Miss Kilos - Parole de grosse

Chapitre 6 - Me against You

Il n'y a pas un bruit, pas un murmure, rien. Cela fait déjà une bonne demi-heure que la sonnerie a retenti et comme à leur habitude, tous les élèves se sont déjà précipités dehors. Tous sauf moi, qui attends. J'attends que le flot d'élèves s'en aille, car j'en ai peur. J'ai peur que l'on me rappelle ce qu'il vient de se passer. Cela a sans nul doute fait le tour du lycée. Je me suis donc contentée de rester dans un coin, sous les escaliers. Là où personne ne viendra me chercher. Pas même lui.

Je le vois passer devant à trois reprises. Il semble chercher quelque chose ou quelqu'un. M'avancerais-je en disant que c'est moi qu'il cherche ? Mais lui aussi, je voulais l'éviter. Pendant des heures, ses mots ont résonné comme un écho en moi et pendant des heures j'ai essayé de me convaincre que je ne l'écouterai pas. Je ne le ferai pas. Il faut se rendre à l'évidence, il délire complètement. Je refuse de me ridiculiser encore plus. Et puis quoi encore ? Je n'aime pas la façon dont ça m'a été présenté. Il était si sûr de lui, si confiant, persuadé de pouvoir réparer quelque chose de cassé en moi.

Mais voilà un scoop, l'ami... À l'intérieur, il n'y a plus rien, donc plus rien à réparer.

Sac à dos suspendu sur l'épaule, écouteurs dans les oreilles, je me surprends à lâcher un soupir plus gros que moi. J'en avais besoin. J'avais l'impression que libérer autant d'air me « dégonflerait ». Mais ce n'est pas le cas. J'avais juste besoin de rentrer et d'oublier cette journée.

Assise à l'arrêt de bus, je regarde les minutes défilant sur mon téléphone. Un coup d'œil à droite, puis à gauche. Personne. Caleb n'est pas là. Il est assez intelligent pour avoir compris le message, je pense. Tant mieux. Je n'ai pas envie de me fatiguer avec ses folles envies. Pourquoi lui ferais-je plaisir, d'abord ?

Le bus arrive enfin. Je monte, m'installe à côté de quelqu'un qui a la tête appuyée contre la vitre, capuche sur la tête. Lui aussi a l'air de vouloir qu'on lui fiche la paix. Je me sens moins seule tout à coup.

— Tu n'es vraiment pas facile comme fille, tu le sais ça ?

Un cri m'échappe et tous les passagers se retournent. Mon voisin retire ses lunettes de soleil et me fait un petit clin d'œil complice. Ce type me harcèle.

— Qu'est-ce que tu fais là ? demandé-je à Caleb en grinçant des dents.

— Je savais que si je t'attendais à la sortie des cours, tu me fuirais alors je me suis permis d'avoir un coup d'avance sur toi étant donné que... j'avais raison. T'étais où à la récré ?

— J'avais besoin d'être seule. Comme maintenant.

— Et moi j'ai besoin de te parler. Pourquoi me fuis-tu ? m'interroge-t-il comme s'il ne connaissait pas déjà la réponse à cette stupide question.

— Parce que.

— Ce n'est pas une réponse ça. Tu es fâchée encore ?

— Oui. Non. Je ne sais pas.

— Je vois... Bon, bah écoute-moi, au moins je te laisserai tranquille après.