X-Quelle est ma destination?

21 4 0
                                    

Quand Alek m'aperçut, il se redressa et vint vers moi. Il avait des cernes violettes énormes qui soulignaient ses yeux.

"Merci, t'es enfin là.
-Pourquoi tu m'as appelé? Qu'est ce qu'il se passe ici?
-T'es une amie de Wen non? Tu vas pouvoir l'aider à se calmer Faigel.
-Tu te souviens de moi?
-Bien sûr. Qui ne se souviendrait pas d'une fille aussi chiante que toi sérieusement? Et puis t'es pas très discrète.
-Tu m'as vu te suivre?
-Tu t'es occupée de Wen, c'est tout ce qui compte.
-Qu'est ce qu'il a?
-S'il te l'a pas dit, c'est pas à moi de le faire."

Je m'avançais vers mon ami et et m'accroupis à ses côtés. Ses hurlements étaient déchirants et de plus en plus forts. Je posais ma main sur sa tête et commençais à passer ma mains dans ses mèches noires. Ses cris diminuèrent en intensité. Il commençait à se calmer doucement et mon rythme cardiaque diminua. J'avais eu vraiment peur en le voyant dans cet état. Les cris cessèrent mais Wen continua à pleurer. Ses larmes coulais et des hoquets secouaient ses épaules. Les photos posées près de lui étaient trempés. On aurait pu croire qu'un ouragan était entré dans la caravane tellement la vision de l'intérieur était proche de l'apocalypse. Wen avait tout cassé. Les plats et les verres avaient été fracasser au sol. Des débris de verre gisaient devant le palier. La table et les chaises avaient été renverser. Les couvertures et coussins de la chambre avaient été éventrer. Le matelas était plié dans un coin. La table de chevet était renversé et la lampe était ensevelis sous les photos. Les murs nus montraient divers dessin tous plus colorés les uns que les autres. Des fleurs, des animaux, des monuments et des visages souriants s'entremêlaient dans le plus grand désordre. Les murs ressemblaient à des arc-en-ciel. C'était magnifique.

Wen s'était endormi au sol et Alek avait commencé à ranger l'entrée-cuisine-salle à manger. Je commençais par remettre le matelas sur le sommier pour y déposer Wen, avec l'aide d'Alek. Quand il fut sur son lit, je commençais à ramasser les meubles et objets pour les remettre à leurs places initiales. J'entassais les morceaux de photos dans un coin et aidais Alek à passer le balais et à ranger ce qui n'était pas cassé.

Une fois les ordures dans un sac, Alek s'en alla pour les jeter en rentrant chez lui. Il me confia Wen et me souhaita bonne chance. Je me dirigeais vers le lit et observais ce jeune homme, plein de mystère, dormir. Maintenant qu'il était calme et que le ménage était fait, je pouvais me détendre. En l'observant, je remarquais que son ours était coincé sous lui, ce qui ne devait pas être très confortable. Je le dégageais mais lorsqu'il ne sentit plus la présence de la peluche, Wen se redressa et regarda autour de lui, l'air perdu. Quand il vit que son nounours était entre les mains, il me l'arracha pour le prendre dans ses bras.

"Ça va?
-Pas trop, non...
-Si tu en parlais, tu te sentirais mieux, tu sais?
-Je ne peux pas!
-Pourquoi?
-Ça ne te regarde pas Fai'.
-Bien sûr que si! Je suis ta meilleure amie! Pourquoi?
-Je ne peux...
-Arrête avec tes excuses bidons! J'en peux plus de te voir dans cet état là! Parles moi Wen!
-Si je te le dis, tu vas me trouver horrible et tu partiras! Voilà pourquoi je ne te parle pas Faigel!"

Wen avait perdu son sang froid et s'était mis à crier. Une larme s'était échappée de son œil et dévalait sa joue. Il l'essuya d'un geste rageur et se plongea dans l'observation de son mur peint. Mais il n'arriva pas à soutenir la vision de ses dessins colorés. Il baissa la tête et donna un coup dans son matelas.

"Tu peux pas comprendre Fai'! Je n'arrives même plus à me regarder dans un miroir. Dès que je vois mon maudis visage, je suis obligé d'y penser! J'ai mis toutes ces photos de moi pour me punir, je suis obligé d'y penser et je n'oublierais pas! Mais aujourd'hui, j'ai pas pu supporter ce putain de visage partout. J'avais l'impression qu'ils me hurlaient que tout était de ma faute et que je ne méritais pas de vivre et j'ai pas pu..."

Un sanglot le secoua et il posa sa main sur sa bouche. Je le pris dans mes bras et le berçais doucement. Ça me brisait le cœur de le voir comme ça! Ça me brisait tout cours.

"Écoutes, je ne sais pas ce que tu as fait ou que tu penses avoir fait. Mais il faut que tu réussisse à passer à autre chose! C'est en train de te tuer de l'intérieur. Il faudrait que tu en parles, ça te libérerait je pense.
-Mais qui te dis que je veux me libérer? Qui te dis que je ne veux pas mourir?"

Je le fixais un peu perdue et abasourdie. Comment in garçons de seize ans pouvait avoir ce genre de pensées?

"Tes yeux. Ils appellent à l'aide. Tu ne veux pas mourir mais tu veux te punir pour je ne sais quoi. Tout ce que je sais, c'est que je t'aiderais. Et même si tu essayes encore et encore, tu n'arriveras pas à te débarrasser de moi.
-Tu ne me laisseras pas?"

Ses yeux exprimait un espoir immense et ça me brisa encore plus le cœur. Il devait avoir vécu quelque chose qui devait l'avoir profondément marqué, en plus de la mort de sa mère. Ses yeux brillaient de l'innocence de l'enfance et peut être que finalement, à cause de tout ça, il n'avait jamais eu réellement d'enfance et qu'il n'avait jamais réussi à grandir. Et j'en voulus à tous ceux qui l'avaient blessés même s'il pensait que c'était sa faute. Jamais je ne laisserais seul. Et j'attendrais qu'il me parle.

"Je ne te laisserais pas, c'est promis."

Je le serais fort dans mes bras et attendus qu'il s'endorme pour sortir tranquillement. Malgré tout, je devais aller au lycée pour la rentrée en première. Et je ne pouvais pas me permettre d'être en retard. Je pensais aux yeux verts et au sourire joyeux de Milo pour m'endormir. Mais des yeux bleus se superposèrent à cette vision apaisante. Et je me promis d'aller le voir le lendemain.

Une étoile pour deuxWhere stories live. Discover now