Chapitre I

1K 59 13
                                    

Non, pas encore ça... Je déteste ces foutues crises ! J'étouffe, je ne peux pas parler, pas bouger, je ne peux même pas ouvrir les yeux. J'ai l'impression d'être observé par quelque chose d'effrayant, de surnaturel. Il faut que je me concentre sur ma respiration. C'est ça, respire. Ça va aller, respire. Respire...

__________________________________

- «Tu as refais une crise cette nuit ?»

- «Oui.»

- «Tu as essayé la technique que nous avons travaillé à la séance passée ?»

- «Oui.»

- «Ça a marché ?»

- «Oui.»

- «Très bien. Tu sais, je suis sûre que ces crises de paralysie du sommeil disparaîtront bientôt, quand tu iras mieux. Et pour que ça aille mieux, il faut qu'on travaille ensemble toi et moi.»

- «...»

- «Harry, je suis ta psychologue, tu peux me parler sans crainte de tes peurs, de tes problèmes, je suis là pour ça tu comprends ? Je peux t'aider»

- «Oui. » Personne ne peux m'aider...

- «Parle moi, ne te renferme pas sur toi même, ça ne ferait qu'empirer ton état.»

Plus que dix minutes à tenir et je pourrais sortir d'ici et être enfin tranquille... Jusqu'à la prochaine séance. On ne m'a pas laissé le choix, je dois voir le docteur McGonagal deux fois par semaine, jusqu'à ce que j'aille mieux. Sauf que je ne risque pas d'aller mieux de si tôt. D'après elle, je suis dépressif. Tu m'étonne.

- «Harry, qu'est-ce qui te rend si triste ?»

- «... » Oh mais rien, pourquoi devrais-je être triste ? À part le fait d'avoir perdu mes deux parents, d'avoir dû supporter les harcèlements physiques et verbaux des tordus qui me servaient de famille d'accueil, d'être la tête de turc de tout le lycée, de n'avoir aucun ami, personne à qui se confier, je n'ai aucunes raison d'être dans cet état, la vie est belle !

- « Tu reprends les cours demain c'est ça ?»

- «Oui.»

- «Tu est heureux de retrouver tes camarades ?»

- «...» Oh oui, si tu savais, j'ai tellement hâte qu'on me tabasse, qu'on me crache dessus et qu'on me foute la tête dans la cuvette des toilettes!

- «Ça va te faire du bien de les revoir j'en suis sûre !»

- «Oui.»

5, 4, 3, 2, 1. Enfin libre, ou presque. Elle soupire, sept séances qu'elle essaie de me faire parler, sept séances que les rares mots que j'ai daigné lui dire ont été «bonjour», «au revoir», «oui», «non». Je me lève, mets mon sac à dos et me dirige vers la porte.

- «A jeudi Harry. N'oublie pas de prendre tes médicaments.»

- «Oui. Au revoir.»

Une fois dehors, un vent glacial me fouette le visage. Je mets ma capuche, mes mains dans les poches de mon sweat-shirt noir et prend le chemin de mon petit appartement en marchant tête baissée pour ne pas croiser le regard des gens. Ça fait un mois que j'ai emménagé tout seul. Le juge a accepté de me faire une dérogation pour que je puisse toucher mon héritage neuf mois avant mes dix-huit ans suite à ma tentative de suicide. Oui, j'ai voulu mourir, pas plus tard que le mois dernier. J'ai craqué, je n'en pouvais plus de tout ça. Au lycée on se moquait de moi, on me tabassait, m'humiliait. Et à la maison c'était pareil, Mr et Mme Dursley me battaient, me forçaient à faire toute les tâches ménagères, ils me nourrissaient à peine et je dormais dans un placard à balai, sous l'escalier. J'ai tenu presque dix ans comme ça, dix ans dans cette situation invivable. Jusqu'au jour où je n'en pouvais plus, et où j'ai décidé de mettre fin à mes jours. Mais visiblement, même la mort n'a pas voulu de moi. La dose de médicament que j'ai ingurgité n'a pas suffit à me tuer. À mon réveil, j'ai tout raconté à la psychologue de l'hôpital. Ensuite, tout s'est enchaîné très vite. J'ai porté plainte contre les Dursley, le juge leur a retiré ma garde et les a condamné à 1 an de prison avec sursis, une amende et l'interdiction formelle de m'approcher. Ensuite, j'ai dû batailler pour qu'on m'autorise à habiter seul, ce qui était légitime puisque j'étais considéré comme suicidaire. La condition : un rendez-vous deux fois par semaine chez le docteur McGonagal, ma psychologue. J'ai tout de suite accepté. Plutôt crever que de retourner dans une autre famille d'accueil.

Il suffit de se souvenir, d'allumer la lumière...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant