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« YDY ! »

Ellie a littéralement crié dans ma tête, je me relève brusquement, et réalise soudainement ce que je viens de faire.
Alex me fixe, il sourit et j'entrouve la bouche en fronçant les sourcils, pourquoi diable ai-je fait ça ?

- excuse-moi, dis-je précipitamment, et je me relève, debout dans la nuit.

- pourquoi tu t'excuses ? Dit Alex, en se relevant sur un coude.

Il plante encore son regard dans le mien, je ne peux pas lui dire que je m'excusais auprès d'Ellie.

« Est-ce que tu es folle ? Je vais te tuer Ydy ! » Criait cette dernière, me donnant la migraine.

Je cligne des yeux plusieurs fois sans pouvoir fournir de réponses à Alex, je me mets à courir pour sortir du parc.
Je ne me suis jamais sentie aussi mal de ma vie, je viens de trahir Ellie, de réaliser que je vais briser le cœur d'Alex, et je suis une horrible personne.

Ellie continue de me crier dessus, et je m'en veux tellement, que je ne lui réponds pas, je la laisse m'insulter de tous les noms, parce que je le mérite.
Je cours dans la rue sombre, l'air est plus froid que les lèvres d'Alex. Quand je vois enfin les lumières de la maison, j'ai des larmes plein les yeux qui ruissellent sur mes joues, et Ellie continue de m'insulter.

J'entre en trombe, et respire tellement fort que j'ai l'impression d'avoir retenu ma respiration. La mère d'Ellie arrive et se plante devant moi :

- Ellie où tu étais ?

Elle crie elle aussi, et leurs cris se mélanges dans ma tête pour former une symphonie aussi abasourdissante que mon âme est mauvaise.
Sa mère a remarqué mes larmes, mais ne dit rien à ce sujet, elle me crie dessus comme si je n'étais pas en train de souffrir en face d'elle.

- maman, je pleure ! Dis-je comme si c'était une défense.

- et alors ? Ça ne serait surement pas le cas si tu étais restée à la maison, ton père t'avait interdit de sortie !

Comment peut-elle dire ça ? Les humains sont-ils aussi cruels ?

- ton père a dû repartir, tu n'as pas pu lui dire au revoir et c'est tant pis pour toi !

À ces mots, Ellie hurle encore plus, et je jette un regard hargneux à sa mère avant de courir dans ma chambre en claquant la porte derrière moi.

« Tu as tout gâchée Ydy ! Tu voles mon corps, tu me mets en danger, tu mens à mes parents, tu laisses croire à Alex qu'il m'aime et à cause de toi, je n'ai pas pu dire au revoir à mon père ! Je ne le reverrais pas d'ici six mois Ydy ! Je te déteste ! » Me hurle-t-elle dès que j'entre dans la chambre.

Je ne réponds pas, je ne peux rien lu répondre parce qu'elle a raison. Une énième larme coule sur ma joue.
Je me mets à penser à Alex, pourquoi je pense à lui maintenant ? Pourquoi je me suis attachée à lui ? Je m'allonge sur le lit, ferme les yeux en laissant couler plus de larmes encore, et laisse Ellie me bercer avec toutes ses insultes.

*

Les portes s'ouvrent en coulissant de chaque côté, je descends du bus, les mains dans les poches, dont l'une contient ma petite pierre.
Cette journée n'a pas été facile, entre Ellie qui continue de me traiter de tous les noms, Alex que je me force à éviter (je ne vais pas à l'OSSR ce soir) et les larmes que je devais ravaler, j'ai failli exploser des milliers de fois.

Je divague dans la rue, je regarde mes pieds en avançant, tripotant ma petite pierre entre mes doigts.
Après un bon moment, je réalise que j'ai marché plus longtemps que d'habitude, et quand je relève la tête, je réalise que je me suis trompée de chemin pour rentrer.

« Idiote. » Dit Ellie, quand je remarque une ombre à ma droite.

Je tourne la tête, et reste immobile, incapable de bouger.

- comme on se retrouve... Murmure Luke, et mon sang se glace.

Son nez est dans un piteux état, il a dû aller à l'hôpital pour se le faire réparer, mais il reste légèrement tordu et parsemé de bleus.
Sa lèvre supérieure est fendue en haut à droite, et il a un œil au beurre noir. Il s'avance vers moi, et je fais un pas en arrière.
Et oui, tant qu'à être un monstre, j'ai aussi battu quelqu'un.

- je... Suis désolée Luke, vraiment, pour ce que je t'ai fait.

Il fait un pas en avant, et moi en arrière.

- Ellie, être désolée ça ne suffit pas.

Il n'est qu'à quelques mètres de moi, pourtant en l'espace d'une seconde, il n'est plus qu'à quelques centimètres.

Ses yeux emplissent les miens et j'essaie de savoir ce que j'y vois. De la colère ? On dirait bien.
Dans la seconde suivante, mon champ de vision pivote et le ciel s'offre devant mes yeux. C'est alors que je ressens une douleur dans le dos, et une autre, plus vive, sur la joue. Il me faut peu de temps pour comprendre : il m'a frappée à la joue si fort que j'en suis tombée par terre. Le temps de réagir, il me remet déjà des coups de pied dans le ventre. Je toussote, ne tente même pas de me défendre. Pourquoi ? Parce que je suis trop faible, et que je le mérite amplement.
Ellie a disparu de ma tête, et il n'y a plus que les larmes qui coulent lentement le long de mes joues comme compagnie. J'encaisse les coups, en même temps que j'encaisse ma punition, et je me souviens de la fois où je l'avais frappée.
Il est maintenant à terre avec moi, continuant de me frapper, à genoux sur le goudron, il m'envoie ses poings dans le visage, et le goût métallique du sang embaume ma bouche.

Je toussote, essaie de me retourner, de tenter de me protéger, mais je n'y arrive pas. Mes yeux se crispent de douleurs, mes bras aussi, en se refermant autour de moi comme une armure de peau. Après un moment, je réalise qu'il est parti, et ma tête semble résonner un bip régulier comme ses coups. À ce son s'ajoute celui d'une voix, que je ne distingue pas, et d'une sirène. Ma vision est floue quand j'arrive à ouvrir les yeux, ce qui est rare. Je faiblis, crache mon sang, me replie comme je peux sur moi-même, et je sens des bras me soulever.

InhumaineWhere stories live. Discover now