PLUME (nekfeu)

XIX.

La jeune fille s'éloigna soudainement, mais que faisait-elle ? Cet homme était le petit-ami de sa meilleure amie, c'était immoral ! Elle se retourna, remit ses lunettes de soleil et continua de préparer à manger. Elle entendit très clairement le soupir du jeune homme et ses pas s'éloignant. Elle l'entendit également parler, signe qu'il avait décroché.

Olivia s'en voulait, elle s'en voulait de faire ceci à son amie, elle s'en voulait de ne pas résister à ses pulsions. Elle s'en voulait. Elle ne pouvait faire ça. Elle avait failli être la cause de l'infidélité du petit-ami d'Angèle. Il ne fallait pas, il fallait se rendre à l'évidence. Tout ceci n'était qu'une triste blague, une blague qui allait devoir s'arrêter.

Versant la sauce dans les pâtes, de son oreille, elle discerna le bruit de la porte qui s'ouvrait à nouveau. Elle sentit une main se poser sur son épaule et l'effleurer. Elle sentit une respiration. Elle aurait pu se laisser aller, mais repensant à ses réflexions, elle se dégagea, leva un sourcil et demanda.

-Qu'est-ce que tu fais ?

Il la regarda, perdu, ce changement était obligatoire, Olivia le savait, il permettait de préserver Angèle et son amitié, ce qui était le plus important pour elle. Elle réchauffa le plat, récemment préparé, puis le servit dans deux assiettes. Elle les apporta sur le bar de la cuisine et s'installa sur un des tabourets. Il s'assit à côté d'elle et mangèrent en silence? Cette fois-ci, le silence fut gênant, il était lourd de sens pour elle et d'incompréhension pour lui. Elle décida de le briser.

-Sinon, quels sont tes auteurs préférés ?

C'est ainsi qu'ils partirent dans une conversation sur les livres, une conversation qu'elle ne pouvait tenir, normalement, qu'avec Corentin. Ils rirent de certains livres, en critiquèrent d'autres, ils parlèrent de leurs nouvelles préférées, de leurs romans fantastiques préférés. La brune allait lui dire pourquoi est-ce qu'elle aimait tant Percy Jackson quand son téléphone se mit à sonner, elle regarda le message qui venait d'être envoyé et faillit s'étouffer devant son contenu.

Son toussotement eut le mérite d'attirer l'attention du rappeur sur son téléphone qu'elle s'empressa de cacher. Il lui demanda ce qui la mettait dans un état comme ça.

-Rien, répondit-elle calmement, C'est mon supérieur qui m'a informé que je ne travaillais pas cet après-midi, cela n'arrive que très rarement. J'ai été surprise.

Il hocha la tête, semblant convaincu, finit son assiette et la regarda.

-Ça te dirait de rester avec moi cet après-midi du coup ? Enfin, il se gratta l'arrière de la tête, qu'on passe la journée ensemble quoi.

Elle sourit et hocha la tête. Il répondit à ce sourire et l'aida à débarrasser la table. Ils s'installèrent sur le canapé, la jeune fille ralluma la télévision, mit un film à l'eau de rose qui passait tout le temps sur la première chaîne, s'allongea de tout son long et se blottit sous une couverture. Le rappeur se mit à côté d'elle, droit comme un piquet. Elle soupira et lui conseilla d'enlever ses baskets, ce qu'il fit après un temps d'hésitation. Il ne semblait toujours pas détendu alors, elle l'attira contre elle et lui mit également le plaid sur les épaules. La tête sur son épaule, il chuchota.

-Ne me dit pas que tu es le genre de fille qui regarde ces niaiseries ?

Elle rigola un petit peu, puis chuchota sa réponse.

-Non, mais c'est un programme parfait pour débuter une sieste.

Il rigola, elle put sentir son souffle tapant sur sa peau, ce qui lui arracha une série de frissons.

-Est-ce que tu es au courant que c'est le genre de film dont Angèle raffole, continua-t-elle plus fort.

-Oui, c'est chiant d'ailleurs, et nul, en fait... C'est surtout nul.

Elle rigola de nouveau et opina de la tête, il était vrai que la plupart des scénarios étaient tirés par les cheveux.

-Le pire dans tout ça est que les scénaristes ont une vision de l'amour beaucoup trop parfaite.

-Comment ça ? lui demanda-t-il.

-L'amour, c'est quelque chose qui fait mal. L'amour, c'est un sentiment qui vous transporte pendant quelque temps puis vous écrase sans pitié. Ce sentiment n'est que pulsions, destruction, désillusion. L'amour, c'est la chose la plus débile que les hommes aient pu inventer.

Elle s'arrêta, se rendant compte que ses pensées avaient une fois de plus gagné, ses pensées s'étaient déversées si rapidement qu'elle ne les avait pas vu défilées. Le rappeur se redressa sur ses coudes, la surplombant de tout son corps.

-C'est ce que tu penses de l'amour ?

-Oui, elle détourna le regard gêné.

-Peut-être que tu n'as pas encore trouvé ton âme-soeur, la personne qui te fera de nouveau croire en l'amour.

-Parce que tu l'as trouvé toi ?

-J'en suis sûr.