Chapitre 2 : Une étrange rencontre ✅

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Je me réveille en sursaut. Encore un cauchemar. Toujours le même, d'ailleurs... Un panorama magnifique, avec une plaine qui semble s'étendre à l'infini et un château en contre-jour d'un coucher de soleil grandiose. Des centaines de cavaliers se tiennent fièrement à mes côtés. Je suis moi aussi à cheval. Nous galopons de toute la vitesse de nos montures vers ce château si beau et si sombre à la fois. Puis, petit à petit, les silhouettes des cavaliers qui m'entourent deviennent pâles, et disparaissent totalement. Je me retrouve seule, mon cheval s'est lui aussi volatilisé et une flèche noire est plantée dans ma cuisse. Je hurle ensuite vers ce ciel qui paraît se faner inexorablement, puis tout devient brumeux, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien.

Je reprends mes esprits et regarde mon réveil : 6 h 43... Encore en avance. 

Je me réveille toujours deux ou trois minutes avant la sonnerie. Tant mieux dans un sens, ainsi, je peux utiliser la salle de bain du premier étage... C'est la plus spacieuse et la plus fonctionnelle. Et la plus jolie, mais ce n'est pas le plus important. En général, le matin, c'est la guerre pour savoir qui aura le droit de se préparer en haut, et qui devra aller au rez-de-chaussée. J'entends alors cinq de mes sœurs arriver. Il doit donc être 6 h 46... Je suis sous la douche, mais je distingue parfaitement les voix de chacune de mes sœurs, sauf Mélusine, évidemment. Le matin, elle préfère dormir dix minutes de plus et se préparer en bas. Il n'y a qu'elle qui n'a pas ses affaires de toilette en double, justement. 

Lorsque je sors de la salle de bain, enroulée dans une épaisse serviette, je remarque que Philippine, Mélusine et Mélodie ont raté leur chance. La suivante est Cristale, souvent, d'ailleurs... Elle est, comme Mélodie et Roselia, une véritable battante, quitte à payer Mélodie pour qu'elle lui cède sa place dans la "file d'attente".

Une fois dans ma chambre, je cherche des vêtements. Un jean bleu marine et un tee-shirt dans un style un peu rock, ou ma robe grise à pois blancs, avec des collants blancs eux aussi et mes ballerines ? Je choisis le jean et le tee-shirt, en me disant que ce sera plus pratique pour le travail à la pizzeria. Je regarde mon réveil : 6 h 57.

Je m'habille en vitesse, et je descends dans la cuisine. Je sors sept tasses, deux bouteilles de lait, le pot de chocolat en poudre et quelques croissants achetés la veille.

Je me prépare un chocolat chaud, que je bois d'un trait. J'attrape ensuite le seul morceau de pain qui ait survécu au dîner d'hier soir, je le fais griller, et le tartine de beurre. Entre-temps, mes sœurs n'ont cessé de faire des allers-retours, entre la salle de bain et les chambres, puis entre les chambres et la cuisine. Après ce petit déjeuner très mouvementé, nous montons les unes après les autres dans nos chambres respectives, nous attrapons nos sacs et cartables et nous sortons. Je ferme la porte en jetant un trousseau de clés à Séraphine, qui ouvre un petit local se trouvant dans la cour qui nous sert d'extérieur. J'annonce alors à mes sœurs : 

- Aujourd'hui, on fait des économies et on pense à la planète !

Cristale me coupe alors :

- Alors on va au collège à vélo, comme d'habitude... Même si c'est surtout pour faire des économies, pas vrai Apolline ? 

Je déteste le ton supérieur et moqueur qu'elle prend, et le lui fais comprendre en ne répondant pas. Bien sûr, sa question était rhétorique, et ne nécessitait pas de réponse, mais ce silence jette un froid, et j'en suis ravie. Les vélos sortent les uns après les autres, chacun retrouvant rapidement sa propriétaire. Nous les enfourchons et partons dans des directions différentes. Philippine et Roselia vont à l'école primaire, Mélusine, Cristale et Mélodie vont au collège, alors que Séraphine et moi partons vers le lycée. Voir partir mes deux plus jeunes sœurs à l'école primaire me fait toujours un drôle d'effet. Quand j'y allais, j'étais toujours de bonne humeur, et une petite fille adorable, quoiqu'un peu trop arrogante, hautaine et insolente. Avec l'âge, mon orgueil a grandi, exploitant peu à peu chaque parcelle de mon corps et de mon âme (cette phrase est en réalité tirée du recueil "Les plus belles phrases pour faire mal à ma soeur", de Cristale Dupuis, introuvable en librairie).

Sept sœurs et une malédiction [REECRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant