Wagon Restaurant [EN PAUSE]

8 - Rencontre

[   Hello nobles pèlerins,

Voici un nouveau chapitre pour vous (et à l'heure, s'il vous plaît!).

J'espère qu'il vous plaira!

Bonne lecture,

LadyBizet   ]

Allie s'est encore endormie. Ne supportant pas cet état de somnolence continuelle, elle retire ses écouteurs et les range dans son sac. Excédée, elle soupire longuement. Elle regarde si son téléphone affiche de nouvelles notifications, mais ce n'est pas le cas. Elle regarde dehors, mais le paysage est toujours aussi inintéressant. Elle tourne la tête vers les sièges de l'autre côté de l'allée, le petit garçon dort profondément et un sourire bienheureux s'est installé sur ses lèvres. La mère, quant à elle, n'est pas là. La jeune femme réalise alors que le petit garçon se trouve maintenant contre la fenêtre, place qu'occupait sa mère avant qu'Allie ne s'endorme. Attendrie par l'enfant, elle sent son exaspération redescendre. Elle est alors prise d'un intense besoin de se déplacer, d'être en mouvement, de faire autre chose qu'être assise à attendre. Allie se lève donc.

Prenant garde à ne bousculer personne, elle s'engage dans l'allée dans la même direction que la fois précédente. Elle remonte lentement l'allée. Elle regarde tout autour d'elle. Elle fixe les passagers, elle croise des regards, elle voit des images sur des écrans, elle voit des mains entrelacées, des pieds croisés, des dos tournés, des yeux clos, elle voit des sacs ouverts, des valises fermées, elle voit des hommes occupés, des enfants endormis, des mères en colère, elle voit des bouteilles renversées et des crayons étalés. En regardant ceux qui l'entourent pour la première fois, Allie découvre un monde. Un monde fait de solitude, d'exclusion, de différences, mais un monde qui ne manque certainement pas d'intérêt. Chaque particularité éclate et étincelle. Allie a accès à un monde pétillant par son caractère hétéroclite et bariolé. Cependant, pour voir ce monde, pour le toucher, elle n'ouvre pas uniquement les yeux, mais ses oreilles également. L'aspect visuel de ce monde est en nette opposition avec son aspect auditif. En effet, le brouhaha des couleurs, la mélodie des passagers, la résonnance des actions de chacun, tous ces éléments contrastent avec l'absence de bruit dans le wagon. Les chuchotis, les quelques légers ronflements, les chocs et grincements dus au mouvement du train et le vent passant par une fenêtre laissée ouverte offrent un fond sonore calme et apaisant. Et jusqu'à cet instant, Allie n'y avait pas prêté attention, trop occupée à ruminer son passé ou à craindre son avenir.

Alors qu'elle prend conscience de la beauté de son environnement, Allie arrive finalement à la portière du wagon. Elle l'ouvre, lance un dernier regard en arrière pour embrasser le wagon dans son ensemble, puis referme la portière derrière elle. Elle avance jusqu'à la seconde portière et entre dans le wagon restaurant. Une légère odeur flotte dans l'air, à la fois sucrée, chaude et amère. Une envie de café la prend. Elle se dirige donc vers le bar. Une femme s'y trouve déjà et attend d'être servie. La femme est blonde et, bien qu'Allie ne voie que ses mains pour le moment, elle peut voir que la femme est bronzée. Plutôt grande, le dos droit, une tenue décontractée mais jolie, la femme tient un sac d'une main, tandis que l'autre est posée sur le comptoir. Lorsqu'Allie arrive à son niveau, la femme se tourne vers elle. Allie est alors plongée dans ses yeux d'un magnifique bleu. Des yeux fatigués. Il s'agit de la mère du petit garçon. Elle sourit à Allie.

_Bonjour.

_Bonjour.

_Nous sommes dans le même wagon n'est-ce pas ? Vous êtes la jeune femme de tout à l'heure ?