Novocaine H.S

Chapitre 28

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Quand nous regagnâmes la villa, la porte claqua à peine derrière nous que le corps de Niall fut projeté contre le mur. Je sursautai à ce soudain écho et me tournai vers le lieu de l'action. Harry agrippait le col du pauvre blond, la colère se lisait à travers son souffle erratique et la manière dont ses dents se serraient les unes aux autres dans une perpétuelle tension. Il ne portait qu'un jean déchiré, son torse était visible ainsi que tous les tatouages qui le recouvraient pratiquement en entier. Cette vision me coupa une seconde du moment présent avant qu'un gémissement ne me fît revenir à la réalité. Le bouclé venait d'asséner une droite puissante dans la mâchoire de l'ancien policier qui ne chercha même pas à se débattre.

-Je peux savoir pourquoi tu emmènes ma poupée dehors ? cracha le leader en insistant sur le « ma ».

Le garçon ne répondit pas, il se contenta de soupirer ; la poigne exercée sur son cou le faisait souffrir. Je ne pouvais pas rester là sans réagir, j'aimais bien Niall, il me paraissait le plus honnête de tous, quoi qu'un peu étrange avec son obsession que représentait son chef.

-C'est de ma faute, lançai-je enfin ce qui lui causa de lâcher la pauvre victime de ses poings douloureux, j-je voulais prendre l'air et Niall a gentiment accepté de m'accompagner.

Mes explications ne paraissaient pas très convaincantes si j'en déduisais par la marche déterminée que Harry adoptait pour me rejoindre. Ses mains attrapèrent violemment mon visage qu'il releva. Son haleine mentholée due aux perpétuels chewing-gums qu'il mâchait, s'abattit sur mon nez. Il lécha ses lèvres que je ne pus m'empêcher d'observer, mon dieu c'était moi la fille étrange avec mon obsession pour sa magnifique bouche...

-Tu ne sors qu'avec moi et moi seul Crystal, sa prise se raffermit, tu m'as bien compris ?

J'acquiesçai et déglutis devant son autorité qui possédait encore le don de m'effrayer.

Il soupira, ses doigts descendirent le long de mes flancs et je frissonnai sous la douceur qu'il employait. Il agrippa mes hanches et les pressa légèrement avant de ne prendre de nouveau la parole :

-Nous sortons ce soir, ta tenue attend dans notre chambre.

Le déterminant utilisé me rendit quelque peu fébrile. Il parlait comme si nous étions en couple et cela, d'une façon folle, embrasait le feu dans mon bas-ventre.

Je me dépêchai donc de monter à l'étage et soufflai un bon coup une fois loin de lui. Les souvenirs de tout ce sang le recouvrant m'hantaient encore. Je ne me comprenais néanmoins pas : pourquoi cet horrible meurtrier me plaisait tant ? Ses actes me dégoûtaient, évidemment, mais je désirais sa présence, je priais pour gagner son toucher... Tout cela n'avait aucun sens !

Je me dégageai de toutes ces pensées et portai mon attention sur la jolie robe blanche qui trônait sur le lit. Harry semblait aimer me voir habillée avec ce genre de vêtements très chers. Je m'habituais désormais à ce luxe, moi qui auparavant me contentait d'un simple jean délavé et d'une chemise froissée. D'ailleurs, je remarquai du coin de l'œil mes lunettes que je ne mettais que très peu ces temps-ci. Tous ces évènements me les faisaient oublier et cela ne me confirmait que davantage mes craintes : j'étais différente, j'avais changé. Je ne jugeais pas cela comme un bien puisque jamais je n'avais voulu vivre tout cela juste pour m'endurcir.

Je me munis alors de ma paire, de mes habits et partis me préparer dans la salle de bain.

Au bout d'une heure, je me considérai comme prête. J'avais mis un bon moment à dompter ma chevelure dans un chignon propre et m'étais ratée plusieurs fois avec le mascara. Je devrais vraiment apprendre à me maquiller.