XX

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Modou ressortit du cabinet où il loge dans la maison pour retourner au souterrain. Moustapha lui avait demandé de prendre une photo de la femme séquestrée, car depuis des jours il en cherchait une.
Il n’arrivait pas à comprendre comment des personnes humaines dotées de raison peuvent-ils atteindre ce niveau de monstruosité. Avant d’atteindre le premier couloir de l’entrée du souterrain, il entendit des voix qui le firent cacher à un petit coin. Il s’approcha un peu et aperçut son patron et sa mère entrain de censurer  la séquestrée comme des juges devant un condamné prêts à demander  son exécution.
-Qu’est-ce que vous attendez pour me tuer ?  Vous croyez que j’ai peur de vous ? , dit la dame avec une voix étouffée. 

-Tu es vraiment drôle ma tante ; lâcha Omar l’air enjoué

-Ce serait très facile  que tu meures comme ça pour après rejoindre ton misérable mari Eladji. Tu ne trouves pas que tu devrais souffrir toi et ta fille pour toutes les années où nous étions en train de morfler au Sénégal mon fils et moi tandis que vous étiez en France pour vous la coulez douce.

-Omar tu n’as pas du tout honte qu’on insulte ton défunt père sans une seule réaction ?

-Parce qu’il mérite qu’il soit considéré comme un père ? Un père qui ne m’a laissé même pas  une once de francs, il m’a fallu courir beaucoup ma mère et moi pour récupérer tout ce qui me revenait de droit.
-Tu crois qu’il allait te laisser être un  ayant droit  de son héritage ? Tu ne faisais que te battre avec lui, tu étais son plus grand problème dans la vie, son cauchemar toi et ta mère.
Tabara s’approcha d’elle d’ un pas rapide et lui assena des gifles l’une plus retentissante que l’autre qu’elle  finit par s’évanouir. Elle émit quelques jurons et approcha de son fils le regard noir. 

-Dis-moi ce qu’on attend pour tuer cette effrontée ? Elle m’énerve je ne peux plus la supporter.

-Maman du calme. Tu es déjà contente de cette vengeance ? Moi non tu l’as dit y ‘a quelques instants si elle meurt ce sera trop facile. Il faut qu’elle atteigne déjà le summum de la souffrance. Imagine la tête qu’elle fera quand elle verra sa petite fille kéne débarquée ici toute ligotée, elle fait la dame qui n’a pas froid les yeux, elle fera moins la maligne.

-Oh fiston tu es sérieux ? Sa fille est au Sénégal ?

-Non mais je la guette, j’ai déjà confié ça à quelques hommes. La pauvre, j’en suis sûre qu’elle ne  va pas tarder  à mettre ses pieds et hop, je vais m’arranger qu’elles se retrouvent très vite.

Ils se sourirent tous les deux et sortirent en changeant de discussion. Modou s’assura déjà qu’ils sont loin des lieux puis avança par des pas feutrés et sortit vite son téléphone. Il releva délicatement la tête de la dame pour ne pas la réveiller de sa léthargie et prit vite une photo.
Moustapha se crispe littéralement en recevant la photo de la mère de Kene qui semblait être en phase d’agonie.  «  Ils n’ont pas osé faire ce coup là tout de même », il déboutonna son boubou et se posa sur les marches des escaliers l’air abattu et le regard vindicatif. Il se surprenait même à lancer des averses d’insultes. Il ne songeait même pas à montrer la photo à sa copine. Quoi ? Elle n’allait pas quand même lui dire que ses intuitions étaient avérées, que sa mère a été séquestrée et malmenée. A moins qu’il veuille qu’elle ait un infarctus et qu’elle meure à la suite.
   Il passa quelques coups de téléphone puis rappela Modou pour lui donner quelques injonctions et partit rejoindre son frère Aziz qui était toujours au milieu du lit le regard vide.
-Aziz, à quoi penses-tu ?

-A maman Tabara, à mon frère et à mon père ; ils me manquent atrocement.
Il tenta tant bien que mal de contenir son dégoût. Il savait pertinemment que ce n’est pas son frère qui était en train de parler, il n’y a que le corps.  Ce n’est pas cet Aziz qui lui manque, mais celui qui était pleine de confiance en lui jusqu’à en être imbu, son frère qui était tellement responsable en actes et en paroles que son père lui faisait son conseiller. C’est ce frère que Moustapha avait  envie de retrouver, il veut qu’il ait conscience que ce qu’il attribue le titre de membres de sa famille ne le sont guère et qu’en vrai ils sont ses véritables ennemis, des loups qui ont divisé sa famille. Il finit par sombrer dans un profond sommeil.
       C’était l’heure presque  de sa réunion avec Rabiatou Montéro. Tout ce qu’il avait envie c’était d’en finir et de prendre le vol pour le Sénégal mais il fallait cette coopération pour propulser son entreprise à l’échelle mondiale. Il rejoignit Kene qui était en bas entrain de l’attendre, elle allait beaucoup mieux ;  habillée d’une robe saumon avec un foulard qu’elle mit sur ses épaules de manière désinvolte. Elle avait don de la simplicité, ce qui la rendait très attrayante. Elle aperçut Moustapha sortir de l’hôtel avec le sourire espiègle. Il s’était habillé lui aussi d’un Qamis saumon décoré par des motifs de serpentins terrifiants.  Kéne se perdit dans cette optique d’admiration, son élégance était à couper le souffle et il le savait.

Elle Croyait Que La Roue Ne Tournait Pas ♡♤Where stories live. Discover now