Lundi 12 septembre

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J'ai 15 ans aujourd'hui.
Alors, c'est donc ça, les hôpitaux psychiatriques.
Une chambre blanche, des vêtements blancs, des infirmières en blanc.
Comment peut-on, à 15 ans, se faire interner ? C'est simple il suffit d'être diagnostiquée folle, excusez-moi, schizophrène.
Je n'ai rien de ce qu'ils disent,
je n'entends pas de voix, je me parle de temps en temps à moi-même mais tout le monde fait ça.
Je n'éprouve pas de difficulté à établir un contact avec mon entourage, c'est seulement que les gens de mon lycée m'insupportent.
Et je ne ressens pas d'insécurité permanente, je sais que ce monde est dangereux et que certaines personnes nous veulent du mal.

J'ai envie de m'enfuir, courir, jusqu'à de plus avoir de force et mourir. Je ne suis pas schizophrène, juste un peu dépressive.

L'infirmière m'a dit de me reposer, qu'elle passerait dans une heure pour me faire visiter les lieux.
Je l'ai entendu tourner la clef dans  la serrure. Elle a peur que je m'enfuie.

Je suis allée voir le médecin avec ma mère samedi, il m'a posé plusieurs questions :

«- J'ai l'impression que parfois mon cerveau se dérègle, je vois des choses puis une seconde après, je retourne à ma vision normale.
- As-tu du mal à distinguer tes hallucinations de la réalité ? Me questionne le vieux docteur,
- Ce ne sont pas des hallucinations, une paire de lunette et, tout ira bien nan ?
- Ma chérie, dit au médecin ce que tu penses de ton camarade, Louis, me dit ma mère , elle s'adresse à moi comme si elle parlait à un enfant de trois ans ou à un chat.
- À oui !, Dis-je en murmurant comme si nous étions écoutés,  je le soupçonne de me vouloir du mal. Lorsque je suis seule dans une pièce avec lui, je ne me sens pas en sécurité. J'ai très peur.»

Puis il a parlé à ma mère pendant que j'attendais à l'extérieur. Je les ai entendus parler du fait que je me désintéressais de nombreuses  choses et que je me renfermais beaucoup sur moi-même.
Ma mère a aussi dit au médecin que parfois elle m'entendait parler seule. C'est elle la folle, pas moi.

Mais le lundi suivant c'était moi qui étais en hôpital psychiatrique.

L'infirmière m'a fait visiter les lieux. Il y a une salle de classe pour continuer à travailler, même les fous peuvent apprendre. Il y a une salle de sport, une bibliothèque, un grand salon et une cantine. Rien d'exceptionnel.

Journal d'une FolleUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum