Le train de banlieue annonce la fermeture des ses portes alors que quelques intrépides se glissent encore à l'intérieur du vieux wagon.
Quelques secondes plus tard, je sens le RER gronder puis avancer sous moi.
Assise sur mon siège tagué, les écouteurs branchés et la tête posée contre la vitre, je regarde ma banlieue défiler sous mes yeux.
Les vielles villes et leurs quartiers mal-famés. Les cités grises comme l'humeur de leurs habitants qui se dressent un peu partout, les usines désaffectées qui longent les rails du RER.
La banlieue c'est morose et rien n'y est rose.
Tout est misère et l'avenir est mort depuis quelques temps maintenant.
L'air des gens est toujours le même ; blasé et lassé.
Lassé de ces horribles villes aux odeurs nauséabondes, blasé par ces trains qui ne passent jamais.
En la regardant défiler sous mes yeux, je me dis que je hais cette banlieue. Je hais ma vie parmi ses murs, je hais ces jeunes qui ne savent pas se tenir, je hais ces bus fantômes et par dessus tout, je hais la tristesse qui s'empare de moi lorsque je pense à toi banlieue.
Alors je m'évade loin de tes districts.
Je cherche à rejoindre mon beau Paris qui semble m'ouvrir les bras lorsque je l'aperçois au loin quand je suis assise en classe au dernier étage de mon lycée.
Je rêve de pouvoir habiter chez toi, Paris. Je rêve de ne plus mentir lorsqu'on me demande où est-ce que j'habite. Nous les banlieusards avons pour habitude de répondre Paname.
Pourtant lorsque je descends enfin de ce vieux train qui desserre l'une de tes gares, le sentiment de liberté est de très courte durée. Nous sommes stoppés par les mauvais regards que nous assigne tes habitants, les parisiens ces têtes de chien.
Nous sommes seulement séparés par un périphérique. Comme si ce qui se trouvait de l'autre côté de la route effrayaient les habitants de la ville lumière. Comme si ce périphérique circulaire formait une ceinture imaginaire que nul n'aurait la force de déboucler.
