Une matinée ensoleillée, des miaulements de chat, une pièce de séjour aux murs couleur canari.

Abel fixait le plafond de sa chambre depuis une dizaine de minutes, totalement perdu dans ses pensées et absorbé par les deux tâches verdâtres intrigantes qui jonchaient le plafond blanc. Lui qui avait emménagé dans ce studio il y a déjà quelques mois, n'avait, à vrai dire, encore jamais pris le temps d'observer les divers recoins de son domicile. Et puis, il
fallait aussi avouer qu'il avait d'autres chats à fouetter.

« Encore une matinée agitée en ce jeudi trois mars. Comme à son habitude, le trafic reste très dense en direction de Genève où nous comptons jusqu'à une heure d'embouteillages », annonçait la présentatrice radio.
«Nihil novum sub sole» (ndla :  « Rien de neuf sous le soleil », proverbe latin signifiant qu'il n'y a rien de nouveau), pensa-t-il. Ces derniers temps, Abel commençait à se lasser de son quotidien : il songeait même à tout quitter du jour au lendemain pour effectuer un voyage d'introspection dont il semblait vraiment avoir besoin. D'ailleurs, l'annonce émise par la radio lui avait rappelé qu'il devait probablement se préparer afin de se rendre au bar dans
lequel il travaillait. D'un autre côté, il était déjà en retard et l'idée de passer sa journée au lit le tenta.

« Oh merde ! », s'exclama-t-il. Il se rappela que les armoires de sa cuisine étaient vides et à moins d'hiberner, il serait
obligé de sortir pour se ravitailler. Dès lors, autant faire d'une pierre deux coups en allant travailler : il pourrait même s'offrir un nouveau vinyle avec les pourboires de la journée. Ah, les vinyles ! C'était bien plus qu'une histoire d'amour pour Abel, c'était carrément devenu une raison de vivre. En réalité, c'était sa mère qui l'avait initié à la magie du son, dès son plus jeune âge. Il se rappelait encore les nombreuses après-midis passées dans les boutiques, sa mère et lui occupés à chercher des petites merveilles, comme elle aimait les appeler.
« Parce que tu sais, chéri ; rien ne vaut le son du vinyle », adorait-elle lui répéter.

26.05.17

le garçon qui lisait dans l'escalier // finiWhere stories live. Discover now