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# Aliana

− T'es pas possible ! aboie mon frère à côté de moi, les mains sur son visage.

Matt, mon stupide frère, a deux ans de plus que moi. Il passe son temps à dealer dans notre appartement que nos parents nous paient tous les mois. Ils croient que nous sommes responsables, que nous sommes des enfants sages qui suivent le cours de la vie tels deux adultes. Malheureusement pour eux, c'est tout le contraire. Matt travaille dans un bar non loin de notre appart tandis que moi, je suis à la fac de commerce. Mes parents me répètent souvent que je suis plus intelligente pour aller à des facs plus... « expérimentées » comme ils le disent. Et c'est pour ça que j'utilise cette intelligence, ces facilités pour sortir plus souvent et faire tout ce que je veux.

Je viens tout juste de lui révéler l'accident que j'ai eu hier en rentrant de chez un de mes potes. D'ailleurs je ne me rappelle même pas de ce qui s'est passé chez lui, l'alcool m'a tout enlevé. Il a pris tous mes souvenirs. Cet accident s'est produit parce que je n'ai pas appuyé sur le frein, dommage pour eux.

− Qui étaient ces gars qui t'ont rentré dedans ? demande-t-il soudainement.

− Jamais vu.

Je n'ai aucune idée de qui ils peuvent être, de qui il peut être. Ce garçon fait deux têtes de plus que moi, j'ai l'air minuscule à ses côtés. Ce n'est pas la taille qui me fait peur, je suis effrayée ni par lui, ni par la mort. Je n'ai peur de rien, aucune chose ni aucun être humain ne m'intimide. Je me contente de vivre comme je l'ai toujours fait.

Il est étrange quand même, il a attiré mon attention malgré tout. Je suis sûre que sous son t-shirt se trouve un beau torse musclé. C’est regrettable de ne pas en profiter, l'altercation gâche toutes mes chances. Elle supprime une énième victime qui aurait pu s’ajouter à ma liste. Malheureusement je ne vais pas le croiser une seconde fois, à moins qu'il ne vienne pour me faire rembourser les dégâts de sa voiture. Une chose est certaine, je le hais déjà.

− Demande à Dani de réparer la bagnole, parlé-je d'une voix toute douce.

Je n'ai aucun sentiment pour mon frère, aucun. Il appartient juste à ma famille et je dois le supporter puisque je suis ici. Je peux très bien me débrouiller seule mais il a fallu qu'il me rejoigne pour son job. Ce n'est pas plus mal que ça, il ramène tous les soirs des personnes en manque de drogue, ou toute autre substance de ce style. Quelques fois, ce sont des aventures d'un soir qui arrivent ou des garçons que j'ai lâchement jetés. Ce qui fait augmenter sa clientèle et il en est fier de ce business, de son business.

Il faut avouer que je ne me lasse jamais de détruire les gens à petit feu, de les réduire en cendre. Nous vivons dans un monde sadique où aucune pitié n’est acceptée, pourquoi moi diable j'en aurais ?

− J'ai mes stocks qui arrivent ce soir, reprend-il sérieusement.

Ses « stocks » signifient que ses réserves de médicaments à en devenir accro sont prêts. C'est pratique d'en avoir, je peux me servir quand je veux. De toute façon mes parents sont à la tête d’une grande entreprise et peuvent gérer si nous avons un manque d'argent. Pourquoi se priver de ce qui nous est offert ?

* * *

− T'attends quelqu'un ? questionné-je Matt en entendant la sonnette de l'appartement

Il fait un signe négatif de la tête et part ouvrir à la personne en question.

− Méline ? m'interrogé-je, surprise de voir une de mes soi-disant amies au bas de ma porte.

Elle est très classe, aux traits fins, une pure métisse. C'est la fille la plus respectueuse que je connaisse et la seule vierge d'ailleurs. Elle a beau avoir vingt-et-un ans et être de mon âge, elle est persuadée qu'elle va trouver le « prince charmant ». Mais tout le monde sait qu'il n'existe pas, que les sentiments ne sont pas réels ; que tout ça n'est que problèmes et sottises. Seuls les faibles y croient.

− On est samedi soir...

− Et ? l'incité-je à continuer.

− À ton avis, pourquoi mes stocks arrivent ce soir ? rajoute mon frère, s'incrustant dans la conversation.

Un énorme sourire s'affiche sur mes lèvres, prête à relever un nouveau défi. Comme à chaque fois, nous nous lançons toutes les deux des petites provocations idiotes afin de les réaliser. La dernière fois Méline a atterri dans la poubelle à vouloir marcher sur un muret, ivre.

− Tu reçois du cannabis ?

− T'en auras sûrement à vingt-trois heures, me sourit-il avec un clin d'œil.

* * *

− C’est qui ici ? m’adressé-je à Méline.

− Chez ton ex.

− Lequel ? rigolé-je, poursuivie par mon amie.

Nous entrons ensemble dans la maison en bousculant quelques personnes au passage. Certaines bourrées, d'autres assoiffées, d'autres déprimées ou encore en manque de sexe. La musique résonne fortement dans mes oreilles et qu'est-ce que j'aime cette sensation ! C'est telle une alerte donnée à ton corps, l’obligeant à être en accord avec le rythme qui se propage dans toute la maison. Les fêtes de ce genre il ne faut pas les louper, et je n'ai encore jamais manqué une occasion d'y assister. Tous les moyens sont bons pour arriver à nos fins.

− Cocktail comme d'habitude ?

Méline hurle à travers la pièce, nous ne nous entendons pratiquement pas. Je parcours du regard les personnes qui sont présentes et m'arrête sur lui. Il est assis sur le canapé, avec le même homme que la dernière fois. Il a planté son regard dans le mien et n'a pas la moindre idée de qui je suis ni de quoi je suis capable. Il va regretter de m'avoir croisée et parlée le jour de l'accident, ce qui l’attend est un jeu pour moi.

− J'ai un tout autre défi pour ce soir, Méline... 

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A très bientôt pour un nouveau chapitre ! 💯

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L.

Cœur NoirWhere stories live. Discover now