Chapitre 9

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Il était assis dans son lit. Il regardait les minutes passer. Il n'écoutait pas ses parents, assis sur une chaise de bureau et au bord du lit. Il n'écoutait pas son petit frère, assis contre une armoire, au bord des larmes.

Des perles salées commençant à rouler sur ses joues, il garda les lèvres serrées et regardait la trotteuse faire le tour du cadran. Le temps passait si lentement.

Alors que le silence se faisait de plus en plus pesant, et que sa tristesse grandissait de secondes en secondes, une sonnette résonna dans la maison silencieuse.

"Le docteur est là. Nous revenons dans quelques minutes"
Les parents partirent accueillir l'invité, tandis que le frère cadet montait dans le lit de son aîné.

"Oscar?"

Oscar tourna la tête vers l'enfant, avant de l'inciter, d'un mouvement de tête, à parler.

"-Ça va?
-Oui, ne t'inquiètes pas.
-D'accord... Alors pourquoi tu as l'air si fatigué?
-Parce que je le suis.
-Pourquoi?"

Oscar reporta son attention vers l'horloge murale, avant de parler, d'une voix morne et le regard vitreux:

"Quand je ferme les yeux, je revois tout. Je ressens tout. J'entends tout, les bruits des voitures, le crissement des pneus et de la tôle qui se froisse. Je les vois se faire percuter de plein fouet. Je revoie Paul, propulsé dans le pare-brise, j'entends leurs hurlements et leurs pleurs. Quand je ferme les yeux, non, dès que je les ferme, je sens tous les mouvements et tonneaux de la voiture, j'entends leurs cris de peur. J'entends Alexandre hurler, je le vois disparaître d'un coup. Puis quand tout s'est arrêté, je revois son corps, méconnaissable sur la route. Dès que je fermes les yeux, j'entends les sirènes des secours s'approcher. Je les vois sortir Alice et Paul, je les vois couvrir mes amis de ce drap noir. Je les entendais quand ils parlaient à Charlotte, à Alice, à Samuel, à Célia, à... Chloé. Quand je ferme les yeux, j'entends ces voix qui résonnent de plus en plus fort dans ma tête, je les entends m'annoncer la mort de chacun de mes amis. Et je les revois nous faire sortir, un par un, mais je les ai vu, je les ai vu aller ailleurs avec Chloé. Et puis, quand on attendait qu'Alice se réveille, je nous revois, blottis les uns contre les autres, à attendre un geste, une parole, un signe. Je revois Samuel crier de joie avant de se précipiter vers elle, je revois tout, quand je ferme les yeux."

Myosotis_CorrigéWhere stories live. Discover now