Lendemain de soirée

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Un rayon de soleil traversa les volets mal fermés de la chambre de Julien et atterrit sur le visage endormi de Jérémy. Ce dernier lâcha un grognement et se tourna pour éviter l'agression lumineuse. Sa tête rencontra une surface chaude. C'était assez agréable. Il en profita pour resserrer sa prise. Les yeux toujours fermés, il commença tout de même à cogiter au bout d'un moment. Ce n'était pas comme d'habitude, mais alors pas du tout. Comment son oreiller pouvait être aussi dur et en plus il... bougeait ? Ça devait être humain, pensa-t-il, mais pas féminin ou alors une jeune femme ayant des formes assez masculines. Jérémy garda les yeux clos. L'envie de savoir avec qui il était fut largement vaincu par l'angoisse de découvrir qui lui servait d'oreiller et de matelas. Il essaya de calmer sa respiration pour simuler le sommeil. Le vidéaste essaya de savoir à l'oreille qui était avec lui, mais rien. Sa tête tambourinait un peu et ça ne l'aidait vraiment pas à réfléchir. 

Il ouvrit discrètement un œil se cachant sous ses boucles brunes afin de savoir où il se trouvait. Il le referma presque immédiatement après avoir identifié sa chambre. Bon c'était déjà un bon point. Il s'était soûlé la veille, mais il était tout de même resté dans l'appartement. Ah oui, la soirée "Tiens si on fêtait un truc pour avoir une raison de picoler". Du coup, il ne restait pas énormément de personnes avec qui il aurait pu partager son lit. En faite, qu'une seule et unique personne. L'autre connard. A cette pensée, le brun se redressa vivement et plongea son regard dans celui de l'autre homme. Ah tiens, il ne s'était pas trompé. Jérémy le surplombait, les bras tendus de chaque côté du torse du squatteur, leurs torses nus se frôlant. Il prit la parole bien décidé de remettre l'autre à place. Il n'aurait jamais autorisé le cadreur à entrer dans son antre et encore moins juste habillé d'un simple boxer.

- Mais mec qu'est-ce que tu fous dans ma chambre ?

- C'est MA chambre.

- N'importe... Ah si merde... j'étais bourré à ce point pour finir dans ton lit ? Oh non... Dis-moi qu'on a rien fait ? Je veux dire... enfin tu sais ! Ah la vache ! C'est quoi ce suçon ?! Il est énorme... Et ça, c'est quoi ? Je t'ai mordu ? C'est moi qui t'ai fait tout ça ?

- Bah à ton avis ? Tu crois qu'il s'est fait tout seul ou quoi ? Et oui, on a rien fait, c'est pas allé plus loin que ça. Je t'ai arrêté avant que ça dégénère.

Les joues du brun prirent une teinte rosée. Ouai, il ne l'avait pas loupé. Qu'est-ce qui lui était passé par la tête pour faire un truc pareil à son meilleur pote ? Il s'écarta rapidement de son ami tout en restant sur le lit qu'il trouvait un peu petit à cet instant. Ils étaient tous les deux allongés côte à côte écarté par quelques centimètres. Les cheveux détachés de Julien venaient chatouiller les épaules et le cou de Jérémy. Le mal de crâne de ce dernier le força à rester immobile pendant un petit moment. Le silence pesant fut rompu par le vidéaste qui tourna légèrement la tête vers l'autre. Il avait trop de mal à se souvenir de ce qu'il s'était passé et faire la causette avec l'autre lui permettrait peut-être de retrouver quelques brides de souvenirs. Il était même prêt à s'en prendre plein la tronche vu le comportement qu'il avait eu.

- Sinon ça va mec ?

- Bof j'ai un peu l'impression que tu as marqué ton territoire, mais à part ça, ça va. J'ai connu pire comme lendemain de soirée.

- Ah, parce que tu as pire que te retrouver à moitié nu avec un pote dans ton pieux ?

- Genre avec deux potes et deux inconnus complètement à poil sous une tente ?

- Mais, mec, c'est arrivé comment ? Vous aviez picolé quoi ?

A la tête que Julien fit, Jérémy comprit qu'il n'en saurait pas plus et qu'ils n'avaient pas seulement trop bu, mais qu'ils avaient sans doute pris autre chose. Puis, il reprit sa place initiale.

- Tu comptes rester là encore longtemps ?

- Je me sens pas trop bien. Si tu veux pas que je m'étale sur le sol ou que je te gerbe dessus, laisse-moi un peu de temps...

Les deux hommes restèrent là un moment sans rien dire à fixer le plafond.

- Te rendors pas.

- Ouai ouai...

- Je peux t'aider si tu veux te recoucher dans ta chambre.

- Non c'est bon...

- T'es sur t'as pas l'air bien.

- J'ai un peu froid et j'ai la tête qui tourne, mais ça va je te dis. J'ai pas... Oh mec qu'est-ce que tu fous ?!

Julien venait d'attirer Jérémy dans ses bras. Le brun se retrouva allongé sur le châtain qui l'entourait de ses bras, après les avoir correctement recouvert. L'amnésique glissa une de ses jambes entre celle de l'autre homme et tenta de se dégager, mais ses muscles engourdis lui firent comprendre que l'abandon était la seule solution possible. Et puis, il se dit que s'agiter autant n'était pas non plus une super idée à cause de sa tête.

- Un peu de chaleur humaine ne fait de mal à personne, bien au contraire...

- Pourquoi tu fais ça ? C'est toi qui te sens pas bien là ?! Ou alors t'es sympa avec moi pour que je me barre plus rapidement. C'est ça en faite. Dès que je me sentirais mieux, je partirais et tu seras enfin tranquille. Putain, mais t'es mauvais en faite.

- Oui, bien sûr. Je suis un connard sans cœur. Maintenant dors un peu...

Julien déposa doucement sa tête contre la chevelure brune de Jérémy. Il attendit que l'autre se calme et s'endorme de nouveau pour se détendre complètement et de profiter de cette étreinte. Quel abruti, pensa le châtain, c'est lui qui vient m'en merder et me chauffer et c'est moi qui m'en prends plein la gueule... Mais quel con je fais... Julien enfouit un peu plus sa tête dans les boucles foncées et resserra ses bras autour de la taille de l'homme dont il est tombé éperdument amoureux.

Recueil OS - MisterJDay / M.ConnardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant