Partie 1 sans titre

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La fillette marchait dans la rue, dans le froid. Cela faisait plusieurs jours maintenant qu'elle errait l'esprit vide, l'estomac creux, le corps gelé. Elle leva les yeux et aperçut enfin ce palais plein de belles promesses pour elle. Elle avait ouï dire que de la nourriture et des lits bien chauds l'attendaient là-bas. Tremblante de froid et de faim, elle redoubla d'allure pour y parvenir le plus rapidement possible. Sur sa route elle ne pouvait s'empêcher de remarquer les regards remplis d'effroi, de mépris et de haine qui lui étaient adressés. Stupéfaite par cette animosité, la petite princesse ne comprenait pas la raison de ce traitement. Mais la faim et le froid emporta ses pensés comme ils avaient emportés ses parents l'année passée, et, bientôt, il ne resta en elle plus rien que cette sensation douloureuse, ce gouffre dans son estomac, et la morsure glaciale sur sa peau frissonnante. Après une marche douloureuse qui lui paru durer des heures, elle arriva à la porte en verre du palais, dont elle avait tant rêvé. Derrière la barrière invisible du verre, des ombres en lambeaux se déplaçaient lentement, comme des fantômes, un bol fumant à la main. Elle comprit que les personnes qu'elle voyait à travers cette vitre étaient tous comme elle. Elle frissonna, le froid lui mordit les joues, sans pitié. Si elle avait su le déchiffrer, l'écriteau accroché à la poignée de la porte lui aurait été utile ; mais ce n'était pas le cas. Elle poussa donc la poignée du palais, sans savoir qu'il était déjà, comme le panneau l'annonçait, « complet ». Elle entra. Une odeur de soupe chaude et une bouffée de chaleur lui fit retrouver le sourire pour un court moment. Ils lui annoncèrent qu'ils n'avaient plus de place. Elle sortit. Une larme coula sur sa joue, s'échoua sur ses lèvres grelottantes. Elle se demanda si c'était le froid, la peur, la tristesse, ou les trois à la fois. Elle s'avança vers un homme bien mit, pianotant sur son portable, emmitouflé dans un grand manteau de velours, avec des cheveux gris et la mâchoire carrée, comme un banquier. D'une petite voix, elle le supplia de l'héberger le temps d'une nuit. Il l'ignora. Elle s'adressa à d'autres personnes, sans succès. Alors elle comprit ce qui allait lui arriver. Elle s'assit et attendit, la tête baissée, la venue de cette vieille connaissance à qui elle avait réussi à échapper de justesse jusqu'à maintenant.
Avant d'être des sans-abris, ils sont des êtres humains. Leur refuser l'hospitalité, c'est agrandir le royaume des morts.

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⏰ Last updated: Jan 22, 2017 ⏰

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la petite princesse et le palaisWhere stories live. Discover now