Chapitre 30 : Vanessa

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Le mois d'octobre a pointé le bout de son nez et la fin des cours aussi ! Néanmoins, que pour deux semaines... A sa plus grande surprise, Vanessa a atterri chez son père, dès le début des vacances de la Toussaint. Le comportement d'Alexi s'est considérablement amélioré : il est gentil, a miraculeusement cessé de critiquer Vanessa sur son poids et est devenu soudainement très nostalgique.

Son principal sujet de conversation tourne autour de l'enfance de Vanessa et d'Elias, qu'ils ont tous deux vécu en parallèle. Grâce à lui, la jeune fille s'est vue replongée dans une période qu'elle avait volontairement enfouie, au plus profond d'elle-même. Installé sous la véranda, Alexi partage avec ses enfants, un joli retour en arrière.

L'horrible nappe à fleur de la table basse est notamment dissimulée par énormément de photos. Alexi Diakos conservait un album pour chacune de ses familles : la première avec Matilde et Vanessa et la deuxième avec Nathalie et Elias. L'adolescente trouve cela un peu glauque mais ne laisse rien transparaitre, ne voulant pas gâcher les efforts que fournit son père.

- Regardez celle-ci ! piaille Alexi, en désignant une photo. C'était la première fois que vous vous rencontriez, tous les deux.

Elias attrape le cliché qu'il consulte un instant, avant de le tendre à sa demi-sœur. Encore blond à cette époque, Elias devait avoir neuf ans. Aujourd'hui, ses cheveux tirent sur le châtain comme Vanessa. Un grand sourire illuminait le visage du petit garçon, laissant apparaître de jolies fossettes qui elles, n'ont pas disparues depuis. Fou de joie à l'idée d'avoir une grande sœur cachée, Elias tenait fermement la main de Vanessa.

A contrario, la jeune fille arborait un air pincé, peu ravie de ne plus se savoir fille unique. Les yeux bleus de Vanessa étaient éteints alors que ceux d'Elias pétillaient allégrement. Depuis toujours, Elias s'adaptait à cette situation étrange, tandis que Vanessa avait l'impression de vivre un enfer.

- J'ai vraiment ramé pour que tu t'intéresses à moi, souligne Elias. Tu me fascinais avec tes jolies boucles et ta petite bouille.

- Vraiment ? s'étonne Vanessa, qui à l'époque, considérait Elias comme un véritable boulet.

- Oui. J'étais trop content d'avoir une sœur aussi belle. Dès que tu venais à la maison, je ne cessais de t'observer alors que de ton côté, tu ne me montrais aucun intérêt.

Vanessa repose la photo et s'exclame :

- D'apparence peut-être mais très souvent, je t'espionnais en train de jouer. Je mourrais d'envie de te rejoindre.

- C'est fou ce que les filles sont compliquées, renchérit Elias. J'ai eu raison d'insister sinon on ne se parlerait pas, encore à ce jour.

L'adolescente hoche la tête. Finalement, ce n'est pas désagréable d'avoir un demi-frère. On n'a pas à le supporter au quotidien et on ne passe avec lui que les bons moments ! Ce constat provoque en elle une vague d'émotion positive qui l'incite à prendre Elias, dans ses bras. Étonné en premier lieu, il finit par apprécier l'étreinte inédite de Vanessa. Touché, Alexi verse une larmichette.

- C'est si rare de vous voir si complices, dit-il.

- Il faut que tu te ressaisisses papa, rétorque Elias, un brin amusé. Depuis que maman est enceinte, tu es devenu radicalement sensible !

- Tu n'as pas tort. Cette grossesse inattendue me fait réfléchir... Je médite sur les erreurs que j'ai commises.

Nathalie surgit alors et pose fièrement sa main sur l'épaule de son compagnon. Cinq mois déjà qu'elle porte ce petit être, sans qu'elle ne montre le moindre signe de complications. Pourtant, sa grossesse est à risque : Nathalie est une femme de quarante-cinq ans. La menace d'une fausse couche ou de difficultés lors de l'accouchement plane, au-dessus de sa tête.

Quand les kilos s'en mêlent...Where stories live. Discover now