Cela fait trois jours que je n'ai pas retouché mon portable. Je ne regrette absolument pas de ne plus le regarder à chaque notification. C'était handicapant en quelque sorte d'être l'esclave de cet objet.
Personne ne peut donc me parler et c'est réellement génial. Je pourrais rester des semaines sans m'en servir, il ne m'apportait pas grand chose si ce n'est du stress en plus.
Dans la grande maison, il n'y a plus aucun bruit à part celui du vent qui souffle sur les volets que je garde fermés. Je n'ai pas pris la peine de les ouvrir ce matin, simplement parce que je n'en avais pas l'envie.
-Driiing! Sonne brutalement le combiné fixe, provoquant chez moi un sursaut d'étonnement.
Je replace une mèche brune et lisse le reste de mes cheveux du plat de la main, j'aurais dû les lisser.
Je me lève de mon bureau en essayant de ne pas m'emmêler les pieds dans les vêtements que j'ai accumulés à peu près partout dans ma chambre cette semaine.
Je souris en atteignant la porte: level one completed!
(Niveau 1 complété)
Le chat me regarde d'un oeil mauvais avant de s'allonger de tout son long sur une des marches de l'escalier.
Il devait guetter depuis un moment que je ne le regarde pas, avant qu'il fasse sa connerie.Tu voulais descendre sans te vautrer dans les marches? C'est raté: try again.
(Essaies encore)Mon pied glisse sur le poil du chat, qui gémit sous mon poids. Le mur du couloir me voit tomber comme une loque contre les marches. Un vol plané accadabrantesque (pardonnez-moi cette expression bizarre mais je n'avais que ça sous la main!).
J'en dévale quatre sur le cul avant de pouvoir m'arrêter à moitié sonnée.
Le chat passe tranquillement devant moi, comme si rien ne l'avait dérangé plus que ça.
-Tu ne peux pas dormir dans les marches! Je lui hurle dessus, même si j'ai le souffle coupé dû au choc de ma chute.
La bête poilue secoue fièrement sa queue sous mon nez. Tu voudrais pas que je t'étripe non plus?
La sonnerie du fixe s'arrête, et je me relève en massant les parties douloureuses de mon corps. J'arrive dans la cuisine bien déterminée à savoir qui est la cause de ma chute dans les escaliers.
Maman. Je rappelle.
Ma mère ne m'appelle que très rarement, elle est plus occupée durant ses voyages d'affaires à justement faire des affaires. Ma mère n'est pas la mère exemplaire, non. Elle a pris ce job sur un coup de tête.
Ma mère avait juste envie de changement, donc elle a laissé sa fille seule. D'abord elle me laissait seule avec une baby-sitter, mais depuis mes huit ans elle me laisse réellement seule.
-Allô? Dit ma mère.
-Maman, t'as appelé? Je la questionne.
-Oui, je voulais juste te prévenir que je rentre demain. Ta journée de cour s'est bien passée? Me demande t-elle.
-Je n'y suis pas allée. Je lui avoue car nous sommes lundi et je ne suis pas censée être chez moi à dix heures le matin.
-Pourquoi? Tu n'es pas malade j'espère? Elle s'inquiète.
-Non je ne suis pas malade maman. Je réponds simplement.
-Et donc je peux savoir ce qui t'empêche d'aller en cour? Elle commence à s'énerver au bout du fil.
-Je t'explique tout ça demain quand tu rentre! je déclare avant de raccrocher.
Demain je me ferais engeuler, mais en attendant je vais préparer mon sac pour faire acte de présence au lycée.
Rien au monde ne ferait plus mal à tout le monde que si je séchait les cours plus de deux heures. En effet c'est absurde, mais ma mère, si elle rentre dans la semaine me tuerais avant que d'autres ne le fassent.
J'évite donc une de ces soirées de famille où l'on nous engeule plusieurs heures de suite.
Malgré tout je ne suis pas masochiste.
Devrais-je le devenir?
Devant toutes ces personnes sadiques qui boivent de la joie en vous égorgeant par les sentiments cela serait ironique.La porte grogne et pousse un cliquetis tandis que je me faufile hors de la propriété. Je n'ai jamais autant détesté ma maison.
J'avais l'impression trompeuse d'y être en sécurité mais ce n'était que ce genre d'impression passagère qui vous atteint un instant, avant que vous vous rendiez compte que le mal est plus profond que vous ne le pensiez.Mes chaussures offrent des ampoules à tout va à mes pieds depuis plus d'un mois. Je déteste vraiment changer de chaussures et mes pieds me le font bien comprendre.
Le portail se referme automatiquement derrière moi et lâche un énorme bruit métallique faisant dresser les poils de quelques chats placés dans la rue.
Le chat des voisins est d'un désagréable sans compter. Il passe le plus clair de son temps à traîner dans les jardins du lotissement et rayer de ses griffes à peu près tout ce qu'il peut trouver à rayer.
La voiture de mon père en avait payé les frais. Il l'avait retrouvée avec les portières et le caoutchouc des roues striés par d'innombrables griffures. Moi qui n'avais jamais vu mon père s'énerver, j'avais pu découvrir chez lui ce côté caché. Il était apparu en chemise blanche, les mains pendues à ses cheveux bruns, à deux doigts de les arracher tellement la pression qu'il effectuait dessus était forte.
La fine veine de son front dansait le cha-cha-cha férocement tandis que la voix de mon père s'élevait dans tout le quartier.
Mon père était habituellement un homme calme, mais malheureusement trop peu présent pour sa famille. C'est aussi pour cette raison qu'il s'est retrouvé à fréquenter ma mère.
Ma mère était abonnée aux absents. Elle n'était jamais présente, à part bien sûr pour s'offrir le privilège de la présence de mon père.
Ils forment un couple peu commun. Elle est grande, lui doit faire une tête de moins que lui. Rien ne les dérange.
Il pourrait me tomber un bras qu'ils partiraient tout les deux bras dessus bras dessous, s'aimant de plus belle, comme si rien n'avait changé.
Mes parents sont d'éternels amoureux.
Amoureux de leur vie, de leur compagnon, amoureux simplement.
Au fond moi j'étais sûre que tout ne pouvait pas être si rose pour eux tout le temps. Il était certain qu'un pépin d'ennui se cachait dans la limonade de leurs vies.
Les grands arbres de la rue me lancent leurs armes de destruction massive abondamment dans les cheveux. Les feuilles rousses courraient dans les airs un peu comme des papillons.
Je relevais le zip de la fermeture éclair de ma veste, non pas à cause d'une fraîcheur soudaine mais à cause d'un gêne grandissant dans ma poitrine.
Mon sac s'incrustait dans mes épaules, blessant le peu d'ego qu'il me restait.
J'ai l'impression d'être faible, encore.
Maman oiseau ne vas pas tarder de rentrer au nid.
Verra t-elle un changement chez moi?
_____
Déso à tout ceux qui l'ont lu hier c'est vrai qu'il y avait plein d'incohérences de temps, de syntaxe, etc.
À tout les autres : j'espère qu'il vous à plu!
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(Je demande pas souvent! Au moins j'ai une excuse xD )

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Un instant..
Roman pour AdolescentsUn instant c'est pas très long, certes, mais quand ce moment bouleverse toutes vos croyances, vos manières d'évoluer ou même de vous construire, ça change tout. Emma Cabal croit de tout son être qu'un instant même court peut changer le destin d'u...