BONELESS | vikings

Chapitre 1

Aileas MacKenzie

Je regarde tristement mon reflet dans le miroir. Ça y est, c'était le grand jour... Mes cheveux corbeaux retombent sur mes épaules et font ressortir mon teint blafard presque cadavérique. La robe blanche que je porte compresse ma poitrine. Et c'est peut-être une bonne chose, j'ai peur que mon coeur ne s'échappe de celle-ci.

- S'il vous plait Seigneur, faites que quelque chose se passe et que le mariage soit annulé, murmurais-je à moi même.

Madame Guthrie arrive et devient aussi pâle que moi en voyant mon visage. Elle m'avait aidé à m'habiller et avait elle-même coincé le voile dans mes cheveux. Elle se ressaisit et me retourne vers elle. Ses doigts pincent énergiquement mes joues.

- Cela va les redonner un peu de couleurs, dit-elle tristement.

Elle ne l'a jamais dit, mais je sais qu'elle n'est pas d'accord pour ce mariage. Et l'idée de devoir me dire au revoir dans quelques jours lui donnait des nausées. Depuis que je suis née, elle s'est occupée de moi. Lorsque ma mère mourut, elle était là pour me réconforter. Aujourd'hui, elle est spectatrice de ma nouvelle vie. J'aimerais l'emmener avec moi sur les terres de mon futur époux mais il a été catégorique. Il a lui-même des bonnes qui s'occuperont de moi. Avant qu'elle ne pose sa main sur ma joue, je ne m'étais pas rendu compte que je pleurais.

- J... Je-
- Je sais, mon enfant.

Et d'un geste maternelle, je me retrouve dans ses bras, sa main caressant mes cheveux comme lorsque j'étais petite. J'entoure timidement mes bras autour de son corps.

- Avec le temps, vous allez apprendre à l'aimer ou à l'apprécier au moins.
- J'en doute, reniflais-je. Si vous saviez toutes les choses horribles qu'il me dit. Qu'il me fera.

Je me redresse et essuie du renvers de manche mon nez.

- Je souhaiterais mourir à ce moment même.

Elle me secoue énergiquement, les sourcils froncés.

- Je ne laisserais jamais quelque chose comme ça vous arriver.

La vieille femme se lève et m'aide à faire de même. Elle en profite pour lisser ma robe.

- Laird MacKenzie veut vous voir avant le début de la cérémonie.

Je murmure un "Mieux vaut ne pas le contrarier, alors" sarcastique et suis Madame Guthrie jusqu'à la salle où se trouvait mon paternel. Il contemple la paysage avant de se retourner vers moi et d'esquiver un sourire.

- Tu es aussi belle que ta mère dans cette robe.

Je lui réponds poliment fixant le sol. J'aurais aimé voir ma mère dans cette robe. C'était une femme magnifique. Elle avait des cheveux de feu et des yeux aussi bleus que le ciel. Mon père me dit souvent que je lui ressemble mais c'est faux. Je ne suis qu'une copie conforme de mon paternel. Les yeux marron et les cheveux noirs.

- Aileas.

Son pouce et son index relève mon visage de son menton.

- Pour ton peuple, ne l'oublies pas.

Je serre la mâchoire, je ne risque pas de l'oublier. Un des gardes entre sans frapper, l'air affolé.