Le pervers

1.5K 186 247
                                    


-J'ai échoué, Iwa-chan. Il est passé du côté obscur.

Oikawa poussa un soupir résigné et alluma son téléphone pour vérifier qu'il n'avait pas de nouvelles notifications.

-Bon sang, arrête de regarder ton téléphone toutes les secondes, le reprit Iwaizumi, qui jouait à la console à côté de lui.

-Mais si Miya m'envoie quelque chose...

C'était le week-end, et Oikawa n'avait pas renoncé à faire la lumière sur cette affaire. C'était quasiment sûr maintenant, il se tramait quelque chose entre Tobio et Ushiwaka, mais aucune preuve concrète, tangible –comme le fait qu'ils s'embrassent- ne venait éclaircir la situation.

Qu'avait-il après tout ? Tobio prenait le train avec Ushijima, certes, mais après tout ils avaient la même route à faire de Sendai à Tokyo. Et puis il l'appelait senpai, mais c'était normal, ils étaient dans la même équipe. Et même si Kageyama avait voulu intégrer Shiratorizawa, ça ne voulait pas dire que c'était exclusivement pour le champion. Oikawa voulait du réel, et refusait de lâcher le morceau.

-T'es vraiment chiant, Oikawa. Non seulement tu saoules les gens qui t'entourent, mais il faut aussi que tu harcèles des mecs que tu ne connais même pas.

-Tu ne comprends pas ! C'est le seul qui puisse m'aider !

Il appuya de nouveau sur son téléphone, qui s'illumina, n'afficha tristement que l'heure.

-C'est un psy qui va t'aider, grommela Iwaizumi. T'as développé une obsession pour Kageyama et Ushijima en ce moment, c'est super malsain.

-C'est une simple curiosité. Tobio est mon cadet, Ushiwaka est mon ennemi. Les connaissant bien tous les deux, je suis simplement étonné d'apprendre qu'ils sortent ensemble... Je veux juste confirmer mes soupçons.

-T'es jaloux, ouais.

-Pas du tout !

Oikawa croisa les bras et fit mine de bouder. Après quelques instants de silence, Iwaizumi finit par ajouter :

-Ce gars, là, Miya, doit s'entraîner toute la journée. Tu auras de ses nouvelles ce soir. Ne te prends pas la tête avec ça maintenant.

Un instant surpris par les intonations plus douces et concernées de son ami, Oikawa hocha la tête. Il passa la fin d'après-midi à jouer avec Iwaizumi, seulement interrompus par une petite dispute au sujet du titre de senpai que Kageyama donnait à l'un et pas à l'autre.

Il resta manger là, et c'est au moment du dessert que son téléphone se mit à vibrer. Quand il le déverrouilla et vit s'afficher le petit visage narquois de Miya dans un cercle, il lança un regard évocateur à Iwaizumi et ils ne tardèrent pas à remonter dans sa chambre.

Le message de Miya était en fait une vidéo, dénuée de tout commentaire. Elle avait été faite dans la journée, de toute évidence, puisque la luminosité était plus vive qu'à ce moment au dehors –à moins qu'il ne fasse encore clair à Tokyo ? Oikawa hésita tout de même à la lancer.

-Je te parie tout ce que tu veux qu'ils ne s'embrassent pas dedans, grogna Iwaizumi.

Ils se penchèrent sur l'écran quand la vidéo se mit en marche. Le son des ballons heurtant le sol, des annonces de passes, des appels d'attaque, des chocs de la balle contre la chair emplit la pièce. Oikawa reconnut Tobio, près du filet, logiquement à sa place de passeur. De dos, il identifia Ushiwaka, un ballon dans les mains. Il lança la balle à Tobio, Tobio fit une passe d'une précision répugnante, le champion la frappa, rien que de très normal, jusqu'à ce qu'Ushiwaka ne se tourne vers Tobio, n'ouvre la bouche et...

-Belle fesses.

-IL A DIT BELLES FESSES ???? hurla Oikawa.

-Il A DIT BELLE PASSE, IMBECILE ! lui cria Iwaizumi.

-Il a dit belles fesses ! Ushiwaka est un pervers sexuel ! Je le savais !

Iwaizumi lui claqua l'arrière de la tête et ils se concentrèrent de nouveau sur la vidéo. Ils voyaient un bout de t-shirt et une bouteille d'eau, probablement appartenant à Miya, Ushiwaka qui allait chercher sa balle, et Tobio qui continuait à faire des passes. Plus rien d'intéressant ne se passa, et la vidéo se termina sur ce commentaire amusé de Miya « rien de suspect ! ». Oikawa tint tout de même à repasser quatre fois le moment du commentaire d'Ushiwaka pour être bien sûr que ce ne soit rien d'ambigu, mais ne parut tout de même pas convaincu.

Oikawa se sentait à court d'idées. Il avait interrogé Kindaichi, Hinata, Tobio lui-même, et Miya ne lui apportait pas non plus de preuves. Il se sentait frustré et isolé. S'il ne pouvait pas trouver par lui-même le lien exact qui unissait Tobio à Ushiwaka –de simple cadet à petit-ami officieux-, au moins devait-il en parler à quelqu'un.

Iwaizumi ne le comprenait pas. Il se fichait de la vie sentimentale de Tobio, du moment qu'il soit heureux avec ça, affirmait-il. Kuroo ne faisait que se moquer de lui, ne le prenait pas au sérieux. Hinata... Bon, Hinata était curieux de savoir, mais n'était pas son senpai, ce n'était pas pareil. C'est sur le chemin du retour que l'idée lui vint de quelqu'un qui pouvait comprendre ses sentiments de senpai déçu.

Celui qu'on appelait « le rafraîchissant ».

Oikawa Tooru n'est pas un g̵̶̶̵é̵̶̶̵n̵̶̶̵i̵̶e Ushikage shipperWhere stories live. Discover now