me manque aussi, avoua Ariana on joignant ses mains près de son cœur, regardant le plancher. Tu crois qu'ils ont étés avertis ?

— Avertis de quoi ? Que leurs enfants allaient être enlevés et amenés on-ne-sait-où ? l'interrompit Jules.

— Mouais... C'est un peu con comme question, approuva la jeune châtaine.

— En tout cas, ça a été génial de vous voir mais je crois que je devrais aller dormir pour avoir beaucoup d'énergie demain, s'excusa Jules en retournant vers son «lit», les saluant de sa main gauche.

Les deux filles le saluèrent avant que Maggie s'assoit sur le sol, imitée par Ariana.

— Tu l'as trouvé comment la première épreuve ?

— Pour être arrivée quatrième, je crois que c'est assez stressant. Je dirais juste que je devrais arrêter de trop lenser à ce que je fais, je devrais prioriser la vitesse au bon travail. Tu comprends?

Maggie hocha lentement la tête, l'air songeur.

— Tu penses quoi de Rachel ? questionna la brune.

— J'ai l'impression qu'elle est trop fragile et dépendante de l'autre mec. Je ne sais pas vraiment son nom, mais ce que je sais c'est qu'il n'y a rien d'un mec attirant, selon moi, rigola Ariana.

Maggie approuva en riant. Elle imita Alan avec ses «lunettes d'intello», qu'elle imita avec ses doigts. Elles rigolèrent pendant quelques minutes, discutant et imitant leurs adversaires.

— Entre Nick et Jules, lequel est le plus attirant selon toi ? demanda Ariana.

— Personnellement, physiquement; et psychologiquement, c'est Jules. Je sais pas, il est beau, il est protecteur, il est gentil... Il a tout du garçon parfait.

— Effectivement, acquiesça Ariana en s'étirant, lançant ses bras de chaque côté en baillant.

Et les deux filles s'assoupirent toutes deux près de l'autre, sur le sol froid et dur.

Elle ne savaient pas que le lendemain leur réservait une perte douloureuse. Douloureuse pour une personne en particulier.