Three

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La seconde fois, j'ai trouvé ca étrange de le revoir deux fois en moins d'une semaine, alors qu'il savait si bien disparaître.
Je l'ai vu rentrer dans la supérette quand je me baissais pour choisir le couscous, plutôt que le poulet au caramel, comme à mon habitude.
S'il m'avait remarqué tout de suite, il n'en a rien laissé paraître. Je pensais être tiré d'affaire, jusqu'à ce que sa main se pose délicatement sur mon épaule, m'empêchant de sursauter. J'ai mis quelques secondes supplémentaires à ce qui aurait dû m'être nécessaire pour me retourner.

« Oh. »

Il semblait gêné de m'avoir dérangé dans ma contemplation de packs de lait, et ses yeux étaient rivés sur le couscous. Et au lieu de le regarder lui, je me suis dit que j'aurais dû prendre le poulet.

« Tu vas bien ? »

Même question, même réponse, toujours sans poser mes yeux sur lui.

« Oui. »

Le silence était insoutenable. La surprise de la dernière fois était enterrée totalement sous la rancoeur.

« Okay. »

Il a repris, presque tout de suite après.

« Regarde moi. »

Peut être y aurais-je vu un supplice si je n'étais pas obnubilé par les autres clients.

« Pourquoi ? »

Il n'avait rien à répondre, alors il n'a rien répondu.
Peut être aurait-il prononcé une de ces phrases dont il a le secret.

« Ça m'a manqué. »

Le doute n'est plus permis, c'est ce qu'il vient de faire. Je retiens un soupir.

« C'est vraiment vicieux. »

Nous avons tous les deux un mouvement de recul. Certainement parce que je ne m'attendais pas a le dire que un ton aussi agressif, et certainement parce que qu'il n'a jamais pu s'imaginer en position de faiblesse.

« Quoi ? Mai-..»

Je le coupe en secouant la tête. L'air de dire, laisse tomber. Son sourire est tombé, lui, d'ailleurs.

« Bonne journée. »

« Nathan...»

Oh. Ce n'est plus un nom, mais bel et bien un prénom.

« Je ne veux pas te parler, tu comprends ça ? »

Et nous sommes deux à nous demander où est passée ma douceur. Enfin. Je sais qu'elle est partie avec lui.

« Je suis désolé. »

« C'est bien beau, génial, maintenant j'aimerais pouvoir accéder à la caisse s'il te plaît. »

Je dis ça, parce que son corps bloqué l'allée entière, et si je me décalé, je le connais assez pour savoir qu'il va me retenir.

« Attends. T'as pas le droit de me remballer comme ça. »

Je ne pensais pas possible les inondations intérieures, mais là, je me noie sous la colère, m'étranglant au milieu de réplique plus acerbe les unes que les autres.

« Pardon ? »

Il a l'air gêné. Tant mieux. Je le pousse légèrement et passe, le pas raide et la tête haute. Toujours. Et je quitte le magasin, en suivant son exemple. Sans me retourner, sachant que je reviendrai quand j'en aurai besoin.

Gone. [Briller/Nayan]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora