Chapitre 8

285 29 36
                                    



Thomas et moi sommes écrasés dans l'amas de chair humaine que nous formons tous ensemble, attendant les instructions. La voix continue de siffler à travers l'ensemble de la ZONE. Pourquoi ne s'arrête t-elle donc pas ? Je sens ma migraine réapparaître à vitesse grand V. Allez, faites que cela se termine rapidement. Pourquoi rien ne se passe ?


Un candidat manque à l'appel... un candidat manque à l'appel... un candidat manque à l'appel...


Qui a eu la bonne idée de traîner ? Si je le croise je te jure que je vais le... Respire Damien, respire ! Ce n'est pas ton genre d'avoir des envies de meurtre. D'autant plus dans une situation où la chose est permise. Non, plus que permise, elle est recommandée, presque imposée. Alors, calme toi avant de devenir un assassin, de finir par tuer les gens de sang froid ou encore avec plaisir. Alors que la foule hue en tout sens, je vois Kalissa sortir de l'ombre d'un bâtiment, équipée de la tête aux pieds, s'intégrer discrètement, comme si de rien était, parmi le groupe. C'était donc elle la personne manquante ? Aah ! Je commence à comprendre Thomas, elle m'avait fait plutôt bonne impression malgré son air renfrogné, mais elle commence à me prouver le contraire. Espérons pour elle que ce soit qu'une exception. Je tourne la tête à l'opposé pour m'adresser à Thomas. Heureusement il n'a pas l'air d'avoir remarqué ce à quoi je viens d'assister et il ne vaut mieux pas le lui révéler pour ne pas empirer son humeur. Je ne veux pas prendre de risques.

- Ça va ? Tu as réussi à te détendre ?
- Bof. Attendre dans cette incertitude ne m'aide pas vraiment...

Je me rends en effet compte qu'il trépigne sur place, dansant d'un pied sur l'autre. Étant donné que Kalissa vient d'arriver, nous devrions avoir une réponse rapidement, nous pourrons donc souffler un peu. Enfin je pense.


Tout le monde est à présent réuni. Chacun d'entre vous connaît le numéro qui lui a été attribué. Si ce n'est pas le cas, il vous suffit de regarder sur le côté gauche de votre hanche.


- Mon Dieu ! Mais... mais ... quand est-ce qu'on m'a fait ça ?! Je ne m'en étais même pas rendu compte !

Je regarde Thomas qui a le regard rivé sur le bas de sa hanche, vers le fémur. Je me penche pour le voir également. En effet, sur sa peau, inscrit en petits caractères, se trouve le nombre 65. Mince, ce ne sont pas des conneries. Je m'empresse donc de vérifier à mon tour sur mon corps et y trouve bel et bien les chiffres 6 et 4. Pas de doute, nous sommes les sujets dont la voix a parlé à plusieurs reprises. Pour elle nous n'avons pas de nom, nous sommes seulement des chiffres dans une équation dont l'inconnu correspond à la survie de l'un d'entre nous. Survie qui reste effectivement inconnue jusqu'à la fin de la tuerie. Qu'est-ce que tout cela peut-il bien vouloir dire ?

La voix s'est tut pendant un instant, nous laissant très certainement le temps de vérifier la véracité de ses propos, instaurant par ce fait une confusion plus importante.


Maintenant que chacun d'entre vous sait exactement qui il est, placés vous de manière ordonnée, en rangs de dix afin de facilité l'attribution.


Maintenant que nous savons qui nous sommes ? J'ai plutôt l'impression de ne plus savoir réellement qui je suis. Toutes les certitudes que j'avais sur ma personne, ont disparu dès l'instant où les seringues ont traversé la peau recouvrant mon crâne, lorsque je me trouvais encore dans la salle blanche, attaché à ce lit. Dire que je trouvais cela très inconfortable et humiliant, ce n'est rien face à notre nouvelle réalité. Pire que l'humiliation publique, nous redevenons des chasseurs, tuant nos proies pour survivre, nous perdons peu à peu notre humanité. Non, quelqu'un, loin d'ici, nous pousse à le faire, à oublier tout ce que nous avons d'humain en nous. Je n'en connais pas la raison, mais je compte bien la découvrir une fois que j'aurais réussi à quitter cet endroit. Thomas ne semble pas avoir véritablement changé. Certes, il a, lui aussi, appris à utiliser ses réflexes ancestraux, mais le véritable Thomas est toujours là. Je pense que les personnes comme lui sont les plus fortes, car rester soit même face à l'atrocité est ce qu'il y a de plus difficile, plus difficile encore que de devenir un meurtrier de sang froid. En effet, finir par tuer de façon normale reviendrait à choisir la facilité de ne pas se confronter à son propre jugement, de s'oublier pour ne pas souffrir trop longtemps. Thomas a toujours été quelqu'un de force. Psychologiquement tout du moins. Il est parfaitement capable de s'en sortir sans trop que séquelles, et pour cela je vais l'aider physiquement pour qu'il réussisse le plus tôt possible, afin de limiter les traumatismes possibles.

La Mort Infinie  #Laink et TerracidWhere stories live. Discover now