« Mon amour, ceci est une lettre d'excuse... »

quinze

Tu as quitté la fac à présent. Tes mèches flamboyantes ont cessé d'illuminer les couloirs ternes et les amphi'. Ton ancienne bande me regarde de travers quand je croise leur chemin ; j'ai longtemps cru qu'ils m'en voulaient pour être celui qui a causé ton départ, mais j'ai finalement compris que c'est ma personne entière qui ne leurs convenait pas — ma personne d'homme qui baise avec d'autres hommes.

homo•sexuel
personne qui éprouve de l'attirance sexuelle pour des personnes du même sexe et qui s'en fou si ça ne vous plait pas, puisque jusqu'à preuve du contraire, il ne vous a pas demandé votre avis sur qui il devait enculer ou non.

Mon amour, ceci est une lettre d'excuse pour ne pas avoir été capable de te protéger de c'monde de cons, pour t'avoir fait voir à quel point notre chère capitale, nos avenues, nos trottoirs, notre fac remplie de gosses de riches abjects exhalaient les relents écœurants de la connerie. Mon amour, ceci est une lettre d'excuse pour ne pas avoir été assez fort face à ces abrutis qui pensent qu'un être humain vaut moins qu'un autre et qu'aimer peut être quelque chose de contre-nature, que nos nuits n'étaient que des délires de malades et que mes lèvres contre tes lèvres étaient un péché. Mon amour, ceci est une lettre d'excuse pour avoir cru que le genre humain était bon et tolérant, pour t'avoir entraîné avec moi dans ma stupidité naïve de penser qu'un être humain était libre d'aimer sans qu'un autre ne puisse l'en empêcher, sans avoir à demander à une masse si son amour était valide.