6 : Des pleurs, un smoothie et mes parents

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- Ça va ?

J'ai sursauté et me suis retournée vers la voix. J'ai plissé les yeux.

- Alice ? C'est toi ?

La silhouette s'est rapprochée et Nathan est apparu devant moi, cigarette à la main.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

Je l'ai regardé encore quelques secondes, puis j'ai enfin décidé de lui répondre, sortant de mon moment d'absence.

- Rien, rien. Je médite.

- Tu médites ? Ici, à deux heures du matin ?

- Quoi ? Il est déjà deux heures ?

Il a ri, puis est venu s'asseoir à côté de moi. J'ai vite passé mes mains sous mes yeux, mais il s'en est rendu compte.

- Tu pleures ?

- Non, ai-je - très mal - menti.

Je l'ai vu esquisser un sourire, à la lumière du lampadaire juste devant nous. Puis il a continué de me regarder, et ça m'a forcée à lui parler.

- Personne ne viendra à mes funérailles, ai-je lâché avant de repartir dans un sanglot.

- Mais enfin, pourquoi tu dis ça ?

- Parce que j'ai pas d'amis, et ma famille sera morte avant moi. Je l'espère en tout cas, je les aime pas. De toute façon, ils ne viendraient pas, même mon frère s'en fout de moi.

- Ne dis pas n'importe quoi, tu as des amis, Alice.

- Non ! Non, je n'en ai aucun. Tu te rends compte, la fête pourrie ? Personne ne sera là lors de mon incinération, j'ai choisi une chanson super pour l'occasion mais il n'y aura personne pour l'entendre.

Nathan a passé une main sur mon dos. Ça a eu l'effet de m'apaiser, bizarrement.

- C'est quelle chanson ? m'a-t-il demandé.

- Allumez le feu, de Johnny Halliday.

- C'est glauque, a-t-il commenté en riant.

- Tu vas dire que ça aussi, ça te plait ?

Il n'a rien ajouté. J'ai soupiré, et lui ai pris sa cigarette des mains. J'ai fumé la fin en silence, tandis qu'il en rallumait une autre. Puis il a annoncé, après avoir entamé sa deuxième cigarette :

- Moi, j'irai à tes funérailles.

Je me suis tournée vers lui. Il regardait devant lui, une expression sincère sur le visage. Il l'a tourné vers moi, et m'a souri.

- Tu es sérieux ?

- Évidement. Et je mettrai l'ambiance, je peux te l'assurer.

- Merci.

- Y a pas de quoi.

Il a porté sa cigarette à ses lèvres puis est retourné dans sa contemplation du vague infini. Je continuais de le regarder. Sous ses airs hautains de snob à lunettes, il avait un certain charme, accentué par la lumière orangée du lampadaire et perdu dans ses pensées. Ses cheveux châtains révélaient, eux, avoir des reflets blonds, et étaient tout aplatis à cause de sa casquette, qu'il avait ôtée et attachée à sa ceinture.

Il a soudainement froncé les sourcils, sûrement perturbé par un élément de sa réflexion.

- Deux secondes, tu parles de ton incinération : tu vas mourir ?

- Comme tout le monde, ai-je répondu en haussant les épaules.

- Non, je veux dire : bientôt ?

L'amour selon AliceWhere stories live. Discover now