Chapitre 55

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Les bras de Brandon ne sont pas fins. De plus, il n'est pas mince mais de morphologie classée « dans la norme ». Ce n'est pas mon petit ami. La bouche que je venait d'embrasser n'était pas la sienne mais celle de sa cousine. Louna.

Le pire dans tout ça est que je suis persuadée que c'était volontaire. J'écarte mon visage :

« Louna ?

- Désolée...

- Pourquoi t'as fais ça ?

- Je n'arrivais plus à me contrôler. Jusqu'à présent j'arrivai à me retenir mais là j'ai succombé.

- Tu... tu m'aimes ? Je déglutis.

- Oui. Pour être franche, les sentiments sont apparus quelques mois après notre rencontre. À l'époque, je ne comprenait pas pourquoi je ressentais ce picotement dans le cœur quand je te parlais. Je me disais que c'était parce que je t'appréciai beaucoup. Plus tard j'ai compris que c'était plus que ça. On ne peut pas ressentir de la jalousie pour une amie quand elle parle à un mec. Pas à ce point en tout cas. Sachant que tu ne me voyais que comme une amie, j'ai essayer de me remettre en question. Je me suis intéresser aux mecs, flirter avec, sans succès. Avec tout les garçons auxquels je m'intéressai aucune relation ne durait. Je me suis mise en tête que c'était de ma faute, que je n'étais pas faite pour eux mais je retentai sans relâche. En faisant ça, je n'arrivai même pas à t'oublier. C'est alors que j'ai compris que les hommes ne m'attirait pas. Pourtant dans la rue je ne me retourne sur aucunes personnes des deux sexes. Aucunes sauf toi. Tu me fait rire, sourire même quand tout va mal, tu me connais mieux que quiconque. Pourtant, tu ne me connaît pas totalement. Alors la réponse est oui, si tu penses à la question : «Dans ton sommeil tu fais des rêves où tu embrasses des femmes ? ». C'est dure de connaître ses attirances. On pense être quelqu'un et un jour on remarque qu'on en est une autre. Je ne suis pas hétéro. Bisexuelle ? Je ne pense pas, car comme je te l'ai dit les hommes ne me font rien. Lesbienne ? Sûrement. Ce n'est pas facile à dire. On peut être rejeté, insulté. Je sais que je n'aurai pas dut t'embrasser. Tu es amoureuse, en couple et en plus de ça avec mon cousin. Je ne suis que ta meilleure amie et je ne changerai pas de statut.

- Louna, tu aurais put le dire... Je reste avec toi pour ce que tu es... je m'en fous du reste. Je ne t'aurai pas abandonné. Une meilleure amie on ne la lâche pas.

- Tu dis ça mais tu vas le faire....

- Moi ? Jamais. Tu ne me dégoutte pas et je suis même flatté que je t'intéresse même si ce n'est pas réciproque.

- Je vais me rendormir. Bonne nuit, Stella.

- Je t'adore et je te promet que ça ne changera rien entre nous Bonne nuit Louna ».

Une demie-heure plus tard, je l'entend renifler. Je suis mal pour elle. Je me lève et m'approche de là où elle dort. Je lui fait un bisou sur la joue et la prend dans mes bras où elle verse toutes les larmes de son corps.

...

Le réveil est silencieux. Louna reste muette. Elle ne se sent pas bien par rapport à la veille. Je la comprend mais je ne veux pas que quelque chose change entre nous.

Nous déjeunons dans le plus grand calme. On croirait qu'une personne est morte. Ma mère prend en motif la fatigue. Elle ne se doute de rien et heureusement car elle le raconterai à mon père et ça ferait des étincelles. Il est tolérant envers les handicapés, mais pour ce qui est au niveau de la sexualité c'est différent. Il reste fixé sur le fait qu'on est né pour être avec une personne du sexe opposé. Voir des lesbiennes dans la rue en train de s'embrasser ne le dérange pas mais ne trouve pas convenable qu'elles puissent avoir un enfant. Le petit a besoin d'un père et d'une mère pour se mouler dans la société et ne pas se perdre.

Le petit-déjeuner ingurgité, je remonte à l'étage suivi de Louna. Je m'habille et me prépare la laissant dans ma chambre. Sorti de la salle de bain, je pose mon pyjama sous mon oreiller et fait mon lit.

« Tu n'as pas dit un mot depuis ce matin...

- Désolée, me répond-t-elle.

- Je ne t'en veux pas pour cette nuit. À ta place, j'aurai craquer et bien avant je crois. Ça ne change en rien que je t'aime plus que tout, tu es ma meilleure amie Louna. Après, c'est vrai que tes sentiments sont différents mais je ne veux pas que tu t'éloignes. Je t'en supplie.

- M'éloigner de toi ce n'est pas mon intention. Au contraire. Juste qu'il faut que tu me laisse le temps de digérer tout ça. J'ai un poids en moins sur le corps mais c'est comme s'il était toujours là. Le voyage me changera les idées ».

À midi, les parents de ma meilleure amie viennent la récupérer. C'est la dernière fois que je la vois avant qu'elle ne s'en aille. Même si elle est encore ici une semaine elle sera occupée à faire les papiers, sa valise. Et puis, il vaut mieux pour elle qu'on ne se voient pas. Au moment de nous faire la bise elle me serre fort dans ses bras. Nous restons comme ça plusieurs secondes.

La voiture s'échappe de la rue en laissant derrière elle de la tristesse et de la peur dans mon cœur.

...

Voilà une semaine que Louna est rentrée d'Irlande et je n'ai reçu aucun messages. Je lui en ai bien sur envoyé un pour qu'elle me raconte ses vacances. Elle le réceptionne, le lit mais ça s'arrête là. Aller chez elle ne ferait qu'empirer la chose. J'aimerai qu'elle réponde.

Entre temps j'étais avec Brandon. Il est venu deux fois chez moi et le reste nous étions dehors. Plage à gogo, ballades. Je me suis même baigner la nuit.C'était bien d'avoir toute la mer rien qu'à nous et à quelques autres courageux. Je ne lui ai pas dit pour sa cousine. Même si ils sont proches, je ne pense pas qu'il resterait calme en apprenant qu'elle m'a embrassée. Et que je me suis laisser faire comme une idiote, croyant que c'était lui.

Deux jours plus tard.

Louna vient de me répondre. Elle me dit qu'elle va bien et qu'elle a passée de bonnes vacances. L'Irlande est un pays magique. Elle me raconte qu'elle a passer ses journées à visiter la prison de Kilmainham, l'Anneau du Kerry, le château de Blarney ou encore les falaises de Moher. Là-bas, il y dégage une atmosphère de « pub », festive. Dans ce pays, vous pouvez manger le matin l'Irish Fry (assiette d'œufs brouillés ou au plat, de tranches de bacon rissolées, de boudin noir et blanc, de saucisses et champignons grillés, de tomates et de pain au babeurre), apercevoir dans la rue des personnes étant couvertes très légèrement et ça à n'importe quelle saison et d'autres avec des kilts, des filles se maquillant comme des pots de peinture même au collège. Bref, un monde différent de celui de la France.

À part ça, nous ne parlons de pas grand-chose d'autre. Elle me demande si son cousin va bien. Je la sent pleine de remords.

Sur le sable, je passe de la crème solaire sur le dos de Brandon. Le soleil cogne. Je lui rend la pareil. J'ai la peau fragile et nombre de fois je me suis prise des coups de soleils. Mon chéri se moque de mes traces de bronzage à chaque fois que je me déshabille.

L'eau est bonne et affiche une température de vingt-deux degrés. Nous avons mit précédemment les affaires personnels dans un casier ce qui nous laisse la liberté de se baigner ensembles. Il me porte sur ses épaules puis me jette à l'eau. Je veux faire de même mais j'ai moins de forces. Main dans la main, nous avançons là où c'est plus profond et nageons. Dans l'eau, je ne ressent plus la chaleur. Un enfant s'amuse avec ses parents. Ça fait depuis longtemps que je ne suis pas venu en famille. Je retourne sur le sable pour lézarder. Je m'amuse à faire monter et descendre les lunettes sur le bout de mon nez. Un marchand itinérant passe et nous vend deux glaces italiennes. Je fais goûter la mienne, à la vanille, à Brandon et en lui en met sur le nez au passage. Je prend de la sienne, au chocolat, et m'en reçoit également mais sur la poitrine.

En fin de journée, de la musique explose nos tympans. Des sonos ont étés installées sur les plages et des cours de Zumba gratuits pour mettre la ville en folie en préparation d'un match de foot. Je ne comprend pas cet engouement excessif pour ce sport de balle. Mais bref, ça met de l'ambiance.

Après avoir ramassé et récupéré nos affaires, nous dansons sur le sable. D'autres personnes finissent par nous joindre. Dans le métro, ma tête est toujours dans l'euphorie. Je la pose sur l'épaule de Brandon et me laisse bercer.

Au delà du regardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant