Bonus n°2 : Nathan - La 1ère nuit

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[J'ai écrit ce passage en écoutant She wolf de Sia, donc je vous invite à le lire avec la musique ;) Cet extrait n'est pas tout rose, donc ne vous sentez pas obligé(e)s de le lire] 

3 ans plus tôt ...

                         Stop.

« Tu auras beau courir, tu ne m'échapperas pas »

Assez !

« Petit homme, cesse de t'enfuir ... »

Non ! Nooon !!

-Sors de ma tête ! Sors de ma tête !!

Ma gorge me fait souffrir. Tant à cause du cri qu'à force de courir. L'air brûle la moindre alvéole de mes poumons. Mon coeur menace de sortir de ma poitrine. Mon crâne va exploser.

« Cesse de lutter »

Non, jamais !

-Jamais !!

Je hurle pour rendre le mot vrai, lui donner du sens. Je le répète comme un fou, encore et encore.

-Jamais, jamais, jamais, jamais, jamais, jamais, jamais ...

          Et je continue à courir, de toute mes forces, plus fort que mes jambes ne devraient pouvoir le supporter. Je cours dans la forêt, sautant par-dessus les racines, évitant les branches. Obnubilé par une seule idée : avancer. Je dois m'enfuir, loin, pour y échapper.

« Tu ne peux pas m'échapper »

Ça ne devrait pas m'arriver. Pas maintenant, pas déjà ! J'aurais dû avoir plusieurs années avant ! Ce n'est pas naturel !

« Et pourtant ... »

Je chasse la voix rauque de mon esprit, celle qui menace de me rendre fou. Et je ne m'arrête toujours pas. La nuit n'est pas une obstacle. La pleine lune brille au-dessus de ma tête, ses rayons traversant par endroit le feuillage des arbres. Impossible de l'ignorer. Chaque particule, chaque partie de mon corps se charge de me le rappeler. 

« Il est l'heure ... »

Mon corps, déjà bien endolori, me fait soudain souffrir avec une violence inhumaine. Les os de mes jambes se brisent et je tombe à genoux, hurlant ma douleur à la lune. A cette saloperie de lune.

« Cesse de lutter petit homme. Ce sera moins douloureux. »

La voix rauque est dépourvue de pitié mais n'exprime pas non plus de dégoût. Elle énonce simplement un fait. Elle veut m'endormir, faire disparaître ma méfiance ...

« Pas t'endormir. Je suis là pour t'aider. »

Mes os se sont ressoudés, dans un assemblage différent. Je tente de me relever et soudain mon omoplate semble sortir de mon corps. Mes vêtements ne sont plus que des loques, déchirés de parts et d'autres par mes os. Mes bras se tordent et mes genoux se brisent à leur tour, me faisant tomber à terre.

La douleur est indescriptible. Comme du fer chauffé à blanc, enfoncé dans ma chair. Mon hurlement est aussi puissant que ma douleur. Et il ne ressemble plus vraiment à celui d'un humain. Il a quelque chose ... d'animal.

Je halète, crie, me débats et sens mes os se briser, se déformer encore et encore. Mes tendons se rattacher à d'autres endroits. Mes yeux me brûlent, mes doigts sont comme pris d'une crise de tétanie.

« Accepte-le, cesse de te débattre. Accepte-moi. »

J'ignore la voix, incapable de penser à autre chose qu'à mon corps qui est en train de se briser. Je vais mourir. Je ne le supporterai pas. Je vais mourir.

Sang de loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant