The Monarque : Sortir de l'ombre (Tome 1)

Chapitre 1

*Trois ans plus tard

Savez-vous ce que c'est ? Devoir courir à en perdre complètement le souffle ? Tenter de fuir un prédateur conçu pour la chasse ? Foncer droit devant sans trop savoir où aller avec le sentiment de peur qui te gruge le ventre ? Ne pas savoir s'il s'agit de tes derniers instants sur terre ? De vouloir tout faire pour survivre encore une journée de plus ? Non ? Je ne le savais pas non plus avant aujourd'hui.

J'avais les sens en alerte. J'avais l'impression de courir depuis des heures, alors que ça ne faisait que quelques minutes. Mes jambes me faisaient souffrir le martyre, mais je ne voulais pas arrêter. Le poids de ma petite sœur sur mon dos m'épuisait encore plus rapidement. Je n'allais pas pouvoir continuer sur ce rythme longtemps. Pourtant, je devais garder la cadence sinon nous étions foutues. Je jetai un regard derrière moi. Grosse erreur. À peine avais-je tourné la tête que je trébuchai sur un tronc d'arbre. Je roulai à plusieurs reprises sur le sol et atterri finalement contre un arbre. J'étais sonnée. Je voyais flou tout autour de moi. Je la sentis plus que je ne la vis. Elle s'approcha doucement, tel un prédateur ayant cerné sa proie. La créature se tenait maintenant à quelques pas de moi. Je levai la tête vaincue. Je n'avais plus aucune chance désormais.

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*Deux jours plus tôt

J'étais à deux doigts de péter un câble. Sérieusement, Alex n'avait pas mieux à faire que d'organiser une fête ? Où croyait-il se trouver ? Ça faisait maintenant un bon six mois que nous passions incognito au sein d'un village abandonné du côté sud de Chicago. Personne ne nous connaissait et c'était exactement ce que nous voulions. Lyndsey, ma meilleure depuis toujours, était du côté d'Alex sur ce coup-ci, ce qui était très étonnant, car ceux-là ne s'entendaient habituellement pas. Cette fête engendrerait de trop gros risques. Lyndsey et les autres ne pouvaient pas comprendre. Nous n'étions jamais seuls, le danger était partout et ce même si nous pouvions croire le contraire. Nous vivions dans un monde fou. Un monde dans lequel l'humanité se mélangeait au surnaturel. Les humains croyaient que les histoires sur les loups-garous et les vampires n'étaient que des légendes. Or, elles étaient réelles. Peut-être même trop réelle.

Les créatures des ténèbres... voilà comment je les appelais. Des créatures magnifiques me direz-vous, mais aussi dangereuses les unes des autres. L'envie de rencontrer l'une d'entre elles était forte et, en même temps, elle était impossible. D'ailleurs, Lyndsey m'a souvent demandé pourquoi on ne se trouverait pas des alliés parmi les différentes créatures. Elle disait que cela pourrait nous éviter de vivre sans cesse dans la peur et d'obtenir la protection qui nous permettrait de vivre plus décemment. Sa question était innocente, mais pas stupide. Elle oubliait parfois qu'on ne pouvait pas en faire nos alliés. Toutes les créatures étaient des monstres voraces qui ne vivaient que pour préserver le secret de leur existence. Il doit exister des milliers de créatures dans le monde, néanmoins aucunes d'elles ne m'inspiraient confiance. Or, le pire, c'est qu'elles étaient toutes à ma recherche. Certaines personnes auraient été ravies d'être la cause de toute cette attention, mais c'était un réel calvaire. Je ne savais pas encore ce que je représentais pour tous, mais je n'aimais pas cela.

Je n'étais pas une fille comme les autres, ça je le savais. J'avais en moi des pouvoirs assez puissants pour détruire le monde, selon ma mère du moins. Pourquoi ? La même question qui me hante depuis toujours. Je pouvais détruire tout sur mon passage, alors pourquoi cherchait-on à m'atteindre si j'étais sans aucun doute leur perte à eux tous? Je n'avais pas trouvé la réponse. Elle ne tarderait pas à tomber, j'en avais la certitude. Je ne permettrais jamais que l'on fasse du mal aux gens que j'avais entrainé dans ma fuite. Alexandre et Lyndsey avaient tout abandonné pour m'accompagner. Je ne voulais pas que leur sacrifice soit en vain. Accepter de rejoindre un clan quelconque reviendrait à révéler toute la vérité sur moi et je n'avais aucune garantis que je serais en sécurité après ça. C'est pour ça que je préférais nous priver des joies d'un humain normal. J'avais fait l'erreur une fois de minimiser les dangers que j'accourais et cela avait coûté la vie de la personne que je chérissais le plus au monde. Je ne ferai pas la même erreur encore une fois, quitte à devoir affronter la colère de mes compagnons de routes...